Mouette, Histoire de My Rshid et My Sma'il et Description de l'Empire de Maroc, v. 1700 : Extraits

[Rshîd tue ‘Alî Slîmân, seigneur de Kiwyân]

Après cet excès d’inhumanité, il monta sur l’or et l’argent qu’il avait fait déterrer et le foulant aux pieds :
« Il est bien vrai que ces métaux sont précieux et qu’ils attirent les affections de tous les humains, mais le Prince qui les tenait ainsi sous la terre ne méritait pas de gouverner des Provinces, ce misérable en faisait son Dieu, et s’il eut payé ses soldats, ma fortune eut été autant déplorable que la sienne est tragique ! »

Sur ce, il prit une poignée d’argent qu’il sema au milieu des siens :

« Venez mes chers amis, partager ce que votre amour pour votre Roi et vos peines ont mérité, et il commanda aussitôt à ses chefs de départir à chacun ce qu’ils jugeraient bon, réservant l’or seulement pour s’en servir au besoin.”

[Victoire contre Muhammad]

Soumission du Tafilalt

La ville après sa mort se rendit à M. Rshîd, tous les Shurfa du pays vinrent se soumettre à lui, mettant leurs châteaux sous son obéissance. La ville de Tafilalt n’a pas plus de 1400-1500 feux, son château y est tout en ruine, et à peu d’apparence d’une maison Royale : il est bâti de méchantes pierres et de cailloux qui sont liées de terre-rouge au lieu de chaux.
Pour se rendre maître du pays, il n’y a qu’à l’être de la campagne et chaque Sharîf qui y a son château relève toujours de celui qui la tient.

[Prise du Sus, fuite du Murabit, Sidi ‘Alî, au Sûdân, attaque de Rashîd, opposition ferme des Bambaras, retour au pays]

Politique intérieure : 1669 :

Comme la paix régnait par tous ses Etats, et qu’il avait détruit tous ceux qui les pouvaient troubler, il voulut faire comme ont toujours fait ses prédecesseurs, qui est d’amasser un grand trésor. Il envoya à cet effet par toutes ses Provinces pour tirer des contributions excessives. Une Qabîla d’Arabes refusa de les payer, aléguant pour excuse leur pauvreté, et comme on les y voulait contraindre, ils tuèrent quelques uns de ceux qui les demandaient.
Le Roi envoya Bûsta Général de ses Noirs, contre eux, avec ordre de lui en apporter les têtes sans faire grâce à personne. Mais comme ils en eurent vent, les plus diligents s’enfuirent aux montagnes : il ne resta seulement que les femmes, les enfants et qq vieillards au nombre de 600, que ni l’âge ni le sexe n’exemptèrent de la cruelle boucherie qui en fut faite et leurs têtes furent portées à Fàs, et posées sur les murailles par les captifs, qui pensèrent tous mourir de l’horrible infection qu’elles rendaient.

Propagande Royale

Pour couvrir les cruautés de qq apparence de justice, il fit une ordonnance qu’il envoya à tous ses Gouverneurs pour la faire publier dans leurs Gouvernements. Elle portait que ceux qui pillaient les voyageurs, et ceux qui les retiraient, fussent exactement recherchés et eux et leurs familles détruites. Voulant que la Province fut responsable du tort qui s’y ferait, qu’on chatiât exemplairement les femmes publiques, les ivrognes, et que les personnes accusées et convaincues d’adultère fussent punies suivant les loi du Qur’ân.
Cette ordonnance n’eut pas plutôt été publiée que le peuple bénit le jour qu’il avait commencé à régner, d’auatnt que les chemins, qui avaient toujours été remplis de voleurs, furent rendus libres, et par ce moyen le commerce étant assûré, l’abondance commencé à régner en tous lieux, et toutes choses devinrent si bon marché qu’un personne pour une monnaie de ce pays, qui valait environ 3 fois la notre, pouvait vivre une journée entière faisant fort bonne chère.
Mais pendant qu’il faisait ces Ordonnances en faveur du peuple, il dépouillait les principaux et les plus riches de leurs trésors et de leurs biens, sous prétexte de leur ôter le moyen de se soulever, et il les distribuait à ses Capitaines et à ses premiers Officiers pour les tenir toujours plus affectionnés à son service.

Les Maures méprisent leurs Rois lorsqu’ils sont débonnaires et pacifiques, disant que si les Chrétiens venaient pour leur faire la guerre, et que leurs Rois ne fussent pas ainsi cruels, ils n’auraient pas le courage de s’armer contre eux pour les repousser.

De plus, ils tiennent encore à grande gloire de mourir de la main de leur Prince, surtotu s’il est Sharîf, croyants que ce faux-prophète les place incontinent au ciel pour avoir été sacrifiés par la colère de ses descendants, et ne pleurent jamais ceux qui ont eu une mort si honorable, les etsimants de tout point bienheureux.

Il en est ainsi de ceux qui meurent à la guerre contre les Chrétiens, ils sont réputés martyrs, et leurs sépultures sont ornées de fleurs et de bannières.

Diplomatie avec les Britanniques

Sa Majesté Britannique lui envoya quelques lances d’une admirable hauteur que Mwlay Rshîd reçut avec grandes démonstrations de joie, après les avoir considérées, il dit :
« Faut-il que le Roi d’Angleterre m’envoie des présents, et que je ne trouves rien dans mes Royaumes qui soit digne de lui ? Il ne lui manque rien des choses qui sont en mon pouvoir, il a de l’or et de l’argent en plus grande abondance que moi, ainsi ce ne sont point de tels présents que je dois lui faire ! »
Zidân, l’un de ses favoris lui dit :
« Mawlay, si les Rois chrétiens envoient vers toi, ce n’est pas pour en retirer des bienfaits, ils ne prétendent autre chose que leurs misérables sujets qui sont chargés de fers dans tes Etats, et la compassion qu’ils en ont oblige apparemment leur Grandeur à te les envoyer demander.
-S’il n’y a que cela, répondit le Roi de bon cœur, dès le jour qu’arrivera ici l’ambassadeur, tous les Chrétiens qui sont captifs dans mes Royaumes, pour ne paraître pas moins généreux que lui, je les fais libres. Il envoya des courriers en diligence avec ordre aux gouverneurs d’Al-Qsar et de Titawan de tenir sur les chemins tout ce qui serait nécessaire à l’ambassadeur et à sa suite.

