M. Park, L’auteur passe pour un fantôme, 1799

Au même instant deux Nègres à cheval, armés de carabines, sortirent des halliers et galopèrent vers moi. A cet aspect je m’arrêtai. Les Nègres en firent de même, car nous étions tous trois également surpris et embarrassés. Cependant je pris le parti de m’avancer doucement vers eux. Alors l’un d’eux, jetant sur moi un regard plein d’horreur, prit le galop et s’enfuit à toute bride. L’autre, tremblant de peur et marmottant des prières, mit sa main sur ses yeux et se laissa machinalement conduire par son cheval qui prit à petits pas le même chemin que le premier.

A environ un mille à l’ouest de l’endroit où j’étais, ces Nègres trouvèrent mes gens et leur parlèrent de ma rencontre comme de la plus terrible aventure qu’ils eussent jamais eue. La peur m’avait fait paraître à leurs yeux avec une robe flottante et comme un spectre horrible, et l’un d’eux assurait qu’au moment que je m’étais montré il avait senti un vent froid qui venait du ciel et qui lui avait fait le même effet que si on lui eût jeté de l’eau fraîche sur le visage.