Chronique de Siirt, 96-111 (v. 635-650), Muhammad, Heraclius, Isho'-Yahb II et Umar, l'église nestorienne sous l'Islam, v. 870 n-è

96. HISTOIRE DE RABBAN SABRIŠÔ, FONDATEURDU COUVENT DE BEYT QÔQĀ

 

A cette époque appartient Mar Sabr-Īšō‘, cet homme vertueux, disciple de saint Īšō‘ Barnōn gouverneur de Mossoul, que Ḫosrō, fils de Hormizd, mit à mort à cause de sa foi chrétienne. Il demeura en Adiabène avec un certain anachorète, dont il imita les oeuvres pendant 12 ans. Il entendit alors une voix céleste qui l’appelait, en lui disant :

« Sabr Īšō‘, montre-toi aux hommes ; car Dieu le Très-Haut t’a donné cette terre pour que tu la foules de tes pieds. »

Il obéit ; c’est alors que les hommes accouraient de toutes parts le voir ; et parmi eux vint Īšō‘ Yahb b. Bastōhmaġ, métropolitain de Mossoul, et le futur catholicos, pour recevoir sa bénédiction.

Cet homme vertueux bâtit des cellules pour des moines qui vinrent le trouver. Il fut très habite dans la lecture et le commentaire des livres ecclésiastiques. Il y avait, près de la grotte qu’il habitait, un [ancien] monastère ; c’est là qu’il fit son couvent. Il agit selon les conseils de Mar Abraham qui disait :

« Si tu t’occupes des intérêts de Dieu, tu seras dégagé detout ce qui te préoccupe; si au contraire tu t’occupes de tes propres intérêts, tu seras accablé de fatigues, et tu t’abaisseras même de deux façons : en ne travaillant pas à ta perfection, et en ne remettant point toutes choses entre les mains de Celui qui les dirige. »

Par une grâce divine, il pourvoyait aux nécessités absorbantes et matérielles de son couvent, sans que l’on vît dans sa cellule autre chose qu’une cruche d’eau, et une écuelle de feuilles de

palmier enduite de poix, pour y mettre du vinaigre.

 

Quand les Arabes se répandirent dans les pays, envahissant les bourgades, ils approchèrent de son couvent; le Saint réunit ses enfants dans une église voisine de son couvent, et il resta avec eux ; il enjoignit alors aux habitants du village, qui accouraient autour de lui dans l’église, de ne pas se soumettre aux Arabes. La place fut assiégée, et ceux qui étaient dans l’église ne purent sortir pour chercher de l’eau ; et il n’y avait pas là de puits. Le Saint bénit une cruche d’eau qui se trouvait là, et il en abreuva tous les assiégés qui étaient avec lui, pendant le séjour les Arabes

dans ce lieu. Ceux-ci s’acharnèrent à vouloir pénétrer dans l’église, qui pourtant n’avait que de faibles murailles, sans y réussir. Ils s’étonnèrent alors que cela leur fût impossible, à eux qui avaient su venir à bout des places les plus inabordables et des villes que leurs remparts rendaient inaccessibles. Un de leurs chefs leur conseilla d’abandonner la place :

« Il doit s’y trouver, leur dit-il, un moine vertueux, qui nous empêche d’y entrer ; car chaque fois que nous lançons une flèche, je vois quelque chose comme un trait de feu en sortir, repousser la flèche et la faire reculer. »

Ayant entendu ces paroles, ils quittèrent l’église.

Puis saint Sabr Īšō‘ mourut le premier dimanche du carême. Que ses prières soient avec, nous.

 

97. HISTOIRE DE MAR ‘ABDĀ B. ḤAnīF

 

Ce fut à cette époque que ce Saint fut élu ; il était originaire de Ḥīra ; il n’était pas moine ; il n’avait même jamais songé à l’être ; mais Dieu le choisit comme David fils d’Isaïe, Jérémie et Evagrius. L’ange de Dieu lui apparut trois fois et lui ordonna de se faire moine ; il servit alors

Mar `Abda, le fondateur du couvent de Gamré.

Il avait conçu un doute sur sa vision ; mais l’ange tira l’épée pour le frapper. C’est alors qu’il partit pour se rendre auprès du père Mar ‘Abda.

Accablé de fatigue, il s’endormit en chemin, dans le voisinage d’une forêt. Mar `Abda le rencontra alors, et aperçut un lion veillant à ses pieds, et écartant de lui les moustiques. Il fut émerveillé de ce spectacle ; il le réveilla et le conduisit auprès de saint Babay ; ce Saint changea son nom ainsi que lui avait ordonné l’ange qui lui avait révélé son avenir. Il ne cessa de servir

Mar Babaï et Mar’Abda jusqu’à leur mort.

 

Puis Abraham de Ḥīra, Mar Jean, Grégoire, Gabriel, Marc et Khūḏāhwī, ayant entendu parler de lui, allèrent le voir et habitèrent avec lui; il fut pour eux comme Moïse fut pour Aaron. Ils se nourrissaient tous dans ce désert de moelle de palmier et de noyaux de dattes. Il apprit, par une révélation, la construction du couvent de Beyt Ḥalē, il vit l’ange tracer l’emplacement du temple; il en fit part aux frères et exhorta Rabban Khūḏāhwī à bâtir le couvent, en lui révélant que c’était à lui qu’il était réservé de le fonder.

Il avait l’habitude de parcourir sans cesse le désert où il habitait. Une fois qu’il traversait le pays, il arriva près de la terre de PḤīram, appelée maintenant ‘Ayn an-Namir ; il trouva deux moines : l’un s’appelait Qam-Īšō‘, et l’autre Basile, avec un homme qui les servait ; il resta chez eux trois ans. L’ange lui apparut alors, et lui montra une place propice à la construction d’un couvent. Il se mit à bâtir et nomma ce couvent : couvent de Gamrē, parce qu’il était près d’un fleuve appelé Gamré. Il fut aidé dans son projet par fais de Mar Abraham vint du couvent de 111 farré et l’aida dans la /construction du couvent jusqu’à son achèvement. Mar `Abda s’y établit ; et les

moines vinrent de toutes parts se grouper autour de lui. Voyant leur nombre considérable, il s’éloigna et se retira dans une grotte, où il vécut longtemps dans la solitude.

Puis il commença à appeler les habitants de ‘Ayn an-Namir au culte du Dieu grand et puissant, et à la religion chrétienne. Ils tiraient leur origine des captifs que les Perses avaient emmenés du Khorasan. ils adoraient les palmiers, les arbres, les idoles, et quelques figures ayant la forme d’hommes.

Leur plus grande idole était une chose qu’on appelait Nahrdan, qui étaitservie par des prêtres dont le chef s’appelait Marzōq. ils n’écoutèrent pasles exhortations du Saint. Il n’y en avait pas un parmi eux qui pût supporter que l’on prononçât le nom de Dieu Très-Haut devant lui, et personnen’osait prononcer le nom de Dieu en leur présence. Lorsque Dieu, danssa bonté et sa miséricorde, voulut les sauver et les tirer de leur égarement,il advint que le fils de la soeur de leur chef tomba malade, et allait mourir,frappé par un esprit impur. Son oncle, le chef, le porta à Mar `Abda ; caril avait déjà eu connaissance de ses oeuvres. Le Saint pria sur lui, l’oignitavec l’huile de bénédiction. Le démon qui le tourmentait sortit de lui. Dieuouvrit à Marzōq les yeux de l’esprit, comme à Cornélius ; il se fit baptiseravec toute sa famille. Et l’on vit les démons s’envoler au-dessus d’eux commedes corbeaux.

Puis les habitants de la région furent atteints de l’enflure du corps ; ilsvinrent. lui exposer leurs malheurs. Il leur fit boire du Henné ; il fit surla fontaine le signe de la croix, et leur ordonna d’y boire : ils furent tousguéris. Il pria encore Dieu pour eux ; alors les arbres qu’ils adoraient moururent; on vit les démons en sortir et s’envoler dans les airs, et l’on entendit leurs imprécations contre le Saint. Il baptisa ensuite tous les habitants.

Le chef construisit des églises, brisa les idoles et détruisit leurs temples.

 

‘Ubayd Allah b. Zid, émir du `Iraq, fut atteint d’un mal au pied quil’empêchait déposer ce pied à terre. Il envoya quelqu’un auprès du Saintpour demander sa prière; celui-ci lui fit remettre son bâton par le messager,en disant :

« Quand il s’apuiera sur ce bâton, il sera guéri. »

Il en fut comme le Saint l’avait annoncé, et l’émir guérit aussitôt.

 

On raconte de lui cette jolie anecdote : il avait remis à Raban Ḫūḏāhwī deux noyaux, de ceux dont les anachorètes se nourrissaient dans le désert. Aussitôt qu’on les eut mis dans la bouche d’un enfant agonisant, il fut guéri.

Ce Saint vécut jusqu’aux derniers jours de Mu‘āwiya. Il mourut danssa grotte sans être frappé d’une maladie particulière. Les moines le transportèrentau couvent et l’inhumèrent dans le lieu où ils récitaient les compliesdans la saison d’été ; il était âgé de près de 100 ans.

‘Ubayd Allah b. Zid, ayant appris sa mort, visita son tombeau pourremercier Dieu qui lui avait rendu ses pieds par la prière du Saint; et il fitaux moines de grandes largesses. Que ses prières soient avec nous. Amen.