Mylord Howard se disposa d’entrer en Barbarie, et ses présents, qui étaient un carosse superbement enrichi avec 12 chevaux frisons très beaux, quelques riches étoffes et 6 pièces d’artillerie de bronze, furent débarqués à Sala, avec une partie de ses valets, et son secrétaire.
L’ambassadeur était sur son départ et ses gens en bel ordre, avec 6 trompettes à leur tête, quand un courrier lui arriva de la part du Roi, le priant de différer qqs 15 jours d’avantage, d’autant qu’il allait à une expédition et ne pouvait remettre à un autre temps et qui importait à la conservation de sa vie et de son Etat.
La cause de cette expédition était que les fils de Mawlay Muhammad, roi de Tafilalt, qui s’étaient retirés dans les montagnes [….] firent dessein avec le Qâ’id de Fàs al-Bâlî, qui avait été autrefois grand ami de leur père, de s’en venger sur la personne même du Roi […] de Taza […] il dépêchèrent un renégat anglais à ce Qâ’id avec des lettres qui l’avertissaient qu’il était en tel lieu, et qu’il tua le porteur. Ce renégat savait un peu lire l’arabe, […] ouvrit la lettre, et y voyant sa sentence, […] la fut porter au Roi, qui l’en récompensa largement en le faisant Directeur Général de ses Magasins de Blé.

L’un de ses neveurs, Mawlay L-‘Arbî, plus avisé que ses frères, demeura le dernier à prendre la fuite […] au lieu de prendre la même route […] tira du côté de Fàs […] et accompagné d’un esclave noir, entra dans L-‘Araysh, place d’armes du Roi d’Espagne […] il passa de là en Espagne, et s’y fit baptiser sous le nom de Don Gaspar de Tafilet.

[Nouveau changement de programme, les arabes du Gharb craignent pour leur sécurité si les anglais reconnaissent leurs pays, demandent de repartir à Sala, et Lors Howard rentre chez lui, Sultan offensé, supplicie horriblement un esclave chrétien pour avoir trouvé de l’urine dans les écuries.]

Destin d’un Qâ’id du Moyen-Atlas (p.210) : 

Un shaykh des montagnes voisines du Tadla, qu’il avait fait Qâ’id de cette province, et qui avait depuis fait bâtir un château très fort au lieu de son Gouvernement, un peu avant la venue de Mawlay Hmad, empêcha les troupes de ce Prince de passer l’ Wad al-‘Abid, dans le temps que le Roi était vers Agadir. Il l’envoya appeler sous prétexte de récompenser ce service en lui donnant un gouvernement plus considérable.
[…] Le Qâ’id le fut trouver : le Roi le caressa fort, le fit manger avec lui, l’entretint longtemps, et ensuite, comme il le croyait extrêmement riche, il lui demanda une grande somme d’argent, sur ce qu’il en avait besoin pour payer ses troupes, auxquelles il n’avait rien donné depuis son arrivée. Sur l’espérance qu’il avait conçue de la bonne volonté du Roi, il lui accorda tout ce qu’il désira de lui, et envoya prendre 600 tant Nègres que négresses de ses esclaves avec 800 chevaux, 1000 chameaux, 400 mules et 25 Qintar d’argent, qu’il présenta au Roi.

Mwlay Smâ’il, qui n’avait demandé que de l’argent, fut surpris d’un présent si riche, il prit dès lors plus d’ombrage de lui, qu’il n’avait eut avant cela, et, s’imaginant qu’il fallait qu’il fut beaucoup plus riche qu’il ne pensait, et qu’avec ses moyens, lorsqu’il serait las de vivre sous son obéissance, il pourrait bien lui faire tête : pour l’en remercier, il lui dit qu’il avait eut avis qu’il voulait se soustraire du devoir d’un sujet, et quoi que le Qâ’id pût faire pour s’en justifier, il le fit mettre aux fers et 6 mois après lui trancha la tête, et s’empara de tous ses biens.

Soumission du Moyen Atlas :
Plusieurs Shyûkh Barbares des montagnes de Mulwya et des Zawya le vinrent visiter au camps avec plusieurs riches présents. Le roi leur envoya tous ses instruments et tambours de réjouissance ; ces shyûkh crurent qu’il avait dessein de les faire mourir et que le repas qu’il leur fit préparer avec les mêmes instruments n’était que pour se moquer d’eux, et qu’il serait suivi de qqchose de sinistre. Après le dîner, le Roi les manda, ils allèrent le trouver et, après avoir baisé la terre prs fois, ils se jettèrent à ses pieds, lui faisant mille prosternation, qu’ils n’avaient jamais été autres que ses fidèles sujets, et qu’ils ne reconnaissaient pas d’autre Roi que lui.
« Je doute, leur dit-il, si je suis votre roi, étant rois vous-même, n’est-il pas vrai que lorsque je vous envoie demander les Garammes qui me sont dues, vous ne m’en envoyés que ce que bon vous semble, vous tenant aussi souverains dans vos montagnes comme je le suis dans cette armée ?
-Mawlay, lui dirent-ils, si nous n’accordons souvent ce que tu nous demandes c’est que nos forces ne peuvent s’étendre d’avantage. Nos montagnes sont pauvres et nos gens aiment peu à donner, et si nous les pressons contre leurs volontés, ils se révoltent contre nous, nous détruisent nous et nos familles.
Le Roi, voyant qu’ils défendaient bien leur droit, les renvoya absous dans leurs montagnes, avec ordre de lui tenir prêt dans peu, 100 Q d’argent, 10 000 moutons, 600 bœufs, 1400 vaches, 1600 chameaux, 2000 mulets, 1000 chevaux, 1000 nègres et négresses.
Les Shyûkh, se voyant échappés du péril qu’ils avaient crû courir de leurs vies, se retirèrent promptement vers leurs peuples, qu’ils assemblèrent pour leur faire entendre la volonté du Roi, et les menaces qu’il avait faites. Ce qui les fit résoudre de ne pas lui refuser tout ce qu’il avait demandé, et commencèrent dès lors à faire cette levée.

