Dion Cassius, Expédition saharienne de Hosidius Geta contre les rebelles maures (42 n-è), la magie, v. 200 n-è

LX, 8-9

Les affranchis, de leur côté, persuadèrent à Claude de recevoir les honneurs du triomphe pour les faits accomplis en Mauritanie, bien que, loin d’y avoir remporté quelque succès, il ne fut pas encore parvenu à l’empire au moment de la guerre. Au reste, cette même année, Sulpicius Galba battit les Maurusiens, […]

L’année suivante, les Maures, qui avaient recommencé la guerre, furent domptés. Suétonius Paulinus, ancien préteur, fit à son tour des incursions dans leur pays jusqu’à l’Atlas; Cn. Hosidius Géta, personnage du même rang et successeur du précédent, fit aussitôt marcher son armée contre leur chef Salabus et le vainquit une première et une deuxième fois. Celui-ci, après avoir laissé sur les frontières quelques soldats chargés d’arrêter la poursuite, s’étant réfugié dans les régions sablonneuses, Hosidius osa y pénétrer avec lui : disposant une partie de son armée de façon à se garder contre les embuscades, il poussa en avant, emportant avec lui la plus grande quantité d’eau qu’il put. Mais, quand cette eau vint à manquer et qu’il n’en trouva plus d’autre, il fut en proie à toute sorte de tourments; les barbares, habitués à résister pendant longtemps à la soif, et réussissant, grâce à leur connaissance des lieux, à se procurer de l’eau, prolongeaient leur résistance, tandis qu’il était impossible aux Romains d’avancer et qu’il leur était difficile de revenir en arrière. Dans cet embarras, un indigène allié décida Hosidius à recourir aux incantations et à la magie, affirmant que souvent un pareil moyen avait amené de l’eau en grande quantité : en effet, il en tomba du ciel une si grande abondance que l’armée put éteindre sa soif et que les ennemis furent effrayés, pensant que c’était un secours divin survenu à leurs adversaires. Aussi se décidèrent-ils spontanément à traiter de la paix.

Cela fait, Claude partagea les Maures soumis en deux provinces, l’une comprenant les pays qui sont aux environs de Tingis, l’autre ceux qui entourent Césarée (c’est aussi de là que vient le nom donné à ces provinces), dont il confia le gouvernement à deux chevaliers. Dans ce même temps, plusiers parties de la Numidie furent attaquées par les barbares du voisinage, et ne retrouvèrent la paix qu’après leur défaite dans plusieurs batailles.