M. Park, Sous une tente Peule, 1799

Vers deux heures après midi, je fus réveillé par trois Foulahs qui, me prenant pour un Maure, me montrèrent le soleil et me dirent qu’il était temps de prier. Sans entrer en conversation avec eux, je sellai mon cheval et je partis. […]

Dirigeant ma route de ce côté-là, j’arrivai à une heure près d’un étang.

Tout semblait m’indiquer que ce lieu était habité par des Foulahs, et j’espérai y trouver une meilleure réception que dans la maison du douty de Schrilla. Je ne me trompais point. Un des pasteurs m’invita à entrer dans sa tente et à partager quelques dattes. Les tentes des Foulahs sont si basses qu’on peut à peine s’y tenir assis, et les gens de la famille et leur ameublement s’y trouvent pressés comme des marchandises qu’on met dans une caisse. Quand je me fus glissé sur mes mains et sur mes genoux dans l’humble habitation du pasteur, je vis qu’elle contenait une femme et trois enfants qui, avec mon hôte et moi, occupaient toute l’étendue de la tente. On présenta une gamelle de maïs bouilli et de dattes. Le chef de la famille en goûta le premier, suivant l’usage de ces contrées ; ensuite il m’engagea à suivre son exemple.

Tandis que je mangeais, les enfants tenaient leurs yeux fixés sur moi. Le pasteur prononça le mot Nazarani, et aussitôt ils se mirent à pleurer ; puis ils suivirent leur mère qui sortit de la tente en se couchant ventre à terre et sautant comme un lévrier. Ils étaient tous si effrayés au seul nom d’un chrétien qu’aucune sollicitation ne put les engager à se rapprocher de la tente.

J’achetai là un peu de maïs pour mon cheval, et je le payai avec quelques boutons de cuivre. Ayant ensuite remercié mon hôte, je me renfonçai dans les bois.