Ibn Khurdadbeh, Tout le Maghreb Extrême, v. 850

ÉTATS DE LA DYNASTIE D’IDRÎS, FILS D’IDRIS, FILS D’ABD ALLAH, FILS D’AL-HASAN LE THA‘LIBY.

Tlemcen à 25 journées de marche de Tahert, sur un territoire partout cultivé; Tanger; Fez, résidence du souverain, à 24 journées de Tahert.

Derrière Tanger vient le Sous el-Adna (inférieur), à 2 000 milles de Qayrawân ; derrière le Sûs el-Adna, le Sûs el-Aqça (supérieur). Ces deux provinces sont à plus de 20 journées l’une de l’autre.

Au même souverain Idrisy appartiennent aussi Walila (en berbère, Walîly); Medaka; Zeloula; Rakoun, Hujra (Ibn Hawqal ajoute en-Nars « le nid de l’aigle »); Al-Hojayrab; Al-Hajir; Majrajra ; Figûn (Ifghan); Al-Khadra, sur le bord de la mer qui, en cet endroit, n’a que 6 farsakh de large; Awras ; le pays contigu au royaume du Dayi bn Dayi, et le pays des nègres qui vont nus, lequel s’étend jusqu’au rivage de la mer.

On a reconnu que le pays habité par les Abyssins et les Noirs a une étendue de sept années de marche. L’Egypte ne forme que la soixantième partie de la terre.

D’après l’opinion la plus répandue, la terre n’a pas moins de 500 années de marche, dont un tiers est cultivé, habité et peuplé, un tiers occupé par de vastes solitudes, et le dernier tiers envahi par les eaux de la mer.

Le roi de la famille des Adârisa ne reçoit pas le titre de khalifa ; on le salue du titre Ibnu Rasûl Allah.

ÉTATS DE L’ÛMAWY ISSU D’ABD AR-RAHMAN bn MU‘ÂWYA bn HISHÂM bn ABD AL-MALIK bn MARWÂN.

Le pays d’Al-Andalus situé de l’autre côté de la Méditerranée. Qurtûba est à 5 journées de la mer. Depuis le littoral de la province de Qurtûba jusqu’à Narbonne, ville frontière entre l’Espagne et le pays des Francs, il y a une étendue de 1.000 m.

Tolède, où réside le roi, est à 10 journées de Cordoue.

L’Espagne renferme quarante villes, comme Marida, Saragosse, Larida, Jarbada (Gironne) et Al-Baydâ.

Ce royaume est limitrophe de la Franjya, et au delà s’étendent les contrées habitées par des peuples polythéistes.

La dimension de l’Espagne, en long et en large, est d’un mois de marche à travers une contrée riche, fertile et abondante en fruits.

Les montagnes qui la bornent au nord, sur la frontière des Romains et des Francs, sont couvertes de neiges.

De la dernière de ces montagnes on voit sans cesse jaillir des flammes, au milieu d’une pluie de pierres et de sable.

A l’époque de la conquête musulmane, l’Espagne avait pour roi Ludâriq (Rodrigue) originaire d’Isfahan.

En effet c’est de la ville d’Isfahan que les habitants de Qurtuba dérivent leur nom Isfân.

Le prince omeyyade qui règne actuellement en Espagne est salué du titre deibn al-khulâfâ’, et non pas du titre même de khalîfa, qui n’appartient qu’au souverain des deux villes saintes.

TRIBUS BERBÈRES

Les Huwarab, Zenata, Darysa; les Maghîla; les Warfadjûmab, branche des Nafza; les Ûlîta; les Matmata; les Canhadja, les Wahara ; les Kutama ; les Lwata ; les Mezata ; les Mediûna; les Masmûdah ; les Ghumara; les Galma (Guelma); les Warqa (Ouergha); les Asa; les Bnu Sukhûr; les Arkinah (Auga, tribu zénatienne); les Bnu Kamlûn; les Bnu Masdûren; les Bnu Wanjen; les Bnu Manhûsa (Mettousa).

Les Berbères, domiciliés d’abord en Palestine, obéissaient au roi Jalût.

Lorsque ce roi fut tué par Dawud, ils émigrèrent vers l’occident, et, arrivés dans le pays de Loubya et de Maraqya, ils se disséminèrent.

Les tribus Zenata, Maghîla et Daryssa établirent leur résidence dans les montagnes.

Les Luwata s’arrêtèrent à Barka, ville nommée par les Rûm Antablûs, (πενταπόλις), ce qui signifie « les cinq villes. »

Les Huwara vinrent habiter Iyas ou Tarblûs, c’est-à-dire en grec « les trois villes ».

A la suite de cette invasion, les Rûm se réfugièrent en Sicile, qui est une île de la Méditerranée.

Les Berbères se répandirent jusqu’à Sûs el-Adna, derrière Tanja, à 2.050 milles de la ville nommée Kûmûnya, dans le Qayrwân.

Alors les Rûm et les Franj revinrent dans leurs anciennes possessions, après avoir conclu la paix avec les Berbères.

Ceux-ci, dédaignant le séjour des villes, se fixèrent dans les montagnes et au milieu des plaines sablonneuses.

La discorde déchira les colonies Rûm jusqu’à l’époque des Futûh al-Islâmy […illisible]

On exporte par la mer du Maghreb des eunuques tirés du pays des Saqâlibâ et des Sûdan; de jeunes esclaves chrétiens; des filles espagnoles; des peaux de buffles et des laines, des parfums, entre autres le storax benjoin, et parmi les résines, le mastic.

On tire du fond de cette mer, dans le voisinage du pays des Franj, le sabay, substance connue ordinairement sous le nom de marjân « corail. »

La mer qui s’étend au delà du pays des Saqâlibâ jusqu’à la ville de Bûlya n’est fréquentée par aucun navire ni bâtiment de commerce, et l’on n’en tire aucun produit.

Pareillement, l’Océan occidental, où se trouvent les îles Fortunées, n’est pas exploré par les marins et ne fournit au commerce aucun objet de consommation.

ÉTATS DE SUGHAYR LE BERBÈRE, DE LA TRIBU DE MACMÛDA.

[…illisible] Jusqu’à Wâdy Ar-Rmal; Wady Az-Zaytûn; Qaçr Aswad bn Al-Hîtham, jusqu’à Tarblûs ; tout le territoire situé en deçà, jusqu’à la mer qui baigne l’Espagne.

ÉTATS DE L’HÉRÉTIQUE AS-SUFRY.

Matgha, grande ville très peuplée. . .

Mine d’argent sur les frontières méridionales de Habasha ; une autre ville nommée Dîn.

Ibrahim bn Muhammad al-Mu‘tazily, possède une ville nommée Ar-Riza, dans le voisinage de Tahert.