 

98. HISTOIRE DE RABBAN ḪŪḎĀHWĪ FONDATEURDU COUVENT DE BEYT ḤĀLÊ

 

Ce Saint appartient à cette époque ; il était originaire de Maysān ; il fit ses études dans l’école de son pays. Il apprit la médecine sous la direction de son oncle. Le gouverneur de la ville voulut l’inscrire parmi ceux quidevaient payer la capitation ; mais l’ange l’apostropha pendant la nuit au nomde Mar Babay, de Mar `Abda et de Mar Jean qui habitaient le désert deBeytḤālē, et lui dit :

« N’attaque pas Ḫūḏāhwī b.ā’y, car nousl’avons rapproché de Dieu. »

 

Le matin à son réveil, il raconta à ses frères ce qu’il avait vu, et il cessa d’inquiéter Ḫūḏāhwī.

Puis Ḫūḏāhwī se rendit auprès de Rabban Sabōr, fondateur du couvent de Šūštar qui le reçut et le fit moine dans son couvent ; il vécut en solitaire dans une cellule, s’abstenant de tous les plaisirs.

Après la mort de Rabban Sabōr, Ḫūḏāhwī vit en songe Mar Babay et ses compagnons, qui lui disaient :

« Si tu veux être moine, va au désert de klira, et demeures-y. »

Il s’y rendit aussitôt accompagné de Aba Yazdād, son compatriote. Chemin faisant, ils entrèrent dans un couvent connu sous le nom de Loudj, où demeurait Rabban Bar Sahdé l’ermite lls le saluèrent.

Une révélation lui découvrit pendant la nuit la future condition des deux voyageurs. Il prit de l’huile et la versa sur la tête de Rabban Ḫūḏāhwī en lui disant :

« Dieu t’a établi chef de tes frères ; c’est pourquoi Dieu ton Dieu t’a oint d’une huile de joie par-dessus tes semblables. »

Puis il l’emmena au désert de Warré où habitaient Mar ‘Abda b. Ḥanīf, Abraham de Ḥīra, qui devint ensuite supérieur du couvent de Gamré, Grégoire, Gabriel et Marc. Ḫūḏāhwī et son compagnon habitèrent avec eux, se nourrissant comme eux de plantes et de racines sauvages et quel. quefois de pain sec quand ils avaient pu en avoir. Ils construisirent un temple dans ce désert et y consacrèrent un autel, et ce lieu fut appelé couvent de M’arré. Ils y transportèrent les restes de Mar `Abda l’Ancien, de l’endroit où ils étaient inhumés; et sur le conseil de Sabr-Īšō‘ et de Mar `Abda ils choisirent Rabban Ḫūḏāhwī pour leur chef.

Les jours des dimanches et des fêtes, tous ces Saints venaient au couvent et suivaient les règles que Rabban Ḫūḏāhwī avait établies. Bientôt après les moines vinrent de toutes parts se grouper autour de lui: Sa vie durant il ne monta jamais à cheval ou sur une bête de somme, et depuis

qu’il se fit moine ses mains ne touchèrent jamais à l’or ni à l’argent. Son corps, par l’effet de la chaleur et du froid, ressemblait à du bois brûlé.

Déjà des voix s’étaient fait entendre à Mar ‘Abda, lors de sa pérégrination dans le désert de Beith Halé ; il entendait des hommes réciter l’office toute la nuit ; il avait dit aux frères :

« Il y aura dans cet endroit une congrégation de moines. »

Quelq ue temps après, il avait dit à Rabban Ḫūḏāhwī :

« Je t’ai vu en songe avec Mar Babay et une foule de moines ; et vous me disiez : ‘Nous irons à Beyt Ḥālē et nous y bâtirons un couvent.’ Commencez à bâtir, vous disais-je, Dieu vous aidera. Je vis ensuite l’ange du Seigneur mesurer sur le sol l’emplacement d’un temple. »

Il ne cessait de l’exhorter à bâtir un monastère et lui disait :

« Cet endroit est réservé pour y bâtir un couvent où Dieu sera glorifié. »

Mar ‘Abda avait eu un autre songe : Simon-Pierre, Siméon Bar Sabbaté et Siméon le Stylite disaient à Rabban Ḫūḏāhwī :

« Commence à bâtir, nous t’aiderons. »

Rabban Ḫūḏāhwī fut informé de cette vision ; et quand Sabr-Īšō‘, évêque de Ḥīra et les notables de ce pays eurent connaissance de tout cela, ils l’aidèrent de leurs deniers, et construisirent le couvent, que l’évêque consacra. Quelque temps après, le catholicos Georges vint visiter le couvent, et en rajeunit la construction. Les moines s’y réunirent nombreux, comme au désert de l’Égypte.

 

Puis Rabban Ḫūḏāhwī entendit un jour une voix céleste qui lui dit comme elle avait déjà dit au Père Arsène, de quitter le couvent et d’aller habiter le désert. Il obéit et demeura dans un endroit qui était à 7 parasanges  du couvent. De temps en temps les moines allaient le visiter pour recevoir sa bénédiction. Un jour, on apporta de plusieurs pays des malades au couvent. Le Saint le sut aussitôt; il retourna au couvent et ordonna de les amener. Il donna alors du Henné à son disciple Mar Babay en le priant de leur en faire boire. Quand ils en eurent lui Rabban Ḫūḏāhwī

dit à son disciple :

« Dieu a accordé la guérison à la plupart de ces malades, et ils ne reviendront plus ici. Mais il en reste quelques-uns qui n’ont pas été guéris ; car j’ai vu comme une main légère se mouvoir au-dessus de ceux qui obtenaient la guérison. »

Dans cette circonstance, il rappelle l’histoire d’Antoine, qui connut l’arrivée des voyageurs qui souffraient de la soif sur le chemin.

Quelque temps après, Rabban Ḫūḏāhwī, les yeux pleins de larmes, annonça à Sergius évêque de Ḥīra que des calamités devaient fondre sur l’Église; et il lui conseilla d’ordonner des prêtres des diacres. Cette prédictions’accomplit par la persécution d’Al-Ḥajjaj. Que Dieu lui donne sarétribution.

 

Depuis la construction du couvent il s’abstint pendant 7 années de prendre des aliments cuits.

On raconte que saint Mar Babay avait connu par une révélation l’histoire future de Rabban Ḫūḏāhwī et tout ce qu’il devait faire, avant même que celui-ci ne vint au monde et 70 ans avant la construction de son couvent ; et il avait révélé tout cela à ses frères.

Rabban Ḫūḏāhwī vécut jusqu’aux jours de Muāwiya. Il baptisa une de ses filles, qui avait le bras desséché ; au bout de 2 jours, Dieu la guérit par les prières du Saint. Aux approches de sa mort, ses enfants lui dirent :

« Qu’adviendra-t-il de nous après toi ? Le couvent n’a rien.

-Si vous avez la foi, leur répondit-il, et si vous ne doutez point, vous ne manquerez jamais de pain, vous en aurez même plus après ma mort que vous n’en avez eu durant ma vie, et cependant vous serez plus nombreux.

Les choses se passèrent comme il l’avait dit. Il mourut à l’âge de 92 ans et fut enseveli dans son couvent. Que ses prières soient avec nous, Amen.

 

On raconte que Īšō‘ Yahb’ alla voir Rabban Ḫūḏāhwī, accompagné de ses deux disciples. A son approche du couvent, Rabban Ḫūḏāhwī dit auxmoines d’aller à la rencontre de leurs visiteurs. Et, sans faire connaître aux moines que c’était le Catholicos qui venait au couvent, il leur dit :

« Baisez la main de celui des trois cavaliers qui sera entre les deux autres. »

Les moines obéirent. Mais le Catholicos refusa cet honneur ; il voulait demeurer inconnu, et faisait marcher ses deux compagnons devant lui. Ceux-ci à leur tour parlèrent de même. Le Catholicos et Ḫūḏāhwī se rencontrèrent dans le couvent ; le Catholicos remarqua la bonne tenue des moines et leur grand nombre. Le dimanche suivant, il célébra la messe et donna la communion à la foule. Il se présenta un moine qui avait les mains toutes déchirées et toutes noires ; le Catholicos dit à Rabban :

« Tu as réuni toutes sortes de gens, tu aurais mieux fait de te borner. »

Vers la fin de la journée, Rabban dit au Catholicos :

« Notre Père, nous allons faire le tour des cellules, et examiner ceux qui s’y trouvent. Je renverrai tous ceux qui méritent d’être chassés. »

Le Catholicos se leva; et il arriva bientôt à la cellule du moine qui avait les mains déchirées; il regarda par les fentes de la porte, et l’aperçut tenant d’une main une écuelle en feuilles de palmier, et, plongeant l’autre dans une chaudière pleine de poix, en prendre et en enduire l’écuelle. Son travail dans sa cellule était d’enduire les écuelles de poix. Ḫūḏāhwī dit alors au Catholicos :

« Ordonnerais-tu que je renvoie de telles gens ? »

Le Catholicos pleura et regretta, ce qu’il avait dit.

 

99. HISTOIRE DE HABRAN HORMIZD

 

A cette époque parut ce Saint ; il était Persan ; il se fit moine dans le couvent de Beyt ‘Abē où il resta 20 ans ; puis il le quitta pour aller avec Rabban Yozadaq habiter une grotte dans la montagne de Beith Nouhadra près d’un village appelé Alqô, se nourrissant d’herbes et de racines sauvages. Des chasseurs, qui le découvrirent, répandirent sa renommée parmi les hommes; les foules vinrent le trouver. Il guérissait les malades en un seul jour, il baptisa à Ninive 700 personnes. Il composa un livre contenant des préceptes obligatoires pour les chrétiens, il y ordonna de prier sur les enfants qui seraient morts avant d’être baptisés, il condamna ceux qui répudiaient ce précepte et appuya son opinion sur des preuves. Il défendit à tous, et  aux femmes en couches, de porter des talismans en fer et d’autres choses semblables ; il défendit aussi de suspendre comme ornement au front des enfants des croix et d’autres choses semblables, comme du Henné et des grains de verre ; et beaucoup d’autres choses pareilles.

