Pindare, Pythiques, II-III, Hiéron Ier de Syracuse, v. 475 av. n-è

Str. 1. — O grande cité de Syracuse, temple du très-belliqueux Arès, divine nourrice d’hommes et de chevaux que réjouit le fer, je viens vers toi de l’illustre Thèbes avec cet hymne en l’honneur du quadrige retentissant, sur lequel Hiéron aux beaux chars a gagné les couronnes éclatantes qui ceignent Ortygie, séjour de l’Artémis des fleuves ; ce n’est pas sans Artémis que ses bras habiles ont dompté les coursiers aux riches harnais.

Ant. 1. — Car les deux mains de la vierge amie des javelots et Hermès qui préside aux luttes, disposent le resplendissant équipage ; toutes les fois qu’au char brillant, au quadrige docile, Hiéron attache ses vigoureux coursiers en invoquant le redoutable dieu du trident, Mais d’autres hommes ont achevé pour d’autres rois un hymne harmonieux prix de la vertu. Il est souvent chanté dans les vers des Cypriens, Cinyras tendrement aimé d’Apollon aux cheveux d’or,

Ép. 1. — Aimable prêtre d’Aphrodite. Ils obéissent à la reconnaissance qui paie des bienfaits par des hommages. Pour toi, ô fils de Dinomène, elle te chante devant ses demeures, la Locrienne du Zéphyrium, vierge aux regards paisibles depuis que ton bras l’a sauvée des horreurs de la guerre. On dit que, par l’ordre des dieux, Ixion crie aux mortels, du haut de la roue ailée qui l’eut-porte sans cesse, d’honorer un bienfaiteur en le payant d’un agréable retour.

[histoire d’Ixion, condamné à instruire les hommes, ancêtre avec Héra des Centaures…]

Ant. 3. — Tu le possèdes et tu peux déployer ta munificence, ô toi qui règnes en souverain sur une vaste cité couronnée de remparts et sur son peuple. Celui qui prétendrait que, parmi tes devanciers, un seul dans la Grèce t’a surpassé en richesse et en gloire, s’engagerait légèrement dans une vaine lutte. Pour moi je monterai sur une flotte ornée de fleurs en chantant tes vertus. Oui, la bravoure dans de cruelles guerres relève ta jeunesse, et, je le déclare, de là aussi tu as retiré un honneur immortel,

Ép. 3. — Soit que tu aies combattu dans les rangs des cavaliers ou parmi les troupes à pied; mais les pensées de ta vieillesse assurent à mes discours la matière de mille éloges. Salut. Cet hymne est envoyé comme un riche produit de Phénicie à travers les mers blanchissantes. Regarde avec faveur ce chant de  Castor sur le mode éolien, en allant où t’appelle la lyre à sept cordes. Sache rester toi-même. Un singe est beau, toujours beau aux yeux des enfants.

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Ép. 3. — Ο mon âme, n’aspire point à la vie des immortels. Mais entreprends une œuvre possible. Oh ! si l’habile Chiron habitait encore son antre; si mes hymnes abreuvaient son cœur de quelque plaisir, ils le persuaderaient de donner aujourd’hui encore à de nobles mortels un médecin qui guérit leurs douleurs brûlantes, un fils de Latone ou de Jupiter. Alors, fendant sur un navire la mer d’Ionie, j’irais vers la fontaine Aréthuse, chez un hôte d’Etna,

Str. 4. — Roi de Syracuse, monarque doux aux citoyens, sans envie des bons, père des étrangers qui l’admirent. Oui, si j’abordais avec un double présent, avec la santé d’or, et cet hymne pythique, honneur ajouté aux couronnes remportées par Phérénice dans Cirrha, sans doute un astre du ciel brillerait moins radieux que mol quand je paraîtrais à tes yeux après avoir franchi les mers profondes.

Ant. 4. — Du moins adresserai-je ma prière à la mère des dieux, vénérable déesse, dont le culte avec celui du dieu Pan, est souvent célébré la nuit par les vierges, non loin de ma demeure. Puisque tu as appris à comprendre les vérités les plus sublimes, ô Hiéron, tu connais cette maxime des anciens: «Pour un bien, les hommes reçoivent des immortels deux maux en partage.» Les insensés ne peuvent, les supporter avec dignité; c’est le fait des sages qui ne montrent des choses que leurs beaux cotés.

Ép. 4. — Pour toi, la prospérité t’accompagne ; car un roi, chef de nation, est plus que tout autre remarqué de la puissante fortune. Mais une vie bienheureuse n’a été donnée, ni à l’Éacide Pelée, ni au divin Kadmos. Et cependant ils passent pour avoir été les plus, fortunés des martels, eux qui entendirent les Muses aux réseaux d’or, chanter sur la montagne et dans Thèbes aux 7 portes ; lorsque l’un d’eux épousa Harmonie aux grands yeux; l’autre, Thétis, illustre fille du sage Nérée.

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