Pindare, Olympiques, VI, Agésias, SYRACUSAIN, v. 475 av. n-è

Str. 1. — Élevons des colonnes d’or pour soutenir le vestibule élégant de cette maison, comme celui d’un palais magnifique ; au début d’une œuvre, il faut placer un brillant frontispice; que en un vainqueur olympique veille dans Pise sur l’autel prophétique de Zeus, s’il est lié aux fondateurs de l’illustre Syracuse, est-il un éloge que des concitoyens puissent envier à ce mortel dans leurs aimantes chants?

Ant. 1. — Qu’il le sache donc, il a le pied dans cette voie, l’heureux fils de Sostrate. Des victoires sans péril ne sont honorables ni sur terre, ni dans les vaisseaux creux. Mais les peuples se souviennent d’une glorieuse lutte. Agésias, il te sied l’éloge mérité que prononça autrefois la bouche d’Adraste sur le devin Œclide, sur Amphiaraüs, lorsque la terre l’eut dévoré, lui et ses coursiers superbes.

Ép. 1. Sept bûchers venaient d’être dressés; Talaïonide fit entendre ces paroles devant Thèbes : «J’ai perdu l’œil de mon armée, et tout ensemble, un habile devin, une lance redoutable.» Ces mots s’adressent au Syracusain qui  préside la pompe. Moi qui ne suis ni querelleur, ni trop ami des disputes, je m’engagerais même par serment solennel à lui rendre cet éclatant témoignage; les muses à la douce voix ne me désavoueront pas.

[…]

Ant. 6. — Dis-leur aussi de célébrer Syracuse et Ortygie, où Hiéron, qui gouverne avec le sceptre de la justice et de sages pensées, honore Déméter aux pieds vermeils, la fête de sa fille aux blancs coursiers et la puissance de Zeus Etnéen. Les doux accords de la lyre et des chants le connaissent. Que le cours du temps n’ébranle point son bonheur. Qu’il accueille avec une gracieuse affabilité la pompe d’Agésias qui revient d’une patrie dans une autre patrie, en quittant les murs de Stymphale, cette cité-mère de l’Arcadie aux grande troupeaux.

Ép. 5. — Il est bon, dans une nuit orageuse d’avoir deux ancres à jeter du vaisseau rapide. Puisse un dieu ami donner de glorieuses destinées à ces deux peuples ! Souverain des mers, accorde-lui une navigation prompte et sans péril, toi l’époux d’Amphilrite au fuseau d’or, et fais fleurir de plus en plus la gloire de mes chants.