TAFILALT :
Tafilalt est un grand royaume en Afrique au-delà du mont Atlas, éloigné de 120 ou 140 lieues de la mer, au sud est de la ville de Fàs, et qui était anciennement connu sous le nom de Numidie, c’est un pays extrêmement sablonneux et stéril, presque partout, à cause des chaleurs excessives qui y règnent pendant toute l’année. Il ne peut produire de blé, et l’orge qu’on y sème en petite quantité le long des rivières et au temps des pluies qui sont rares, y croît aussi qu’avec beaucoup de peine.
Les Shurfa et les Qâ’id sels, qui sont les nobles du pays, en peuvent acheter, à cause qu’elle est trop chère pour le peuple, qui est extrêmement pauvre et misérable, et qui ne vit que de dattes et de chair de chameau.
L’eau est fort rare aux lieux éloignés des rivières, et il n’y en a pas d’autre que celle de pluie, qui tombe qqfois en de certains hivers avec abondance, et qu’on conserve dans des citernes, si bien que les hommes et les animaux domestiques ne boivent la plupart du temps que du lait de chameau, qui est un animal qui sert à désaltérer les autres, et qui peut passer 2 jours sans boire.
Les provinces qui dépendent de ce royaume sont celle de Twat, qui est du côté du levat, celle de Draa, qui est au sud, et les déserts de Sahara qui contiennent les peuples de Ferkla, Tudgha, « Gharis », de Tûgdût, de Sddrât, de Mgûna, de Skûra, de « Hadet », lesquels habitent chacun près des rivières de ce nom, et tirent leur origine des montagnes de l’Atlas, Zaymbî et Wilawa.
Il n’y a que la seule ville de Tafilalt dans ce royaume, elle est assise sur la rivière qui lui donne son nom, et à tout le reste du pays. Les peuples de cet Etat sont de 3 sortes, et sont composés de Shurfa, d’Arabes et de Barbares. Les premiers sont descendus de l’imposteur Muhammad et demeurent dans des Châteaux. Les arabes ont été amenés dans le pays avec ceux-ci et My ???? qui était leur prince et My (sic) Al-Mansûr, comme nous avons déjà dit, et les Barbares sont les anciens habitants.
Ce sont des gens secs, hauts et basanés qui demeurent dans des villages entre les montagnes, et qui nourrissent quelques bestiaux, qu’ils échangent avec les arabes pour des dattes.
Il y a quantité d’Autruches, qui sont grandes comme des génisses de 6 mois, et très grasses, on les prend à la course et elles sont très bonnes à manger.
Ce pays abonde en dromadaires, qu’ils nomment « Mehery », et qui ressembent presque en tout aux chameaux, hormis qu’ils ont le corps et les jambres plus déliés, et 2 bosses, l’une moindre que l’autre. Ils sont si légers et vont avec tant de vitesse, qu’ils font qqfois en un jour et une nuit le chemin qu’un bon cheval ne pourrait faire qu’en 7 ou 8 jours. Lorsqu’ils naissent ils demeurent prs jours sans remuer, comme endormis. Pour compter les jours qu’ils sont en cet Etat, les barbares leur attachent au col une bourse de cuir, où ils mettent chaque jour une petite pierre, et ils assurent, pour l’avoir expérimenté, qu’ils pourront faire en 24 haures autant de chemin qu’un cheval est capable d’en faire pendant autant de jours qu’ils ont été à sortir de leur assoupissement.

De la religion des maures :

Le Qu’ân ordonne de croire en 5 choses principales, sans lesquelles pesonne ne peut être sauvé.

I : Unicité et figure du Messie et de Muhammad :
La première, qu’il n’y a qu’un Dieu sans trinité de personnes, comme il dit que les patriarches, les prophètes, et le peuple Isrâ’îl l’ont crû jusqu’à Yasû‘ le Messie, que ces Barbares appellent Rawhu L-Lah, qui veut dire « aimé de Dieu » (sic), croyant qu’il a pris naissance d’une vierge appelée Maryam, et a fait une infinité de miracles. Ils disent qu’il avait apporté au monde la véritable Religion ; qu’il était plus saint que tous les hommes qui ont précédés sa naissance, et que son incarnation a été telle que nous la croyons, et même aussi annoncée par l’Archange Jabrâ’îl ambassadeur de Dieu ; mais qu’il n’est pas mort comme nous estimons, d’autant que lorsque Yhuda le voulut livrer aux Yahud, Dieu l’enleva dans les cieux, où il est en Corps et en Ame, et fit prendre sa ressemblance à l’un de ses disciples, qui fut crucifié à sa place, et qui est celui qu’ils croient que nous adorons. Ils croient encore que ce Messie doit revenir sur terre vivre 40 ans, pour remettre toutes les Nations sous une même Loi et Religion (d-Dîn w l’Imân), qu’il sera alors enterré au tombeau que Muhammad a fait faire au droit du sien ; que tous ceux qui auront suivi sa doctrine jusqu’à la venue de Muhammad, qu’ils appellent le grand favoris de Dieu, et l’interprète de ses volontés, seront sauvés, mais que la doctrine que nous suivons aujourd’hui n’est pas celle qu’il nous a enseignée, d’autant, disent-ils, qu’il prophétisa que Muhammad viendrait après lui, pour perfectionner ce qu’il n’avait pas eu le temps d’achever à cause de la persécution des Yahud.

