Polybe, IX, 6, Description d’Agrigente, v. 200 av. n-è

Agrigente n’a pas seulement sur la plupart des autres villes les avantages dont j’ai parlé, elle les surpasse encore en force et en beauté. Bâtie à 18 stades de la mer, elle peut s’approvisionner de tout par eau avec commodité. La nature et l’art se sont réunis pour la mettre à couvert d’insulte de quelque côté que ce soit; car ses murailles sont élevées sur un rocher que sa situation naturelle et l’industrie humaine ont rendu fort escarpé. Des fleuves l’environnent tout autour: du côté du midi, celui qui porte le même nom que la ville; et du côté de l’occident et de l’Afrique, celui qu’on appelle Hypsas. La citadelle est à l’orient d’été, et défendue tout alentour par un abîme inaccessible. On ne peut entrer dans cette forteresse que par un seul endroit du côté de la ville. Sur la cime du rocher sont deux temples, l’un de Minerve et l’autre de Jupiter. Atabyrien, comme à Rhodes; et il était raisonnable qu’étant une colonie de Rhodiens, elle donnât à ce dieu le même nom que ces insulaires. On y voit encore d’autres ornements, et entre autres des temples et des portiques d’une grande beauté. Le temple de Jupiter Olympien n’est pas à la vérité si orné et si enrichi que ceux de la Grèce, mais pour le dessin et la grandeur il ne le cède à aucun d’eux.
Marius (Valerius Lévinus), leur ayant donné toute garantie de salut, leur persuada de passer en Italie, à la condition de se mettre à la solde des Rhégiens et de ravager le pays de Bruttium, avec le droit de s’approprier tout ce qu’ils pourraient saisir sur les terres de l’ennemi.