Hérodote, IV, Nasamons, leurs coutumes, les Psylles et leur disparition, les Maces côtiers et leurs coutumes et les Garamantes du Fezzan, v. 450 av. n-è

172. Les pays des Auschises est borné à l’ouest par celui des Nasamons, peuple nombreux.

En été, les Nasamons laissent leurs troupeaux sur le bord de la mer, et montent à un certain canton, nommé Augiles, pour y recueillir en automne les dattes.

Les palmiers y croissent en abondance, y viennent très beaux, et portent tous du fruit.

Les Nasamons vont à la chasse des sauterelles, les font sécher au soleil, et, les ayant réduites en poudre, ils mêlent cette poudre avec du lait, qu’ils boivent ensuite.

Ils ont coutume d’avoir chacun plusieurs femmes, et de les voir publiquement, à peu près comme les Massagètes, après avoir planté à terre leur bâton.

Lorsqu’un Nasamon se marie pour la première fois, la première nuit de ses noces, la mariée accorde ses faveurs à tous les convives, et chacun lui fait un présent qu’il a apporté de sa maison.

Voici leur manière de faire des serments et d’exercer la divination. Ils mettent la main sur le tombeau des hommes qui ont parmi eux la réputation d’avoir été les plus justes et les plus gens de bien, et jurent par eux. Pour exercer la divination, ils vont aux tombeaux de leurs ancêtres ; ils y font leurs prières, et y dorment ensuite. Si, pendant leur sommeil, ils ont quelque songe, ils en font usage dans leur conduite. Ils se donnent mutuellement la foi en buvant réciproquement de la main l’un de l’autre (40). S’ils n’ont rien de liquide, ils ramassent à terre de la poussière, et la lèchent.

173. Les Psylles sont voisins des Nasamons ; ils périrent autrefois de la manière que je vais dire. Le vent du midi avait de son souffle desséché leurs citernes : car tout leur pays était en dedans de la Syrte, et sans eau.
Ayant tenu conseil entre eux, ils résolurent, d’un consentement unanime, d’aller faire la guerre au vent du midi. Je rapporte les propos des Libyens. Lorsqu’ils furent arrivés dans les déserts sablonneux, le même vent, soufflant avec violence, les ensevelit sous des monceaux de sable. Les Psylles détruits, les Nasamons s’emparèrent de leurs terres.
174. Au-dessus de ces peuples, vers le midi, dans un pays rempli de bêtes féroces, sont les Garamantes, qui fuient le commerce et la société de tous les hommes : ils n’ont aucune sorte d’armes, et ne savent pas même se défendre.
175. Cette nation habite au-dessus des Nasamons.

Elle a pour voisins les Maces. Ceux-ci sont à l’ouest et le long de la mer.

Ils se rasent de manière qu’il reste, sur le haut de la tête, une touffe de cheveux. Ils y parviennent en laissant croître leurs cheveux sur le milieu de la tête, et en se rasant de très près des deux côtés. Quand ils vont à la guerre, ils portent, pour armes défensives, des peaux d’autruches. Le Cinyps descend de la colline des Grâces, traverse leur pays, et se jette dans la mer.

Cette colline est entièrement couverte d’une épaisse forêt ; au lieu que le reste de la Libye, dont j’ai parlé jusqu’ici, est un pays où l’on ne voit point d’arbres : de cette colline à la mer il y a deux cents stades.