II : Fidélité aux Ecritures Saintes :

Le second article de foi est de croire que les Livres de Mûsâ (Tûrât), les Psaumes de Dawud, les Saints Injîl qu’ils tiennent traduits et interprétés par Sarjis en leur faveur et à leur mode, et le Qur’ân sont Ecritures Saintes et apportées sur terre par les Anges ; qu’elles sont les règles certaines de vérité, pour conduire les hommes à l’éternité bienheureuse, que quiconque ne les croit et ne les observe pas est un infidèle (kâfir)

III : Jugement Dernier, Enfer et Paradis :

Le troisième est la résurrection des morts au jour du Jugement, où Dieu doit juger et rendre à chacun selon ses œuvres, qu’il y a un enfer pour les réprouvés où ils brûleront pendant toute l’éternité, et un paradis, où ceux qui auront été fidèles observateurs des Commandements de Dieu et de sa Loi, seront éternellement récompensés dans la vision béatifique de Dieu, de ses Anges et de Muhammad ; et dans la jouissance de 70 vierges avec lesquelles ils prendront incessamment leurs plaisirs sans qu’elles perdent pour cela leur virginité,qu’ils auront à souhait toutes sortes de mets délicieux, des rivières de lait, de miel, et d’eau de roses, afin de les laver, lorsqu’ils auront eu à faire avec ces pucelles, et que les excréments du corps s’évaporeront en de très agréables suerurs, et enfin qu’ils habiteront dans des maisons de délices, construites de pierres précieuses et de perles.

IV :

La quatrième est de croire que ceux qui ne seront pas de la Loi Muhammadienne souffriront les peines éternelles.

V : Jeûne du Ramadan :

La cinquième est qu’il faut observer les 30 jours de leur Ramadan ou Carême, où ils ne mangent pas depuis 2 heures avant le jour jusqu’à ce qu’ils voient les étoiles au Ciel, ce qu’ils observent si régulièrement que j’en ai vu tomber morts dans les rues pour ne pas violer leur jeûne.

Autres pratiques secondaires :

Ces articles sont les fondements de cette Loi, d’où dérivent toutes les autres cérémonies qu’ils pratiquent comme :

La circoncision des enfants en âge non limité,

Leurs prières et oraisons de jour et de nuit à certaines heures ordinaires

Les lavements continuels de leurs corps, dont ils purifient leurs péchés, d’autant qu’un homme toutes les fois qu’il a connu sa femme ou fait qq crime ne peut entrer dans la Jâmi‘ ou Mosquée qu’il n se soit ainsi purifié au bain et lavé toutes les parties du corps sans rien réserver.

Ils se nettoient de cette manière pourvu qu’ils prononcent ces paroles essentielles de la Loi :
« Lâ Ilah Ilâ Allah ; Muhammad Rasûlu-L-Lah »
qui veulent dire : « Il n’y a qu’un Dieu et Muhammad est son Envoyé. »

Mosquée, Tullab, 

Ils sanctifient le Vendredi qui leur est comme notre Dimanche ; ils vont ce jour là à 2 heure après midi aux Jwâmi‘ ou Mosquées principales faire la Calat qui veut dire Oraison, y étant appelés par les Tullab qui sont leurs Prêtres, lesquels hurlent de dessus le sommet des tours, qu’ils ont pour cet effet.

Ces Tullab sont mariés et entretenus des revenus des Jwâmi‘, qui sont très riches des dons qui leur sont faits par les plus dévots en mourant ; lesquels fondent aussi de quoi entretenir de petits Hôpitaux pour les étrangers infirmes et pour faire ensevelir et enterrer ceux qui sont pauvres.

Ils ne peuvent entrer dans ces Mosquées qu’ils n’ôtent auparavant leurs souliers et leurs caleçons, s’ils les ont portés plus d’un jour, ils n’y peuvent tenir non plus que dans leurs maisons, aucunes images ni figures.

Fêtes Obligatoires :

Ils ont 3 Pâques, qui se doivent sanctifier 7 jours durant, pendant lesquelles ils vendent et achètent comme les autres jours, aussi bien que les Vendredus :

I : La première est le premier jour de la Lune d’après le Ramadan (Jeûne des 10 commandements)
II : la seconde est de deux lunes et 10 jours après celles du Ramadan, pendant laquele ils font le sacrifice à Muhammad, d’autant de moutons qu’il y a d’enfants mâle dans chaque famille, en mémoire du sacrifice d’Abraham, père d’Ismâ‘îl, premier père des Arabes Sarrasins, d’où ils croient que descend la mère de Muhammad. (Sacrifice du Nouvel An de Septembre)
III : Et la troisième est de troi lunes et 2 jours après la seconde, qu’ils célèbrent en l’honneur de la naissance de leur faux prophète, et pendant le premier jour de laquelle ils mangent de la bouillie en mémoire de ce que Muhammad en mangea. (Fête du Solstice d’Hiver, naissance de Jésus). Ils mettent dans leurs Mosquées la nuit qui la précède quantité de lapes, et de cierges allumés, et dessous, leurs Tullab chantent ses louanges sans cesser jusqu’au point du jour.

Toutes ces fêtes, de même que me Ramadan, arrivent tantôt dans une saison, et tantôt dans une autre, d’autant que leur année n’est composée que de 12 lunes.

Ashûra :
Ils ont encore une autre fête, dans laquelle ils sont obligés de donner au Prince la 40ème partie de leur argent. Ils ne la solennisent qu’un journée, pendant toute la matinée, ils se jettent quantité d’eau les uns au autres.

Sydnâ Yahya :
Le 24 juin, suivant le compte de l’ancien calendrier, ils font la fête de Sidnâ Yahya, allant dans leurs jardins faire des feux de joie, et de grandes réjouissances, brûlant la nuit qui la précède quantité d’encens alentour des arbres fruitiers, afin d’obtenir la Baraka, qui est la bénédiction de Dieu.

Barakat Muhammad :

Tous ceux qui seront tombés dans qqs pêchés, lesquels auront mérités l’enfer, pourvu qu’ils réclament l’assistance de Muhammad, ils le verront sortir du Ciel pour descendre aux enfers en forme d’un agneau, et ces âmes souffrantes se changeront en puces pour se cacher dans sa laine, après quoi ils remontera au Ciel où Dieu lui demandera d’où il vient (comme s’il ne le savatit pas ! ) et il répondra qu’il vient des enfers en retirer qqs âmes qui avaient imploré sa protection, et qu’elles se sont cachées dans sa laine à cause que les Anges, qui gardent les portes du Ciel, ne les auraient pas voulu laisser passer : Ensuite de quoi, il demandera à sa divine majesté miséricordes pour elles, et pour lors Dieu à sa considération, leur pardonnera.