Il construisit un couvent dans un endroit difficile de la montagne (40 km Nord de Mossoul) ; des moines, de tous les points de la montagne, vinrent se grouper autour de lui. Il guérit plusieurs personnes mordues par des chiens enragés. Īšō‘ Yahb, métropolitain de Mossoul, ayant appris son histoire, l’ordonna prétre. Il ne cessa de baptiser les foules. Une fois, un des docteurs de l’Église, l’ayant vu baptiser les enfants des hérétiques, le désapprouva :

« Il ne faut pas, lui dit-il, baptiser celui qui a été déjà baptisé : mais nous devons faire sur lui seulement le signe de la croix, comme l’ordonnent les canons. »

Rabban Hormizd s’y opposa ; et la discussion continua. Enfin, Rabban Hormizd lui dit :

« Je te ferai voir de tes propres yeux la fausseté de ce que tu dis et la raison de ce que je fais. » Puis il bénit l’eau, et fit approcher deux enfants, dont l’un orthodoxe et l’autre hérétique. Quand

il approcha l’orthodoxe pour le baptiser, l’eau se perdit. Mais il approcha l’autre, l’eau retourna aussitôt à sa place et il le baptisa. Le docteur fut saisi d’admiration.

La vie de Rabban Hormizd se prolongea beaucoup. A sa mort, il fut enseveli dans son couvent. Que ses prières nous aident toujours.

 

100. HISTOIRE DE RABBAN THÉODORE

 

A cette époque encore appartient ce Saint ; il était originaire de Cakar, où il fut quelque temps interprète. Puis, il fonda une école en dehors de la ville ; les écoliers se réunirent auprès de lui. Il bâtit aussi un beau couvent et ne cessa de diriger lui-même l’école. Lorsque le nombre de ses disciples se fut beaucoup accru, et que la vieillesse l’atteignit, il en abandonna la direction à plusieurs de ses élèves, et alla vivre dans la solitude. Il se tenait toujours debout sur ses pieds et ne se nourrissait que d’herbes sauvages.

 

Une année, la pluie cessa de tomber à Cašcar ; il pria, et implora Dieu et aussitôt la pluie tomba.

Aux jours de ‘Umar ben el-Khattâb, on imposa une capitation aux prêtres et aux diacres de son pays ; par compassion pour eux, il alla solliciter le gouverneur du pays en leur faveur. Dès son abord, le gouverneur éprouva pour lui de la sympathie ; il fut frappé de voir ses jambes enflées par sa station continuelle sur ses pieds ; il accueillit sa demande, et ordonna l’exemption des prêtres de la capitation ; il leur rédigea même un écrit à ce sujet.

 

Théodore avait rencontré Rabban Ḥaya, disciple de Mar Abraham, qui fonda un couvent à Cakar et dont il a été parlé ci-dessus ‘, et son disciple Rabban Makkikha, moine du couvent de Sou’eer ; ce fut celui-ci qui lui enseigna la vie ascétique. A sa mort, Théodore fut inhumé dans son école.

A cette époque, les habitants de Nisibe se révoltèrent contre leur métropolitain Cyriaque, l’accusant de confesser la foi des melchites ; et ils demandèrent à Išô‘ Yahb le catholicos de le déposer. Mais le métropolitain se montra traitable, et améliora sa situation vis-à-vis de ses fidèles, s’engageant à renoncer à ce qu’ils lui avaient reproché. Mais l’origine de leur animosité

contre lui était dans son excessif amour de l’argent et du monde, et son goût déréglé à amasser des richesses.

 

101. APPARITION DE L’ISLAM, QUE DIEU L’AFFERMISSEET LE FASSE TRIOMPHER

 

La loi d’Islam apparut au temps d’Išô‘ Yahb, en la 935e année d’Alexandre (624), la 31° du roi Parwez, fils de Hormizd (620), et la 12° d’Héraclius (622), roi des Romains. Muḥammad b. ‘Abd Allah b. ‘Abd al-Muṭṭalib b. Hâšim, — que la paix soit sur lui, — apparut dans la terre de Tihâma et appela les Arabes au culte de Dieu le Très-Haut.

Les habitants du Yémen lui obéirent ; ceux de Makka le combattirent ; il prit alors pour demeure Yathrib, la ville de Qetura servante d’Abraham, et l’appela « la Cité ». Les Arabes, d’après ce qu’on dit, sont les descendants d’un enfant d’Abraham, que Hajar aurait enfanté après Ismaël et qui s’appelait Lazar. Le Roi des Romains, qui entendit parler de Muḥammad, se fiant à ses astrologues, ne fit aucun cas de lui. Muḥammad b. ‘Abd Allah fut fort et puissant.

En la 18° année d’Héraclius (628),roi des Romains, année en laquelle régna Ardaširfils de Siroy, filsde Ḫosrō Parwez, les Arabes commencèrent leurs conquêtes, et l’Islamdevint puissant. Dès lors Muḥammad n’alla plus en personne à la guerre ; mais il y envoya ses partisans. Les habitants de Najran conduits par le Sayyid Ghassâni le chrétien, allèrent le trouver, lui apportant leurs présents et leurs hommages ; ils s’engagèrent à le seconder, à lui prêter main-forte et à combetre sous ses bannières s’il l’ordonnait ainsi. Il accepta leurs présents et leur écrivit un pacte et un édit. ‘Umar b. Al-Khattâb en fit un autre durant son califat.

 

102. COPIE DU PACTE ET DE L’ÉDIT ÉCRITS PAR MUḤAMMAD B.ABD ALLAH

(QUE LA PAIX SOIT SUR LUI), AUX HABITANTS DE NAJRAN ET A TOUS CEUXQUI PROFESSENT LA RELIGION CHRÉTIENNE SUR LA SURFACE DE LA TERRE

 

Cette copie a été faite sur un registre qui fut retrouvé en 265 (878) à Birmanttia chez Habib le moine. Selon le témoignage de celui-ci, la copie venait de la bibliothèque de philosophie, dont il avait été conservateur avant de devenir moine ; le pacte était écrit sur une peau de boeuf qui avait jauni, et portait le sceau de Muḥammad, que la paix soit sur lui.

En voici la copie :

 

« Au nom de Dieu clément et miséricordieux.

Charte de protection donnée par Dieu et son Apôtre à ceux qui ont reçule Livre, aux chrétiens qui appartiennent à la religion de Najran ou àtoute autre secte chrétienne. Il leur a été écrit par Muḥammad, envoyé deDieu près de tous les hommes, en gage de protection de la part de Dieu etde son Apôtre, et afin qu’il soit pour les musulmans qui viendront après lui unpacte qui les engagera, qu’ils devront admettre, reconnaître pour authentiqueet observer en leur faveur. Il est défendu à. tout homme, fût-il gouverneur,ou détenteur d’autorité, de l’enfreindre ou de le modifier. Les Croyants nedevront pas être à la charge des chrétiens, en leur imposant d’autres conditions que celles qui sont portées dans cet écrit. Celui qui le conservera, quile respectera, qui se conformera à ce qui y est renfermé, s’acquittera de sesdevoirs et observera le pacte de l’Apôtre de Dieu. Celui qui, au contraire, leviolera, qui s’y opposera, qui le changera, portera son crime sur sa tête; car ilaura trahi le pacte de Dieu, violé sa foi, résisté à son autoritéet contrevenuà la volonté de son Apôtre : il sera donc imposteur aux yeux de Dieu. Carla religion que Dieu a imposée, et le pacte qu’il a fait, rendent la protectionobligatoire. Celui qui n’observera pas ce pacte, violera ses devoirs sacrés,et celui qui viole ses devoirs sacrés n’a pas de fidélité et sera reniépar Dieuet par tous les Croyants sincères. La raison pour laquelle les chrétiens ontmérité d’obtenir ce pacte de protection de Dieu, de son Envoyé et desCroyants, est un droit qu’ils se sont acquis, et qui engage quiconque estmusulman, d’obtenir cette charte établie en leur faveur par les hommes decette Religion, et qui force tout musulman à y avoir égard, à lui prêtermain-forte, à la conserver, à la garder perpétuellement et à la respecter fidè-

lement; en effet les peuples qui adhéraient aux vieilles sectes et aux anciens Livres se montrèrent les adversaires de Dieu et de son Apôtre et lesprirent en haine en niant la mission du Prophète, que Dieu a tout haut etnettement proclamée dans son Livre ; ce qui décèle la fourberie de leurpoitrine, la malignité de leurs intentions et la dureté de leurs coeurs, ayanteux-mêmes préparé le fardeau de leur crime qu’ils portent, alors qu’ils ontcaché celui que Dieu voulait leur imposer, à savoir de proclamer et de nepas cacher, de confesser et de ne pas nier.

