Atlas surpassait par sa taille tous les mortels. Il régnait dans les dernières régions de la terre, sur les mers qui reçoivent dans leur sein les coursiers hors d’haleine et le char enflammé du Soleil. Il possédait de nombreux troupeaux errant dans d’immenses pâturages.
Aucun État voisin ne touchait à son empire ; et dans ses jardins, les arbres, à l’or de leurs rameaux, que couvrent des feuilles d’un or léger, portaient des pommes d’or. Atlas avait enfermé ses jardins de hautes murailles ; un dragon monstrueux veillait, gardien de leur enceinte ; et l’entrée de l’Hespérie était interdite aux étrangers.
Fuis, dit le prince au héros, ou crains de perdre l’honneur de tes exploits supposés, la gloire d’une naissance que tu ne dois point à Jupiter.
Il ajoute l’insulte à la menace ; et tandis que Persée insiste avec douceur, mais avec fermeté, il s’avance pour le chasser de son palais. Persée était trop inférieur aux forces d’Atlas. Quel mortel pourrait les égaler !
« Puisque, dit-il, tu fais si peu de cas de ma prière, reçois le châtiment que tu mérites.
À ces mots, il détourne à gauche sa tête, élève en l’air celle de Méduse et présente aux regards d’Atlas son visage sanglant. Soudain ce vaste colosse est changé en montagne.
Sa barbe et ses cheveux s’élèvent et deviennent des forêts. Ses épaules, ses mains, se convertissent en coteaux. Sa tête est le sommet du mont. Ses os se durcissent en pierre : il s’accroît, devient immense, et, par la volonté des dieux, désormais le ciel et tous les astres reposent sur lui.