Enfants et Vierges innocents :

Ils croient encore que tous les enfants qui meurent avant l’âge de 15 ans, soit de pères Chrétiens, Juifs ou Idolâtres, vont au Ciel, d’autant qu’ils sont encore innocents, et n’ont pas eu la connaissance du bien et du mal, et par conséquent, sont exempts des peines éternelles ; mais que tout aussitôt qu’ils passent cet âge sans reconnaître Muhammad pour le favoris de Dieu, ils sont perdus éternellement : toutefois que les filles non Muhammadiennes, qui sont mortes vierges, sont réservées pour accomplir le nombre des 70 vierges que chacun d’eux doivent connaître dans le Ciel, ne s’en pouvant pas trouver un assez grand nombre de celles qui ont fait profession de la Loi de Muhammad.

Conversion et Jihâd :

Le Qur’ân ordonne qu’on le fasse recevoir par force, si l’on ne le veut recevoir de colonté, et qu’on fasse la guerre aux Chrétiens, à cause qu’ils adorent Yasû‘ le messie pour Fils de Dieu, n’étant que Prophète, et qu’ils ne veulent reconnaître Muhammad et il porte que tous ceux qui meurent en les combattant vont incontinent au Ciel ; et que s’ils en ont tué qq’uns, ils méritent des récompensens infinies, et que les chevaux qui y meurent les accompagnent dans le Ciel.

Mariages et Divorces :

Il permet la pluralité des femmes, ils en peuvent épouser 4, auxquelles ils donnent dot, sans les concubines, dont ils en peuvent avoir autant qu’ils en peuvent nourrir, légitimant les enfants qui naissent des unes et des autres.
Ils peuvent les répudier lorsqu’ils les trouvent en faute, ou lorsqu’elles sont si bizarres qu’elles ne se peuvent accorder avec eux ; celles qu’ils ont épousés, en leur payant leur dot, et les concubines qui sont leurs esclaves, en les revendant à d’autres, et gardant leurs enfants.

Simplets, magiciens, Murâbit :

Le Qur’ân commande encore de tenir pour saints tous les innocents et pauvres d’esprit, ce qu’on observe très exactement et on les canonise dès leur vivant, aussi bien que ceux qui savent faire quelque sorcellerie, qu’ils disent avoir l’esprit de leur Prophète, et ils bâtissent à ceux-ci, après leur mort, de petites chapelles, qu’ils appellent Runda, où ils vont en pèlerinage, et leurs tombeaux exemptent de mort toutes sortes de criminels, et les personnes qui, fuyant la colère du Roi, s’y réfugient, le pouvoir des Rois ne s’étendant pas à les en faire sortir violemment mais seulement d’empêcher de leur porter de la nourriture.

[…] ils vivent pour la plupart au milieu des peuples et dans les Villes om ils sont fort révérés ; et les Mrâbtîn vivent où bon leur semble, mais le plus souvent retirés dans des forêts, ou sur de hautes montagnes, où ils mènent une vie d’ermites. Ils sont vêtus d’habits racoutrés d’une infinité de pièces de toutes couleurs, portant des bourdons et de certains grands chapelets qu’ils mettent au cou.

Interdit des Jeux :

Le Qur’ân fait aussi défense de jouer à toutes sortes de jeux de hasard pour de l’argent, et s’il y en a qui jouent, il faut que ce soit dans des lieux peu fréquentés, ou de nuit, d’autant que si la justice en était informée, ils seraient menés prisonniers, battus de coups de bâtons et paieraient une grosse amende, et si celui qui a perdu son argent voulait s’aller plaindre, il lui serait rendu, et le gagnant subirait la peine ordonnée par la Loi.

Pèlerinage :

Elle commande aussi d’honorer ceux qui ont fait le voyage de la Makka, lesquels pour être distingués et se faire reconnaître, portent pendant qqs temps des Turbans verts, qui est la livrée de Muhammad.

Cohabitation :

Chrétiens et Juifs qui entrent dans les Mosquées ou qui sont trouvés avec des Muhammadiennes, et qui parlent mal de leur Prophète, doivent être brûlés s’ils ne se font renégats.

Des Rois :

Les royaumes de Fàs et Murâksh ne sont pas héréditaires, les peuples ont droit d’élever sur le trône celui qu’ils estiment le plus vertueux, et le plus digne de leur commander, et c’est le plus souvent quelque Murabit.

Néanmoins, il arrive qqfois que des ambitieux s’en emparent par la trahison ou par la force, et comme il n’y a pas de perfidie qu’ils aient craint de commettre pour régner et qu’ils n’ont respecté pour cela ni le devoir ni la nature, ils en trouvent ensuite d’autres, qui ne leur sont pas plus fidèles, et qui n’ont pas plus de respect pour eux.
Le Fils n’épargne pas le père, ni l’oncle le neveu, ni le frère le frère, les têtes de leurs plus proches leur servent indifféremment de marche-pied et de degrés pour monter sur le trône.

Les Rois qui se font par élection ne peuvent lever aucun subside ni contribution, que ce qui est porté par les lois du pays, qui leur donnent seulement la décime des blés et des grains, des bestaux, des beurres, du miel et des huiles, avec une certaine somme d »argent qui est fixée ; et ceux qui se sont violemment emparés de la Couronne, se font payer outre ces droits, de grosses « Garammes » ou tailles, que leurs Gouverneurs reçoivent, et contraignent ceux qui n’ont pas de quoi payer, à travailler un certain temps aux ateliers du Roi.
Lorsque les Rois par élection vont à la guerre, ils ne sont obligés de donner que la nourriture à leurs soldats, qui doivent se raner sous leurs enseignes, et les suivre au premier son de trompette, mais il faut avouer qu’ils en sont bien mal servis, et comme les usurpateurs les soudoient, et qu’ils gagnent d’avantage avec eux, dès qu’il s’en élève un, ils abandonnent lâchement leur Prince pour se ranger à son parti.

[…] Ils divisent leur cavalerie en deux et la mettent sur les ailes, l’infanterie occupe le milieu et prend la forme d’un croissant […] ils font d’abord un grand cri qui est suivi de qqs courtes prières, pour demander la victoire. Les armes de la cavalerie, qui est toujours proche du Roi, sont des fusils et des cimeterres. Elle est ordinairement composée d’esclaves noirs. Les autres cavaliers ne portent que des lances, quant à l’infanterie, une partie ets armée de fusils, et les autres d’arbalettes, de frondes, de massues, de demi-piques ou sagaies, et de cimeterres.