Ces peuples agirent selon le contraire du devoir qui s’imposait à eux,ne l’observèrent pas comme il eût fallu, ne suivirent pas les chemins nettement tracés, et se mirent d’accord pour montrer leur hostilité contre Dieu etson Envoyé, pour les attaquer, et pour persuader aux gens, par l’impostureet les faux arguments, que Dieu ne pouvait pas l’avoir envoyé aux hommespour annoncer, pour prêcher, pour appeler à Dieu par sa permission, pourêtre une lampe brillante, pour promettre le paradis à ceux qui lui obéissent,et pour menacer du feu ceux qui lui désobéissent. Ils allèrent plus loin dansle crime de l’opposition, en excitant les autres à ce qu’ils n’auraient pas osécommettre eux-mêmes, à nier sa révélation, à repousser sa mission, et àchercher par ruse à le raire tomber dans des embûches. Ils visèrent alors leProphète de Dieu et décidèrent de le tuer ; ils renforcèrent le parti despolythéistes de la tribu de Qurayš et d’autres encore, pour le combattre,discuter sa doctrine, la repousser et la contredire. Pour cette raison, ilsméritèrent d’être privés de l’alliance de Dieu et de sa protection ; et leurconduite, aux jours de Hunayn, des combats des Bani Qaynuqa, de la tribude Qurayda et du Nadhar, fut celle que l’on sait, quand leurs chefs prêtèrentdu renfort aux habitants de Makka ennemis de Dieu, contre l’Envoyé deDieu, et les appuyèrent, par des renforts de troupes et d’armes, contre leProphète, par haine des Croyants.

Tandis que les Chrétiens refusèrent de faire la guerre à Dieu et à sonApôtre. Aussi Dieu a-t-il déclaré que leur dévouement pour les gens de cette vocation et leur affection pour l’Islam étaient sincères. Entre autreséloges que Dieu leur décerna dans son Livre et dans ses révélations, aprèsavoir convaincu les Juifs de dureté de coeur, Il reconnaît aux chrétiens leurinclination et leur affection pour les Croyants :

« Tu trouveras, ditil, queceux qui ont la plus profonde inimitié pour les croyants, ce sont les Juifset les polythéistes, et tu trouveras que ceux qui aiment le plus les Croyants sont ceux qui ont dit :Nous sommes chrétiens; et cela parce qu’il y a  parmi eux des prêtres et des moines, et qu’ils ne s’enorgueillissent point.Chaque fois qu’ils entendent parler de la révélation d’une vérité faite àl’Apôtre, on voit leurs yeux verser dés larmes, et ils disent : 0 Notre Seigneur ! Nous croyons ; inscris-nous parmi les témoins oculaires ; etpourquoi ne croirions-nous pas en Dieu et à la vérité, qui nous est révélée,et n’ambitionnerions-nous pas d’être comptés au nombre des justes?’ » (Q, V-85-87)

C’est qu’en effet quelques chrétiens, dignes de confiance et qui connaissent la religion divine, nous ont aidé à proclamer cette religion et ont prêté secours à Dieu et à son Apôtre, pour prêcher aux hommes selon sa volonté et pour l’accomplissement de sa mission.

Sont venus me voir : le Sayyid, ‘Abd Ishô’, Ibn Hijra, Abraham le moine,et Isa l’évêque, accompagnés de 40 cavaliers de Najran et d’autres gens qui professent comme eux la religion chrétienne dans les régions d’Arabie et dans les régions étrangères. Je leur fis connaître ma mission. Etje les appelai à aider à la renforcer, à la proclamer, et à lui prêter secours.

Et comme la cause de Dieu leur parut évidente, ils ne retournèrent point surleurs pas, ils ne tournèrent pas le dos, mais ils s’approchèrent, demeurèrent,consentirent, prêtèrent secours, confirmèrent, firent de généreuses promesses,donnèrent de bons conseils et m’assurèrent par des serments et des pactesqu’ils appuieraient la vérité que j’apportais et qu’ ils repousseraient sesnégateurs et ses contradicteurs.

De retour auprès de leurs coreligionnaires, ils ne rompirent pas leurpacte et ne changèrent pas leur opinion, mais ils observèrent ce qu’ilsm’avaient promis en me quittant, et j’ai appris, ce qui me causa de la joie,qu’ils prouvèrent leur dévouement, et s’unirent pour faire la guerre aux Juifs,et qu’ils s’entendirent avec les hommes de la Vocation pour publier la causede Dieu, pour la soutenir, et défendre ses apôtres ; qu’ils renversèrent lespreuves sur lesquelles les Juifs s’étaient appuyés pour me démentir et mettreobstacle à ma mission et à ma parole.

Les chrétiens entreprirent donc de seconder mon action et firent laguerre à ceux qui haïrent ma doctrine, voulurent la démentir, l’altérer,la repousser, la changer et la renverser. Tous les chefs des Arabes, tous lesnotables des Musulmans et tous les gens de la Vocation dans les régions dela terre m’ont envoyé des lettres pour me dire le dévouement des chrétiensà l’égard de ma cause, et leur vigueur à repousser les incursions dans lespays frontières qu’ils habitaient ; leur constance à observer le pacte qu’ilsavaient contracté lors de leur entrevue avec moi et que j’avais agréé : car lesévêques et les moines montraient une inébranlable fidélité dans leur attachement à ma cause, le dévouement de leurs personnes, pour confirmer lapublication de ma mission et appuyer ma doctrine.

Je veux que ma mission soit publiée ; je leur demande de s’unir, danscebut, contre ceux qui nieraient ou repousseraient quelques points de madoctrine, qui voudraient la détruire et la iruiner; de blâmer ces hommeset de les abaisser. Ils ont agi comme j’ai dit, et les ont abaissés; ils ontfait tant d’efforts qu’ils les ont amenés à confesser la vérité avec soumission,à répondre à l’invitation de Dieu, degré ou de force, et à se laisser conduire comme des vaincus ; et les chrétiens agirent ainsipar observance des contrats établis entre moi et eux, pour ne pas manquer aux engagements qu’ils avaient contractés lorsde leur entrevue avecmoi, et par esprit de zèle pour soutenir ma cause et faire triompher mamission.

C’est par un effet de leur fidèle dévouement qu’ils firent la guerre auxJuifs, aux Qurayshites et aux autres polythéistes ; ils se montrèrent éloignésde cette poursuite des biens terrestres que les Juifs recherchent et désirenten prêtant à usure, et recherchant l’argent, et en vendant pour un faiblelucre la loi de Dieu. Malheur à ces hommes, dont les mains travaillentpour un pareil lucre ! Malheur à eux, qui amassent ainsi ! Aussi les Juifs etles polythéistes de Quraysh. et des autres peuples ont-ils mérité d’êtretraitésen ennemis de Dieu et de son Envoyé ; à cause de leurs projets tortueux,de l’inimitié où ils se complurent, et de la guerre ininterrompuequ’ils me firent comme renforts de mes ennemis; ils devinrent ainsilesennemis de Dieu, de son Envoyé, et des justes croyants.

Mais les chrétiens eurent une conduite toute contraire; ils eurent del’égard pour mon alliance, ils reconnurent mes droits. accomplirent les promesses faites lors de notre entrevue, prêtèrent secours à ceux de mes lieutenantsque j’avais envoyés aux frontières ; ils méritèrent ainsi ma sollicitude, monaffection, par l’accomplissement des obligations que j’ai contractées enverseux spontanément au nom de tous les musulmans répandus en Orient et enOccident, et ma protection ma vie durant ; et après mon trépas, quand Dieum’etura fait mourir, tant que croîtra l’Islam, que fleurira la mission véridiqueet la foi, ce pacte sera obligatoire pour tous les Croyants et musulmans, aussilongtemps que la mer mouillera la coupe qu’elle remplit, tant que le cielversera une goutte d’eau, que la terre produira des plantes, que les étoilesbrilleront au firmament, que l’aurore apparaîtra au voyageur, sans qu’il soitpermis à personne de rompre ce pacte, de l’altérer, d’y faire des additionset des suppressions, car les additions portent atteinte à mon pacte, et lessuppressions détruisent mes engagements. Ce pacte, que j’ai bien vouluaccorder moi-même, m’engage ; quiconque de ma nation, après moi, romprale pacte de Dieu (qu’Il soit exalté), la preuve de Dieu se dressera contre lui,et Dieu suffit pour témoin.

Ce qui m’a engagé à agir ainsi, c’est que trois des gens du Sayyid Ghassani demandèrent pour tous les chrétiens un écrit: qui leur servît desauf-conduit, un traité qui recounût leur fidélité A leurs promesses en faveurdes musulmans, et au pacte que j’avais volontairement contracté avec eux.Or, j’ai voulu que ces bons procédés de l’alliance fussent ratifiés aux yeuxde quiconque suit ma voie, et que moi et tous ceux de ma vocation fussionsengagés à nous abstenir d’être à charge à tous ceux qui s’attribuent lenom chrétien et qui adhèrent aux différentes sectes chrétiennes, et quece pacte fùt inviolable, solennel, et obligatoire pour tous les musulmanset les Croyants. J’ai donc appelé les chefs des musulmans et mes principauxcompagnons, et m’étant :rendu garant de la demande des chrétiens, je leurfis cet écrit, que les musulmans, qu’ils fussent investis du pouvoir ou non,sont obligés de conserver d’âge en âge. Celui qui a le droit de commanderdevra accomplir ce que j’ai ordonné, pour remplir conformément à la justicele devoir de fidélité et de respect vis-à-vis de ceux qui ont sollicité mon pacte,et être fidèles aux obligations que j’ai contractées, afin qu’il ne soit pasréprouvé pour avoir désobéi à mon ordre. Le peuple, lui aussi, devra s’abstenir de leur faire du mal, et accomplir le pacte que j’ai contracté avec eux,afin qu’il entre avec moi par les portes de la fidélité et contribue au bienque j’ai fait à ceux qui l’ont mérité pour avoir secondé ma mission et fait laguerre à ceux qui me contredisaient et qui scandalisaient les hommes. Etcela, pour qu’il n’y ait aucun grief de la part de ceux qui sont l’objet de cepacte, contre les partisans de l’Islam, si ceux-ci agissaient contre le contenu de cet écrit, et contre la reconnaissance des droits qu’ils se sont acquissur moi, et qu’ils ont mérité d’obtenir. Enfin, ce pacte rappelle la reconnaissance des bienfaits, entraîne la générosité des sentiments,commande la charité ; il éloigne du mal, et il est le chemin de la sincérité,et la voie qui mène à la justice, s’il plaît à Dieu. »

 

103. IL ÉCRIVIT UN ÉDIT DONT VOICI LA COPIE

« Au nom de Dieu clément et miséricordieux.

