M. Park, Les Maures manigancent contre sa présence auprès du roi de Bambara, Mansong Kulibali, 1799

Le 23 juillet, un autre messager vint de la part de Mansong, portant un sac. Il me dit que l’intention du roi était que je partisse pour m’éloigner de Sego, mais que ce prince, voulant soulager un homme blanc dans le malheur, m’avait envoyé 5000 kauris [On a déjà fait mention de ces petites coquilles qui passent comme monnaie courante dans plusieurs parties des Indes orientales, ainsi que de l’Afrique. Dans le Bambara et les contrées adjacentes où les choses nécessaires à la vie sont à très bon marché, il n’en fallait pas ordinairement plus de 100 pour acheter des vivres pour moi pour un jour et du grain pour mon cheval. J’estimai 250 kauris comme équivalent à un shilling (1 franc 20 centimes).] pour me mettre en état d’acheter des vivres, afin de continuer ma route. Le messager ajouta que, si mon intention était réellement d’aller à Jenné, il avait ordre de m’accompagner en qualité de guide jusqu’à Sansanding. Je ne sus d’abord que penser de cette conduite du roi, mais d’après la conversation que j’eus ensuite avec le guide j’eus lieu de penser que Mansong m’aurait volontiers admis en sa présence à Sego, mais qu’il craignait de ne pouvoir me protéger contre la méchanceté et la haine des habitants maures. Sa conduite fut donc en même temps prudente et généreuse. Les circonstances qui accompagnèrent mon arrivée à Sego étaient sans contredit de nature à faire soupçonner au roi que je désirais de cacher le véritable objet de mon voyage.

Il raisonnait probablement comme mon guide qui, lorsque je lui dis que j’étais venu de bien loin, au travers de mille dangers, pour voir la rivière Joliba, demanda s’il n’y avait donc point de rivières dans mon pays et si une rivière ne ressemblait pas à une autre. Malgré ses doutes et la basse jalousie des Maures, ce prince généreux crut que c’était assez qu’un Blanc se trouvât dans son royaume réduit à la plus extrême misère pour qu’il eût droit à ses bontés, et il ne pensa pas qu’il fallût d’autre titre que le malheur même pour mériter sa bienveillance.