Le Roi de Fàs peut mettre sur pied 10.000 chevaux et 20.000 hommes de piedpour faire la guerre à un autre Roi maure, comme à celui de Tafilalt ou de Murrâkush […]

Mais si c’était pour faire la guerre aux Chrétiens, chacun fait gloire d’y aller gagner des indulgences pour satisfaire à leurs péchés, et dans ce temps, leurs armées sont sans nombre.

Tous les Arabes ou les Bèrebères par où doit passer l’armée sont obligés de tenir sur les lieux où elle campe des provisions de blés, orges, farines, beurre, huiles et bestiaux pour la sustenter, et s’ils ne le font pas, ils courent le risque de voir tout ce qu’ils ont être mis au pillage, et d’être eux même taillés en pièces.

Les Rois sont souverains Seigneurs sur le spirituel et sur le temporel. Leur clergé est autant obligé de suivre toutes leurs lois comme le reste du peuple. Ils font eux même les Qudât, deux, des quels l’un à Fàs et l’autre à Murrâkush, président sur tous les autres Qudât et Tulba, des Jwâmi‘ de ces Royaumes, et ces deux là jugent et dispensent de toutes les choses qui concernent la Loi du Qur’ân.
Lorsque les Rois font quelques lois, les Gouverneurs les font publier à cri public par tous les lieux où se tiennent les marchés dans leurs Gouvernements, afin qu’elles ne soient pas ignorées.

Quant à la police du Royaume, les Gouverneurs en sont les Juges en dernier ressort, et ils ont bientôt terminé les procès ; car après avoir entendu les parties et leurs témoins, ils prononcent la sentence sur le champs, exceptée celle de mort.
Les Larrons pour les 2 premiers vols, s’ils sont considérables, ont leurs mains coupées et le troisième, sont décapités ou traînés vifs. Si c’est de peu de chose, ils reçoivent 400 ou 500 coups de bâtons sur leurs fesses.
Pour les marchands qui vendent à faux poids et à fausse mesure, on leur […] qq espèce de leur marchandise, et les épaules nues, ils vont publiant par la Ville la faute qu’ils ont faites, les bourreaux marchent derrière avec un bâton d’un main et une corde de l’autre, qui leur en donne des coups de temps en temps, puis ayant achevé sa promenade, on confisque la marchandise, et on constitue l’homme prisonnier, pour lui faire encore payer l’amende.

Les femmes publiques et les ivrognes, lorsqu’ils sont trouvés dans leurs délits, sont punis de bastonnades, et menés en prison pour payer l’amende.

Les adultères par ordre du Qâdî, auquel ils se renvoient sont rigoureusement punis de mort

Les criminels de lèse-majesté sont jetés sur de grands crocs de fer, décapités ou traînés à la queue de quelque mûle.

Il n’y a que l’abominable péché dqui cause l’embrasement de Sodome et Gomorre, qui se commet presque publiquement et avec impunité.

La justice criminelle ne peut faire mourir personne, que le Roi ne l’ordonne, et que le Vice-Roi qui en est le chef n’en ait un commandement exprès.

Les Rois ne se contentent pas d’avoir autant de femmes qu’il leur plait, ils font encore gloire d’être les premiers à s’adonner à cet abominable péché.

Lorsqu’ils vont en campagne, les Shyûkh des Arabes ou Berbères tiennent à grand honneur de leur faire présent de la virginité de leurs filles, et les leur mènent sur des chameaux lorsqu’ils passent pr leurs quartiers, our obtenir par ce moyen qqs grâces.

Ils mènent encor eà leur suite leurs femmes les plus chéries, qu’ils font accompagner d’un quantité d’eunuques qui marchent devant et derrière, et qui envoient des avant-coureurs sur les chemins pour en faire retirer tous els hommes, qui s’y peuvent rencontrer.

Elles vont montées sur des mules sur lesquelles on pose une manière de tabernacle couvert de linge blanc, pour le sgaratir des ardeurs du soleil et des injures du corps. Lorsqu’elles sont enceintes, ils les renvoient au Saraî, d’où elles sont parties, pour en faire venir d’autres : elles ont u camp séparé de celui des hommes, où personne n’entre que le Roi et les Eunuques, et sont sujettes à supporter toutes les disgrâces et les fatigues d’un pénible voyage, et à ce propos il me souvient que dans un endroit de la vie de M Smâ‘îl lorsqu’il fut assiégé des neiges entre les montagnes de Zaîndî, et de Gudaoa, et qu’il se sauva à la faveur de la nuit, prs de ses femmes furent contraintes de marcher à pied, ainsi que qqs enfants du Roi, l’une desquelles s’étant laissée tombée en montant, se perdrit au milieu des neiges dont on ne peut avoir aucune connaissance.

Voici la manière dont ils mangent :

Leurs tables sont de peaux peintes ou dorées, faites en rond, qu’on étend contre terre sur qq natte de jonc, bien travaillées, où ils s’assoient avec leurs plus familiers, lorsqu’ils les y appellent.
Ils ôtent en premier leurs souliers, et s’assoisent en tailleur autour de la table, les officiers qui les servent sont leurs qâ’id noirs.
Ils leur apportent un bassin de cuivre jaune, où la compagnie lave la main droite. Le premier de tous les mets qu’on leur donne et qui sert de potage, est un plat de kusksu, qui est de fine fleure de farine semblable à de l’anis ? un peu couvert, sur lequel sont qq poules bouillies, et des pigeons et du mouton, et sans aucune cérémonie, ils disent seulement ces paroles : au nom de Dieu, puis ils enfoncent leurs mains dans le plat jusqu’au poignet.
Ces plats ne sont que de fayence très large par le haut, et très étroits par le fond, ils mangent àpoignées, et font comme de petites pelottes de ce kusksu, qu’ils lancent dans leurs bouches. …
Comme ils ne mettent que la main droite au plat, lorsqu’ils rompent la viande, chacun tire un morceau, comme font des chiens, qui sont acharnés autour d’une carcasse, sans dire une seule parole pendant le repas.
Ensuite, on leur sert dans un grand basin de cuivre qqs écuelles de porcelaine ou de ;;;vernies (car ils ne peuvent manger dans l’or et l’argent).
Les unes remplies de viandes fricassées avec du miel, des amandes … et quelques confitures à leur mode… dessert.
Ayant achevé le repas, ils s’essuient les doigts sur les bords du plat, et avec la langue il se lavent la main, une seconde fois, en disant : al-Hamdulillah, qui est comme grâce à Dieu.
Ils ne boivent que de l’eau en public, qu’on leur sert dans une bourse de cuir, pour être plus fraîche, et lorsqu’ils boivent du vin, ou d’autres liqueurs, c’est au-dedans du sérail.