Cet édit a été donné par Muḥammadb. ‘Abd Allah b.‘Abd al-Muṭṭalib, Envoyé de Dieu auprès de tous les hommes, pour annoncer et avertir,et chargé du dépôt de Dieu parmi ses créatures, pour que les hommesn’aient aucun prétexte devant Dieu, après ses envoyés et sa manifestation,devant cet Être puissant et sage.

Au Sayyid Ibn Hârith b. Ka`b, à ses coréligionnaires et à tous ceuxqui professent la religion chrétienne, soit en Orient, soit en Occident, dansles contrées prochaines ou dans les contrées lointaines, arabes ou étrangères, connues ou inconnues. Cet écrit quil leur a rédigé constitue uncontrat impérieux, un diplôme authentique établi sur la charité et la justice,un pacte inviolable. Quiconque observera cet édit, montrera son attachementà l’Islam, et méritera les meilleurs bienfaits que l’Islam promet ; au contrairetout homme qui le détruira, qui. violera le pacte qui y est contenu, quil’altérera, et qui désobéira à mes commandements, violera le pacte de Dieu,transgressera son alliance, méprisera son traité et méritera sa malédiction,qu’il soit prince ou sujet.

Je m’engage à faire de la part de Dieu allianceet pacte avec eux et je les mets sous la sauvegarde de ses prophètes, deses élus, de ses saints les musulmans et les Croyants, les premiers aussi bien que les derniers. C’est cela mon aliance et mon pacte avec eux.

Je proclame de nouveau les obligations que Dieu imposa aux enfantsd’Israël de lui obéir, de suivre sa loi et de respecter son aliance divine,en déclarant protéger par mes cavaliers, mes fantasins, mes armées, mesresources et mes partisans musulmans, les chrétiens jusqu’aux plus éloignés,qui habitent dans les pays frontières de mon empire, dans quelque régionque ce soit, lointaine ou voisine, en temps de paix ou en temps de guerre.

Je m’engage à les appuyer, à prendre sous ma protection leurs personnes,leurs églises, leurs chapeles, leurs oratoires, les établisements de leursmoines et les demeures de leurs anachorètes partout où ils seront, soitdans la montagne, ou dans la valée, ou dans les grottes, ou dans lespays habités, dans la plaine, ou dans le désert. Et je protégerai leurreligion et leur Église, partout où ils se trouvent, soit sur la terre, soitsur la mer, soit en Orient, soit en Ocident, avec toute la vigilance possiblede ma part, de la part des gens de mon entourage, et des musulmans.

Je les prends sous ma protection ; je fais pacte avec eux, m’engageant àles préserver de tout mal et de tout dommage, à les exempter de touteréquisition et de toute obligation onéreuse, et à les protéger par moi-même,par mes auxiliaires, mes suivants et ma nation contre tout enemi, qui m’envoudrait à moi, et à eux.

Ayant l’autorité sur eux, je dois les gouverner, les préservant de toutdommage et ne laissant pas leur,arriver quelque mal qu’il ne m’ait atteintaussi, avec mes compagnons, qui défendent avec moi la cause de l’Islam ;je défends aux conquérants de la foi de leur être à charge, lors de leursinvasions, ou de les contraindre à payer des impôts, à moins qu’ils n’yconsentent ; que jamais les chrétiens ne subissent la tyrannie et l’oppressionà ce sujet. Il n’est pas permis de faire quitter à un évêque son siège épiscopal, ni à un moine sa vie monastique, ni à un anachorète sa vocationérémitique ; ni de détruire quelque partie de leurs églises, ni de faire entrerquelques parties de leurs bâtiments dans la construction des mosquées, oudans celle des maisons des musulmans. Quiconque fera cela, violera le pactede Dieu, désobéira à son Apôtre et s’éloignera de l’alliance divine; il n’estpas permis non plus d’imposer une capitation ni une taxe quelconque auxmoines et aux évêques, ni à ceux qui, par dévotion, se vêtent de laine ouhabitent solitairement dans les montagnes ou en d’autres endroits isolés del’habitation des hommes. Qu’on se borne à quatre drachmes qu’on demanderachaque année à chacun des autres chrétiens, qui ne sera ni religieux, nimoine, ni ermite ; ou bien qu’on exige de lui un vêtement une étoffe rayée ouun voile de turban brodé du Yémen, et cela pour aider les musulmans et pourcontribuer à l’augmentation du trésor public; s’il ne lui est pas facile dedonner un vêtement, on lui en demandera le prix. Mais que ce prix ne soitdéterminé que de leur consentement.

 

Que la capitation des chrétiens qui ont des revenus, qui possèdent desterres, qui font un commerce important sur mer et sur tere, qui exploitentles mines de pieres précieuses, d’or et d’argent, qui ont beaucoup de fortune et de biens, ne dépasse pas, pour l’ensemble, 12drachmes par an,pourvu qu’ils habitent ces pays et qu’ils y soient établis. Qu’on n’exigerien de semblable des voyageurs, qui ne sont pas des habitants du pays,ni des passants dont le domicile n’est pas conu. Pas d’impôt foncier aveccapitation, si ce n’est à ceux qui posèdent des terres, comme tous les occupants d’héritages sur lesquels le sultan exerce un droit; ils paieront cesimpôts dans la mesure où les autres les payent, sans toutefois que léscharges excèdent injustement la mesure de leurs moyens, et les forces queles propriétaires dépensent à cultiver ces teres, à les rendre fertiles, et àen tirer les récoltes ; qu’ils ne soient pas abusivement taxés, mais qu’ilspayent dans la mesure imposée aux autres tributaires leurs pareils.

Les hommes de notre alliance ne seront pas tenus de sortir avec lesmusulmans pour combattre leurs ennemis, les attaquer et en venir auxmains ; en efet, ceux de l’alliance n’entreprendront pas la guere, et c’estprécisément pour les en décharger que ce pacte leur a été acordé, et aussi pour leur asurer aide et protection de la part des musulmans. Et mêmequ’aucun chrétien ne soit contraint de pourvoir à l’équipement d’un seulmusulman, en argent, en armes ou en chevaux, en vue d’une guerre où lesCroyants attaquent un ennemi, à moins qu’il n’y contribue de son gré.Celui qui aura bien voulu faire ainsi, et contribuer spontanément, seral’objet de la louange et de la gratitude, et il lui en sera tenu compte.

Aucun chrétien ne sera fait musulman par force : « Ne discutez que de lamanière la plus honnête ! » (Q, XXIX, 45) . Il faut les couvrir de l’aile de miséricorde, et repoussertout malheur qui pourrait les atteindre partout où ils se trouvent, dansquelque pays qu’ils soient.

Si l’un des chrétiens venait à commettre un crime ou un délit, ilfaudrait que les musulmans lui fournissent l’aide, la défense, la protection;ils devront excuser son délit et amener sa victime à se réconcilier avec lui,en l’engageant à lui pardonner ou à recevoir une rançon.

Les musulmans ne doivent pas abandonner les chrétiens et les laissersans secours et sans appui, parce que j’ai fait pacte avec eux de la part deDieu pour que ce qui arrive d’heureux aux musulmans leur arrivât aussi, etqu’ils subissent aussi ce que subiraient les musulmans, et que les musulmanssubissent. ce qu’ils subiraient eux-mêmes, et cela en vertu du pacte par lequel

ils ont eu des droits inviolables de jouir de notre protection, et d’être défendus contre tout mal portant atteinte à leurs garanties, de sorte qu’ils soientassociés aux musulmans dans la bonne et dans la mauvaise fortune.

Il ne faut pas que les chrétiens aient à souffrir, par abus, au sujet desmariages, ce qu’ils ne voudraient pas. Les musulmans ne devront pas prendreen mariage les filles chrétiennes contre la volonté des parents de celles-ci, ni opprimer leurs familles, si elles venaient à leur refuser les fiançailles etle mariage ; car de tels mariages ne devront pas se faire sans leur agrémentet leur désir, et sans qu’ils les aient approuvés et y aient consenti.

Si un musulman a pris pour femme une chrétienne, il est tenu de respecter sa croyance chrétienne ; il la laissera libre d’écouter ses supérieurscomme elle l’entendra, et de suivre la route que lui indique sa religion. Quiconque, malgré cet ordre, contraindra son épouse à agir contre sa religionen quelque point que ce soit, enfreindra l’alliance de Dieu et entrera.en rébellion contre le pacte de son Apôtre, et Dieu le comptera parmi les imposteurs.

Si les chrétiens viennent à avoir besoin du secours et de l’appui desmusulmans pour réparer leurs églises et leurs couvents,, ou bien pour arrangerleurs affaires et les choses de leur religion, ceux-ci devront les aider et lessoutenir ; mais ils ne doivent pas faire cela dans le but d’en recevoir rétribution, mais par aide charitable pour restaurer cette religion, par fidélité aupacte de l’envoyé de Dieu, par pure donation, et comme acte méritoiredevant Dieu et son apôtre.

Les musulmans ne pourront pas dans la guerre entre eux et leursennemis se servir de quelqu’un des chrétiens pour l’envoyer comme messager,ou éclaireur, ou guide, ou espion, ou bien l’employer à d’autres besognesde guerre. Quiconque fera cela à l’un d’eux, lésera les droits de Dieu,sera rebelle à son Apôtre, et se mettra en dehors de son alliance ; et rienn’est permis à un musulman (vis-à-vis des chrétiens) en dehors de l’obéissance à ces prescriptions que Muḥammad b.Abd Allah, apôtre de Dieu,a édictées en faveur de la religion des chrétiens. Je leur fais aussi des conditions et j’exige d’eux la promesse de les accomplir et d’y satisfaire commele leur ordonne leur religion. Entre autres choses, qu’aucun d’eux ne soitéclaireur ou espion, ni secrètement ni ouvertement, au profit d’un ennemide guerre, contre un musulman; que personne d’entre eux ne loge lesennemis des musulmans dans sa maison , d’où ils pourraient attendrel’occasion de s’élancer à l’attaque ; que ces ennemis ne fassent point haltedans leurs régions, ni dans leurs villages ni dans leurs oratoires, ni dansquelque lieu appartenant à leurs coreligionnaires ; qu’ils ne prêtent pointappui aux ennemis de guerre contre les musulmans, en leur fournissantdes armes, ou des chevaux ou des hommes ou quoi que ce soit, ou en leurdonnant de bons traitements. Ils doivent héberger trois jours et trois nuitsceux des musulmans qui font halte chez eux, avec leurs bêtes, et leur offrirpartout où ils se trouvent et partout où ils vont la même nourriture dont ilsvivent eux-mêmes, sans toutefois être obligés de supporter d’autres chargesgênantes et onéreuses.

S’il arrive qu’un musulman ait besoin de se cacher dans leurs demeures,ou dans leurs oratoires, ils doivent lui donner l’hospitalité, lui prêter appui,et lui fournir de leur nourriture tout le temps qu’il sera chez eux, s’efforçant de le tenir caché, de ne point permettre à l’ennemi de le découvrir,et pourvoyant à tous ses besoins.

Quiconque transgressera une des ordonnances de cet édit, ou l’altérera,se mettra en dehors de l’alliance de Dieu et de son Envoyé.

Que chacun observe les traités et les alliances qui ont été contractésavec les moines, et que j’ai contractés moi-même, et tout engagement quechaque prophète a contracté avec sa nation, pour leur assurer’ la sauvegarde et la fidèle protection, et pour leur servir de garantie.

Jusqu’à l’heure de la Résurrection cela ne doit être ni violé ni altéré,s’il plaît à Dieu.

Cet écrit de Muḥammad b. `Abd Allah qui porte le traité conclu entrelui et les chrétiens avec les conditions imposées à ces derniers a été attestépar :

`Atîq b. Abi Quhâfa ; `Umar b.al-Khattâb; `Uthmân ben `Affân;Ali b. Abi Tâlib ; AbūAḏ-Darr ; Abūad-Darda ; Abū Hurayra; AbdAllah b. Mas‘ūd ; Al-‘Abbâs b. `Abd al-Muṭṭalib, Al-Fal b.al-Abbâs ; Az-Zubayr b.Al-Awwâm ; Talha b.‘Ubayd Allah ; Sa`d ben Mu`âdh; Sa`d b. `Ubâda ; Thamâma b. Qays; Zayd b. Thâbit et son fils`Abd Allah ; Hurqūṣ b. Zuhayr; Zayd b. Arqam ; Usâma b. Zayd;‘Umar b. Mazhū; Muṣ`āb b. Az-Zubayr; Abū al-Ghâlia; `Abd Allahb. ‘Amr b. al-‘Aṣ ; AbūHuḏayfa ; Khawât b. Jubayr ; HàMm b. `Utba; ‘Abd Allah b.Hafaf ; Ka`b b. Malik; Hassan b. Thâbit, Jahrben Abi Talib; a écrit aussi Mu‘âwia b. Abi Sufiân. »

 

104. RECIT DE LA MORT DE MUḤAMMAD QUE LA PAIX SOIT SUR LUI

 

Puis Muḥammad (que la paix soit sur .lui) tomba malade ; comme les fidèles entraient chez lui pour avoir de ses nouvelles, il ordonna à Abū Bakr b. Abi Qohâfa de leur faire réciter la prière à sa place. Il mourut en 995 (sic) d’Alexandre, année en laquelle régna sur les Perses Yazdgerd fils de Šahryar ; il avait régné — que la paix soit sur lui — 10 ans et quelques mois.

Abou Bakr `Atiq lui succéda. Les musulmans, d’abord divisés à son sujet, s’accordèrent ensuite sur sa succession.

 

Le catholicos Išō‘ Yahb avait envoyé au Prophète — que la paix soit sur lui — des présents et 100 statères d’argent avec Gabriel, évêque de Ḥayyan, homme vertueux et savant. Il lui écrivit, lui demandant d’être bienveillant envers les chrétiens. L’évêque Gabriel, étant arrivé à Yathrib, après la mort de Muḥammad, offrit ce qu’il avait apporté à Abū Bakr, et lui fit connaître la situation des sujets de l’empire persan, et ce dont avaient à souffrir les chrétiens de la part des armées arabes ; il lui exposa que les chrétiens étaient tributaires des rois persans, qui étaient en guerre avec les Romains. Il écouta son discours, reçut les présents et se rendit garant de ce qu’il désirait. L’évêque retourna heureux du succès de sa mission auprès du

Catholicos.

 

Ka`b al-Atbâr voulut irriter Abou Bakr (que Dieu lui fasse miséricorde) contre les chrétiens, disant qu’ils prêtaient secours aux Perses, qu’ils étaient avec eux à la guerre, et qu’ils avaient de l’inclination pour les Éthiopiens, parce qu’ils mangeaient, comme eux la viande de porc. Mais il ne fit pas cas de ses paroles, n’estima pas son discours et repoussa ses dires mensongers.

Quand Yazdgerd apprit la démarche du catholicos Īšō‘ Yahb, il le fit appeler et lui fit de vifs reproches.

« Tu m’as trahi, dit-il, tu as prêté secours à mon ennemi en l’aidant de ton argent. »

Le Catholicos lui répondit :

 

« Toi, ô roi, et tes prédécesseurs, vous êtes notre honneur, notre couronne et le diadème de notre gloire. Les Arabes contraignaient les chrétiens qui sont dans leur province à passer à leur religion ou bien à payer une capitation. Quand j’eus appris cela, je me suis efforcé de rassembler une faible somme pour la leur envoyer. Il n’était pas possible que je les abandonnasse dans une aussi pénible situation ; aussi bien est-ce pour cela que j’ai été placé à leur tête. »

 

La colère de Yazdgerd s’apaisa alors ; il lui ordonna d’écrire aux populations chrétiennes voisines des Arabes, de s’éloigner de ceux-ci, et de prêter du renfort à ceux qui iraient les combattre. Le Catholicos fit des voeux pour le roi, et se retira. Il ne cessa de ménager habilement les affaires, qui étaient alors difficiles, à cause du changement des empires.

 

Abū Bakr mourut ; `Umar b. al-Khattâb, qui lui succéda, conquit les pays et fixa le taux de l’impôt foncier selon la richesse des habitants. Cette taxation subsista jusqu’aux jours de Mu‘àwya b. Abi Sofiân.

 

Išô‘ Yahb le catholicos alla trouver ‘Umar, et lui parla au sujet des chrétiens ; ‘Umar lui accorda un édit dont voici la copie :

 

« Cet édit a été accordé par le serviteur de Dieu ‘Umar ben el-Khattâb, Commandeur des Croyants, aux habitants de Séleucie et de Nahr Bir, à leur catholicos, à leurs prêtres et à leurs diacres, sous forme d’engagement inviolable,de diplôme public, d’acte signé, portant protection permanente. Quiconquel’observe, sera attaché à la religion musulmane et sera digne de ce qu’ellecontient. Au contraire tout homme musulman et croyant, qu’il soit sultanou sujet, qui lui portera atteinte en violant le pacte qui y est contenu, enl’altérant et en transgressant ses prescriptions, se sépare de l’alliance deDieu et méprise ses droits.

Après cela, je fais alliance et pacte avec vous de la part de Dieu, et jeprends votre vie, votre fortune, vos familles et vos gens sous la sauvegardede ses prophètes, de ses apôtres, de ses élus et de ses saints musulmans,et je me porte garant de votre sécurité. Je me suis engagé à vous protégerpar moi-même, par mes auxiliaires, mes satellites, mes compagnons quidéfendent le coeur de l’Islam contre tout ennemi, qui m’en voudrait à moiet à vous. Je défends aux conquérants de la foi de vous être à charge lorsde leurs invasions. Dans toutes ces choses vous ne serez ni molestés nicontraints.

« Aucun de vos évêques ni de vos chefs ne sera déposé. Vos oratoireset vos églises ne seront pas détruits ; on ne fera entrer aucune partie devos bâtiments dans la construction des mosquées, ni dans celle des maisonsdes musulmans. Aucun d’entre vous, qui sera en voyage, ne sera inquiétédans quelque pays que ce soit. Vous n’êtes pas obligés d’aller avec lesmusulmans à la guerre contre leurs ennemis. Aucun chrétien ne sera contraint de se faire musulman, d’après la révélation que [Dieu] a fait descendre dans son Livre, où il est dit :

« Point de contrainte en ce qui concernela religion. La voie droite se distingue de l’égarement d’une façon éclatante » (Q, II, 257) et ailleurs : « Ne discutez que de la manière la plus honnête (XXIX, 45). »

Mes mains éloigneront de vous tout mal partout où vous serez. Quiconque agira contre cela, violera le pacte de Dieu et son alliance et le pactede Muḥammad (que Dieu le bénise), et agira contre le contrat de protection de Dieu.