Modes :
Ils n’ont pas de lieu ordinaire pour manger, la plupart du temps, c’est entre leurs chevaux, et ils n’ont d’autres plaisirs après le repas, que de les visiter, ou leurs femmes, envers lesquelles ils n’usent ni de civilité ni de cette douceur qu’on observe en Europe avec ce sexe.
Le roi M. Smâ‘îl qui règne à présent n’est agé que de 36 ans et cependant il y a 2 ans passés, il avait plus de 60 enfants garçons et filles, sans compter ceux qui son morts.

Civilité :
La civilité que les Grands rendent à leurs Rois, c’est d’oter leurs souliers lorsqu’ils s’approchent d’eux, pour leur parler, et de leur faire de profondes révérences. S’ils viennent de voyage, d’aussi loin qu’ils les voient, ils se déchaussent, baisent la terre prs fois avant d’arriver à eux, et ensuite ils se jettent à leurs pieds pour les baiser et se relèvent pour faire leurs compliments, qui sont agréables à entendre.

Richesse des Rois :
Les Rois de F,M et Tafilalt n’ont aucun domaine tous leurs biens sont les ‘ushr, leurs « gharam » ou tailles extraordinaires qu’ils font payer à leurs sujets ; Et afin de laisser leurs enfants riches après leur mort (je parle des tyrans qui s’élèvent par force), ils tyrannisent bcp leurs peuples.
S’ils connaissent qqs familles puissantes et riches, ils en font appeler les chefs qu’ils obligent de leur donner de gdes sommes et s’ils veulent s’en excuser, il leur font imposer qq crime pour colorer leur tyrannie et les ruiner.

Richesse libre :
Quand les royaumes demeurent sans rois, comme avant les usurpations de M. Rshîd, chaque ville et province a son Qâ’id ou qq Murabit qui les gouverne souverainement et c’est pour lors que la Barbarie est riche et abondante de toutes choses.
Ceux qui sont opulents ne cachent pas leurs richesent et se font les compagnons de leurs gouverneurs, avec lesquls ils vont de pair. Mais sitôt qq insurgé reconnu Roi, chacun se fait pauvre, va mal vêtu, et cacher son argent sous terre, de peur que cette sangsüe ne leur ôte leur bien.

Du PEUPLE :
La tyrannie des rois fait que chacun est ou paraît pauvre.

Les habitants des villes, pour riches qu’ils soient font toujours apprendre à leurs enfants quelque vacation honorable, pour s’en servir au besoin, et eux-même trafiquent la plupart en Orient.
Les plus pauvres s’adonnent à l’agriculture des jardins, qui sont en grand nombre autour des villes, qui sont remplies de poiriers, pommiers, pruniers, abricotiers, orangers, citronniers, aandier, grenadiers et coignaciers.
Ils y sèment des laitues, choux, raves, navets, melons, citrouilles, concombres, persil, cerfeuil, pourpier, tabac et oignons, quant aux laitues et concombres que nous mangeons en salade, ils les mangnt avec du pain et du sel, en sortant du jardin, en lavant les unes dans de l’eau et en pelant seulement les autres.
Quant aux autres fruits, ils se mangent en saisin entre les repas, ne se pouvant consever, excepté les oranges et citrons, à cause des excessives chaleurs qui les font pourir 2 ou 3 jours après avoir été cueillis.

Les gens de campagne, qui sont arabes et bèrbères, ne sont propres qu’au labourage, et n’ont aucun autre métier ni vacation pour gagner leurs vies, ce qui les fait vivre misérablement.

Les arabes demeurent sous de méchantes tentes dans les plaines, où sont les meilleures terres à cultiver, en ayant chassé les bèrbères qq tps après y avoir été amenés par Mwlay Al-Mansûr. Ceux qui ne veulent pas obéir au Roi, lorsqu’ils savent qu’il approche de leurs régions, chargent tout ce qu’ils ont sur leurs bœufs, et leurs chameaux et se retirent dans des montagnes difficiles d’accès, où ils se retranchent jusqu’à ce qu’il s’en soit retourné, laissant leurs biens dans des cavernes ou matamores qu’ils ont sous terre, sur lesquelles ils labourent et sèment pour qu’on ne les trouve pas.
Les arabes quoique le splus nobles, sont les plus mirérables, ils sont plus soulés de tailles que les Bèrbères, et sont obligés de faire accompagner le Roi à la guerre, par leur cavalerie. Lorsqu’il craint qu’ils ne lui soient pas fidèles dans une province, il les envoie vivre dans une autre, comme l’a fait M.Smâ‘îl, aux Sha‘banât et aux autres peuples de Murrâksh, depuis la prise de cette Ville.