Ils ont mérité que nous fisions avec eux le pacte de ne pas verserleur sang et de les défendre contre toute injustice, parce qu’ils ont été sincères avec les musulmans, qu’ils leur ont fait du bien et qu’ils leur ont prêtéappui. J’ai une condition à leur imposer, à savoir que personne d’entre euxne se fasse espion ni secrètement ni ouvertement pour le compte d’un ennemien temps de guere contre un musulman ; que persone n’abrite un enemides musulmans dans sa demeure, où il pourait atendre l’ocasion de s’élancer à l’ataque; qu’ils ne prêtent pas appui aux ennemis de guere contreles musulmans, par un concours hostile, en leur fournisant des armes, deschevaux et des hommes; qu’ils ne servent pas de guide à l’enemi et qu’ilsn’aient pas d’inteligences avec lui. »

S’il arrive qu’un des musulmans ait besoin de se réfugier chez euxdans leurs demeures, ils doivent le cacher, ne pas permetre à l’ennemi del’ateindre, lui prêtant appui et le traitant bien tant qu’il sera chez eux.

Ils ne négligeront aucune de ces conditions, qui leur sont imposées;quiconque violera une de ces clauses ou l’altérera, se mettra hors de lasauvegarde de Dieu et de son Apôtre, que la prière et la paix soient sur lui.

Ils doivent encore accomplir les pactes et les alliances qui ont étécontractés avec les pontifes, les moines et les peuples chrétiens qui ont uncode sacré.

J’affirme ànouveaul’alliance que Dieu a conclue avec ses prophètes dansla foi, par l’accomplissement de ces promesses, en quelque lieu qu’ils soient.

Moi-même, j’accomplirai ce qui m’engage; aux musulmans d’observer aussice pacte, à cause de sa notoriété, et de le faire respecter jusqu’à l’heure dela résurrection et jusqu’à lafin du monde.

Témoins `Uthman b. `Affan et Al-MugḤīra b.Ša‘ba en la 17° année de l’Hégire (638). »

 

Quand, la quatrième année de son califat (636), `Umar envahit la Syrie, à son approche de Jérusalem, les habitants, accompagnés de leur évêque, sortirent à sa rencontre et prièrent pour lui. lls lui demandèrent d’empêcher les Juifs de descendre dans la ville, à moins d’y acheter des maisons. Il exauça leur demande et empêcha les siens de faire du mal à la ville et à ses habitants. Ceux-ci lui ouvrirent les portes ; il leur accorda un édit portant le pacte qu’il contracta avec eux. Après être resté dix jours dans la ville et avoir donné des ordres pour y bâtir une mosquée sur la place du tombeau de Salomon, fils de David, et une citadelle à côté de la mosquée, il partit pour Médine ; il nomma Mu‘âwya b. Abī Sufiân gouverneur de Syrie.

On bâtit ce qu’avait ordonné ‘Umar ; mais l’édifice tomba ; on le rebâtit et il tomba encore. Les musulmans, étonnés, en demandèrent la cause aux Juifs, qui leur dirent :

« Si l’on n’arrache pas la croix qui est arborée sur le Mont des Oliviers vis-à-vis de la Syrie, le bâtiment ne tiendra jamais debout. »

Les chrétiens, qui furent contraints de la renverser, la firent descendre avec honneur. Alors la reconstruction du bâtiment se maintint solidement.

`Umar, à qui on écrivit cette nouvelle, en fut frappé d’étonnement; il mourut après avoir été calife pendant dix ans, sept mois et trois jours.

 

105. RÉCIT DE LA MORT DE MAR ĪŠO‘-YAHB CATHOLICOS

 

A la suite du différend survenu entre les habitants de Nisibe et leur métropolitain Isaac, Īšō‘-Yahb quitta Séleucie pour aller à Nisibe afin de mettre l’accord entre eux. Il tomba malade à Guédan, et mourut. C’est là qu’il fut inhumé, — que Dieu sanctifie son âme. — Ainsi la mort le délivra des malheurs et des tristesses dont il avait été accablé à la suite du bouleversement de l’empire, et des outrages auxquels il avait été en butte depuis sa venue au pays des Grecs, où il avait célébré la messe.. La famille de Yazdin se chargea de sa sépulture. Il avait été catholicos pendant 19 ans et 6 mois ; il était bon de caractère et d’un naturel doux. On ne put lui reprocher que la dureté de ses disciples envers les écoliers.

De ses jours les Arabes conquirent Ḥīra, où ils massacrèrent les Perses qui s’y trouvaient ; et ils bâtirent Kūfa, qui s’appelait ‘Aqūla avant sa construction. Il en a été de même de Basra, qui, des jours de ‘Umar, a été bâtie et appelée ainsi après la conquête de Ubula et de Ḥayan.

 

106. HISTOIRE D’HÉRACLIUS, ROI DES ROMAINS

 

En ces jours Héraclius, ayant appris ce qui était arrivé à ses partisans, et la conquête par les Arabes de l’empire des Perses, rassembla tous les évêques de Syrie à Antioche et leur demanda d’exprimer leur opinion touchant les Arabes, qui venaient d’apparaître, et touchant leur règne ; et quelle allusion y faisait l’Écriture. Chacun d’eux dit sa pensée. Il dit alors aux évêques réunis et à ses généraux, qui étaient présents :

« Ce peuple est comme le soir qui tient le milieu entre le jour et la nuit, et n’est ni clair ni obscur ; de même ce peuple n’est ni éclairé par la lumière de Notre-Seigneur le Christ, soleil de l’univers, ni plongé dans les ténèbres de l’idolâtrie. »

 

Après ce discours, les évêques l’informèrent de la bénédiction qu’Abraham avait donnée à Ismaël et dont parle le Pentateuque et lui dirent que l’apparition de leur règne devait avoir lieu nécessairement.

Héraclius ordonna à ses gens de ne pas s’opposer à l ordre de Dieu en luttant avec ce peuple, mais de se borner à défendre les villes et les provinces qui leur étaient confiées, et, dans le cas où on l’exigerait d’eux, de payer le tribut. Il quitta la Syrie, sans espoir de la conserver. Il abandonna aussi l’Égypte, Nisibe et les régions d’alentour, et se retira à Constantinople, plongé dans le désespoir et accablé d’affliction devant les événements. La plupart des habitants de ces régions se réfugièrent à l’intérieur de l’empire grec, laissant leurs propriétés.

Héraclius dit ensuite à ses gens :

« Dieu, que son nom soit exalté, est juste ; il n’accorde pas ses dons au hasard ; sinon, pourquoi nous enlèverait-il cet empire, que nous possédons depuis plus de 1000 ans et dans lequel nous avons joui des biens de la terre comme il a été dit dans le Pentateuque, pour le livrer à un peuple qui n’a jamais connu ce que c’est que le pain, mais qui n’a vécu que dans le désert, se nourrissant de fruits et habitant sous les tentes ? »

Quelques-uns lui donnèrent raison ; les autres le contredirent.

Il recommença à faire la guerre aux Arabes ; c’est alors que ceux-ci anéantirent ses armées, comme il a été dit ci-dessus.

En la deuxième année du califat de ‘Umar, les armées arabes se rassemblèrent pour combattre les Perses ; les Arabes campèrent à Ḥīra, où ils logèrent dans les églises et les couvents qu’ils profanèrent horriblement.

D’autres avec leurs chefs Sa`d b. Abī Waqqāṣ, ‘Utba b. Ghazwân, Al-Aš‘ath b. Qays et Abū Mūsā el-Aš‘ari campèrent à Qâdisyya. La bataille fut terrible ; les Perses furent mis en déroute. Rostam, frère de Yazdgerd, fut tué avec beaucoup de ses soldats ; les Arabes firent un grand butin ; ils bâtirent en cet endroit une grande ville près de Ḥīra et l’appelèrént Kūfa ; son ancien nom était ‘Aqūlā. Les Arabes vinrent l’habiter ; elle fut prospère aux jours de ‘Ali b. Abī Tàlib, que Dieu lui soit propice.

Cette même année, ‘Utba b. Ghazwân battit les Perses qui étaient dans la terre de Maï.‘;ian et s’empara de Ubula, où il construisit une grande ville montée sur l’eau qui vient de la mer, et l’appela Baṣra ; Abū Mūsā al-Ma’ari y planta des palmiers et la rendit florissante.

A cette époque aussi fut bâtie la ville de Mossoul, vis-à-vis du Jardin et de Ninive. Les musulmans devinrent nombreux ; ils habitèrent les villes persanes ; ils détruisirent les pyrées ; ils honorèrent les chrétiens plus que les sectateurs de toutes les autres religions. Les Arabes ayant attaqué Séleucie, Yazdgerd leur en ferma les portes et s’y fortifia. Durant 18 mois personne ne put y entrer ni en sortir (635-6).

 

107. HISTOIRE DE LA MORT D’HERACLIUS, ROI DES ROMAINS ;HISTOIRE DE SES SUCCESSEURS

 

Héraclius mourut en la 992° année d’Alexandre (641), à l’âge de 65 ans ; il avait régné 30 ans et 5 mois ; son fils Constantin, qu’il avait fait participer au règne avant sa mort, lui succéda. Mais, après 4 mois de règne, il mourut, empoisonné traîtreusement par sa cousine.