Les Bèrbères, qui sont les restes des Carthaginois, romains et vandales, anciens conquérants de l’Afrique, se sont retirés aux montagnes qui étaient auparavant inhabitées, où ils ont bâti des villages, des maisons et des châteaux, y ont planté des vignes, amandiers, noyers et oliviers et une infinité d’autres arbres fruitiers ; y nourrissent quantité de bestiaux qu’ils viennent vendre aux villes et en achètent des grains aux arabes, qui n’ont nul autre commerce.
Outre la langue arabe qui est commune à tous ces pays, ils se servent en particulier de la leur, qu’ils appellent shilha.
Les B ne vont pas à la guerre, sinon volontairement, à cause des Gharam qu’ils paient à cet effet. Aussi ne valent-ils rien lorsqu’ils sont hors de leurs montagnes, n’étant propres à se battre que lorsqu’ils sont à couvert de qqs rochers, ce sont eux qui la plupart du temps tiennent les grands chemins et volent les voyageurs.
Car comme il y a prs Qabâ’il ou peuples d’entre eux, qui ne reconnaisent pas le Roi, ils descendent su les arabes, qu’ils prennent au dépourvu, et leur enlève tout ce qu’ils ont, avant qu’ils se puissent préparer à se défendre, et quoi qu’ils suivent le Qur^’an, ils vivent comme des sauvages, sans en avoir que bien peu de connaisance. Ils disent qu’il leur suffit de savoir pour aller au Ciel, que leur prophète Muhammad est ami de Dieu.
Ils ne s’accordent avec les arabes que quand il faut combattre les Chrétiens, qu’ils croient devoir bientôt aller dans leur pays, ainsi que les Turcs. Mais ils aimeraient mieux y voir les Chrétiens que les Turcs, qu’ils estiment plus cruels.

Vêtement :
Les grands seigneurs sont vêtus à peu près de la manière des Turcs, de même que les bourgeois, lesquls portent de grands capots comme en Béarn. Et le peuple de campagne ne porte qu’une chemise de laine sans caleçon, avec une ceinture de cuir, et par-dessus un Hayk qu’ils tortillent comme on voit dans nos tableaux des Israelites sortant du désert.

Guerre :
Ils croient tous que les Français doivent aller jusqu’à Fàs, et y mettre le siège, mais qu’ayant assemblés leurs forces, ils nou le feront lever, comme il est écrit dans leurs prophéties, et qu’ensuite ils passeront à la conquête de l’Espagne, et du reste de la Chrétienré.
Que la ville de Sla doit être la première conquête, (…apologie de Louis)
qu’ont ne ferait que détruire les Corsaires qui prennent tant de vaisseaux chrétiens, dont ils vendent les hommes dans leurs pays, et les marchandises aux chrétiens eux même, qui sont assez lâches pour les acheter et leur porter en échange des armes, et autres contrebandes dont ils se servent ensuite contre nous.
[…] Depuis 15 ans, les marchands de Bordeaux, Bayonne, Marseille, Londres, Lisbonne, Cadix et Amsterdan se sont empresss d’acheter les dépouilles de leurs frères et ont fait refleurir la piraterie.

Les Mauresques et arabes, principalement celles qui habitent les villes sont très belles, blanches et très propres dans leurs habits.
Les plus estimées sont celles qui sont plus grosses et grases et afin de devenir ainsi, elles n’ont jamais d’habits qui les serrent.
Elles portent toutes des écharpes dont elles se ceignent le ventre.
Lorsqu’elles sortent en ville, elles se couvrent d’un grand voile blanc, qu’elles appellent hayk, fort délié, et se bandent le milieu du visage, afin de ne pas être vues par les rues, laissant seulement les yeux découverts pour voir à se conduire. Elles ne parlent jamais aux hommes dans leur chemin, pas même à leurs maris, qui ne les peuvent pas reconnaître lorsqu’ils se rencontrent ; d’autant qu’elles sont toutes vêtues de même sorte.
Elles se tiennent le corps très propre, et vont souvent aux bains se laver.

Quoique la plupart n’aient qu’un mari à prs, elles ne sont pas jalouses les unes des autres, encore qu’elles vivent la plupart ensemble. Ceux qui sont les plus riches leur donnent à chacune leur appartement ou lur logis, et leurs domestiques à part, demeurant un jour avec une, et un jour avec une autre.
Les princes et les grands seigneurs qui n’ont pas tant de bonne foi, les tiennent toutes enfermées dans leurs palais ou leurs h^tels, sous la garde d’un Eunuque, n’ayant pas la facilité d’en avoir prs qui les puissent garder séparément ; car venant de Guinée en présent au Roi, ils n’en peuvent avoir que de lui, qui leur en donne qqfois.

Quoi qu’il soit impossible aux femmes dans leurs logis d’y voir d’autres hommes, elles ne manquent pas d’industrie pour trouver des galants, ayant des esclaves noirs à leur disposition, qui les servent fidèlement en ces occasions. Elles prennent le prétexte d’aller aux bains, ou de rendre visiste à qq parente, chez lesquelles elles demeureront un moment, et au sortir de là elles trouvent leurs favoris, qui attendent qu’elles les suivent en des lieux qu’ils disposent à cet effet ; Ce qui leur est d’autant plus facile que jamais on ne s’étonne de voir un homme attendre de pied ferme contre une porte dans la rue, on ne demande pas ce qu’il y fait, y eut-il passé un jour entier, ce qui serait bien suspect en Europe.

Aucun homme ne les voit dans leur logis, sitôt que qqune d’entre elle s’enferme, le mari lui-même se mettant au devant d’elles pour les cacher.
Et lorsqu’il veut faire régal à ses amis, la femme monte sur le toit fait en terrasse, ou dans qq chambre haute, attendant qu’ils sortent, ce qui fait que leurs repas sont courts, ne s’arrpetant pas à discourir ou à se divertir comme on fait en France.

Lorsqu’elles se régalent pareillement avec leurs amies, leurs maris se tiennent entre deux portes, et y couchent aussi d’autant qu les femmes ne se régalent pas simplement d’un repas, mais une journée ou deux, et couchent toujours où elles soupent, ce qui contribue encire bcp à l’abus des pauvres maris, qui n’osent pas mettre le pied où elles sont pendant ce temps là.
Celles qui sont de qualité peuvent si facilement les tromper car elles sont gardée par des eunuques qui n’y laisent entrer personne, ni elles sortir dehors, cela leur étant défendu sur peine de leurs têtes.
Ils ne laissent pas cependant d’être corrompus d’elles, lorsque leurs maris vont à la guerre ;

Elles aiment particulièrement les Chrétiens, à cause qu’ils ne sont pas circoncis, et elles emploient toutes sortes de stratégèmes pour gagner ceux qui sont esclaves chez elles, et qui ont permission d’entrer dans leurs logis.

Elles vont têtes nues, n’ayant dessus qu’un simple voile de soie rouge, jaune ou bleu, et les cheveux tressés avec des flocons de laine noire,