Les armées se réunirent et prêtèrent serment à Héracléonas son fils, qu’elle avait eu illégitimement d’Héraclius, et elle prit en main le gouvernement. Les ministres, révoltés de sa conduite, détrônèrent son fils et lui coupèrent le nez. Il avait régné 8 mois. Grâce à ces troubles, qui agitèrent le Royaume Romain, les Arabes purent facilement s’emparer de Césarée (de Palestine) et d’autres places. Puis les Romains placèrent sur le trône Constant fils de Constantin. Celui-ci, malgré sa jeunesse, sut s’attirer par ses bienfaits l’affection de l’armée et du reste des hommes ; et grâce à l’expérience qu’il acquit, il gouverna avec beaucoup de sagesse et de fermeté.

 

108. HISTOIRE DE MAR EMMEH CATHOLICOS

 

Ce Père était originaire d’Arzoun ; après avoir fait ses études à l’école de Nisibe, il se fit moine dans le couvent de Mar Abraham, où il vécut dans une cellule sans la quitter. Il fut nommé ensuite évêque de Ninive. Le patriarche Īšō‘-Yahb son prédécesseur écrivit aux habitants de Goundiabor, qui lui avaient demandé, un métropolitain pour leur pays, en faisant l’éloge des vertus dé ce Père, qui était alors évêque de Ninive. Ils demandèrent alors au catholicos de l’établir leur métropolitain ; il le fit alors venir et le consacra. Il gouverna ce siège, qu’il occupa, avec beaucoup de sagesse. Après la mort d’Īšō‘ Yahb, l’élection l’ayant désigné, il fut ordonné patriarche malgré son âge très avancé. Il était bon, vertueux et charitable, préoccupé d’augmenter le nombre des écoliers. Ce fut le premier qui ordonna aux écoliers de se ceindre d’une ceinture, pour se distinguer des autres jeunes gens.

Trois ans après son ordination, étant allé à Karkha de Guédan, il y tomba malade à la suite de la fatigue du chemin, des souffrances qu’il y avait endurées et de la chaleur. Il refusa de prendre les remèdes que les médecins lui prescrivaient, et disait :

« La moisson est mûre. »

Il mourut aux jours de ‘Uthmân b.Affan, après un pontificat de 3 ans. Quelques historiensdisent qu’il était évêque de Ninive et que les musulmans travaillèrent àle faire catholicos parce qu’il leur avait apporté des vivres lors de leur invasion dans la région de Mossoul au moment de la conquête.

 

109. CE QUI ARRIVA DE SES JOURS. ENTRE AUTRES FAITS L’HISTOIREDE SABR-ĪŠO‘, MÉTROPOLITAIN DE BEYT GARMAY

 

Cet homme était de la région de Radan ; il fit ses études à l’école de Séleucie sous Mar Sabr-Īšō‘ catholicos. Celui-ci, ayant remarqué ses bonnes oeuvres et son orthodoxie, l’envoya à son couvent en Beyt Garmay, où il exerça la charge de sacristain et de lecteur jusqu’à la mort de Mar Sabr-Īšô’.

Quelques-uns de ceux qui étaient dans le couvent lui ayant porté envie, il le quitta et se rendit au pays de Sarân, où il demeura dans la même grotte qu’avait habitée Mar Sabr-Īšô’ catholicos ; il s’attacha à un anachorète, quil’instruisit dans la vie ascétique; il s’adonna au jeûne et à la prière. Quand le royaume des Perses disparut et que commença le royaume des Arabes, sarenommée se répandit parmi les fidèles et les dissidents. Il se vit en songeallant visiter deux villages de Šahrzor, appelés Ostin et Naphor, dont leshabitants étaient idolâtres, pour les appeler au christianisme. Prenant aveclui l’Évangile, il partit aussitôt, accompagné des prêtres et des diacres. Maisà leur arrivée aux villages, les habitants les chassèrent à coups de pierres.

Alors il remit à un prêtre 12 pierres, sur lesquelles il avait fait le signede la croix, et lui dit de les jeter à la source à laquelle ils buvaient de l’eau.

Une fois qu’ils y burent, Dieu inclina leurs coeurs à recevoir ses paroles.Une femme du village était possédée du démon ; il pria sur elle, et enchassa l’esprit malin. Il baptisa tous les habitants ; il démolit les templesdes idoles et bâtit à leur place une église.

 

Puis les habitants de Beyt Garmay le choisirent pour être leur métropolitain ; il fut ordonné par Mar Emmeh. Il était très avancé en âge ; ses forces diminuèrent ; mais il ne voulut point renoncer à ses oeuvres. Chaque année il prenait six makkouk de farine d’orge, avec laquelle il faisait de petits pains, dont il se nourrissait pendant toute l’année ; il distribuait le reste aux pauvres ; il en donnait aussi aux fidèles comme bénédiction.

‘Utba, gouverneur de Beyt Garmay, ayant entendu parler de lui, envoya le chercher pour le voir. Quand il arriva chez lui, il le pria d’aller à Senna pour prier sur deux de ses filles, qui étaient obsédées du démon ; il le fit ; il jeûna pendant 7 jours et n’interrompit son jeûne qu’elles n’eussent guéri.

C elles-ci l’appelèrent dès ce jour : « Mon Père. » Le père, ayant vu ce miracle, lui demanda de lui exposer ses requêtes ; il le pria d’exempter de la capitation les moines, les prêtres et les écoliers de sa province ; ‘Utba exauça sa demande et lui accorda un édit défendant l’imposition d’une capitation à ceux qui seraient vêtus de laine, qu’ils fussent tonsurés ou non. Cette règle s’est conservée jusqu’à nos jours dans ce pays.

La peste envahit la région de Beyt Garmay ; il fit des Rogations pendant toute une semaine, comme le fit David aux jours des enfants d’Israël, et Dieu fit disparaître le fléau ; ce sont ces Rogations qui ont pris le nom de Rogations des Ninivites. On fait sa commémoraison le jour de la fête de ces Rogations, qui est le jeudi. Que ses prières soient avec nous.

 

110. HISTOIRE D’ATHANASE, CONNU SOUS LE NOM DE GAMAL,PATRIARCHEDES JACOBITES, ET DE JEAN SON DISCIPLE

 

Cet homme, surnommé Chameau, fut patriarche des Jacobites pendant 14 ans : Il avait un disciple intelligent, nommé Jean. Il l’envoya en Perse avec Marūtā le moine, métropolitain de Tagrit. Athanase, après sa mort, fut remplacé par ce Jean, qui occupa le siège pendant dixsept

ans. C’est lui qui composa la plupart des prières des Jacobites, la messe de la consécration du chrême, la bénédiction de l’eau et d’autres choses.

 

111. HISTOIRE DE MALK-ĪŠO‘, FONDATEUR DE ‘UMRA HADITHA

 

Cet homme vertueux était d’un village appelé Suse ; il se fit disciple de Rabban Šabor et reçut l’habit monastique dans son couvent. Puis il le quitta et se fixa dans une grotte, près de Goundiabor, se nourrissant des fruits des arbres et d’herbes sauvages, et se cachant aux hommes. Mais quelque temps après, ayant été découvert, un homme de Goundiabor, nomé Gabriel, fils de Barkanah, ala le trouver. Il lui raconta qu’il avait creusé un canal auquel il avait dépensé beaucoup d’argent. Quand on y avait mis l’eau à couler, le sol s’était afaisé en plusieurs endroits, où l’eau s’engloutisait complètement. Il avait fait les plus grands eforts pour les étancher, mais n’avait pu y parvenir. Et il demandait au Saint le secours de sa prière. Le Saint pria et lui conseila de jeter dans le canal une petite croix qu’il venait de lui remetre : l’eau y coulerait avec violence et les endroits affaissés seraient bouchés. L’homme le fit ; ausitôt l’eau coula très régulièrement ét arosa ses campagnes.

Les moines vinrent se grouper autour de lui dans le désert. Gabriel lui bâtit à l’endroit même un couvent où beaucoup de moines vinrent habiter ; il fut apelé `Umra Ḥadtha. Saint Malki-Īšô` mourut à un âge avancé ; il fut enseveli dans la cour du couvent où l’on récite l’ofice pendant l’été.

A cete époque, à la suite d’Isaïe Tablaya et de Meskêna anathématisés par Išô‘ Yahb de ‘Arbayē, aparurent d’autres disciples de Ḥnana d’Adiabène, qui séduisirent les homes, entre autres, Sahdona, disciple de Jacques, fondateur du couvent de Beyt `Abé. Celui-là, qu’on apelle encore Martyrius, était à son début orthodoxe ; il avait écrit un ouvrage ascétique.

Nommé – évêque de Beyt Waziq, il abandonna sa foi.

Īšō‘ Yahb d’Adiabène métropolitain de Mossoul, qui était son ami, lui reprocha sa conduite.

Mais il ne se soumit pas. Il écrivit un livre sur la foi, semblable à celui qu’avait écrit Sahdona ; Mar Emmeh, ayant eu connaissance de leur conduite, la condamna. Il convoqua les Pères à Karkha de Guédan, les excommunia tous deux, déposa Sahdona de son épiscopat, anathématisa les deux livres et qui les avait écrits, et en interdit la lecture. Barsauma, évêque de Karkha de Suse composa un livre sur la croyance, qu’il intitula ??? Īšō‘ Yahb composa aussi un livre intitulé : ‘Rappel des idées’. A cette même occasion Biro le docteur écrivit aussi un livre contre

les Jacobites et les Melchites.

 

Mahôzé d’Arêwan, (Sahdona évêque) = appelée Beyt Waziq. Mahôzé d’Arêwan colline sur le petit Zab, 45 km est Kerkuk

 

112. HISTOIRE DE MAR ĪŠO‘ YAHB

[fin du texte]