Al-Nuwayri, 647-8 : Prise de Sbeitla par les “‘Abadila” et gouvernement Al-Kindi, v.1320

Cette armée fut nommée Jaysh al-‘Abadila. Voici la liste de ceux qui prirent part à l’expédition :

-Abd Allah b Abbâs, le général des musulmans, et son frère ‘Ubayd Allah, de la famille de Haschim ;

-Abd er-Rahman b Abu Bakr as-Siddiq, et ‘Abd ar-Rahman b Talha de la tribu de Taym, avec un certain nombre de leur peuple ;

-une troupe de la tribu ‘Adi avec Abd Allah b ‘Umar b al-Khattab, ‘Abd ar-Rahman b Zayd b al Khattab, ‘Ubayd Allah b ‘Umar et ‘Asim b ‘Amr.

-Dans une bande de la tribu Asad se trouvait ‘Ubayd Allah b ‘Abd Allah b az-Zubayr.

-Il y avait aussi une troupe de la tribu Sahm, et avec elle ‘Abd Allah b Amr b al-‘Aç et Al-Muttalib b as-Saïb ibn Abi Wada‘ et Marwan b al-Hakam accompagna l’armée avec son frère Al-Harith, et quelques membres de la famille d’Umaya.

-Une troupe de la tribu Zahra s’y trouvait, et avec elle Al-Miswar b Makhrima b Nawfal et ‘Abd ar-Rahman b al-Aswad b ‘Abd Yaghûth :

-de plus, une compagnie de la tribu de ‘Amir b Luwi b Ghalib, avec as Saïb b ‘Amir b Hisham et Busr b Arta ;

– une troupe de la tribu Hudayl avec Abu Dîb Khuwaylid b Khalid, membre de cette tribu : celui-ci mourut dans la province d’Ifriqiya, et ce fut ‘Abd Allah b az-Zubayr qui présida à son enterrement.

-Dans cette armée se trouvèrent aussi ‘Abd Allah ibn Anas, Abu ad-Durr al-Ghaffari, Al-Mikdad b ‘Amr de la tribu Bahra, Ballal ibn al-Harith al-Muzani, Al-‘Açim et Mu‘awia b Khudayj, Fudala b ‘Ubayd, Ruwayfa b Thabit, Hamza b Khuwaylid, Abu Zama al-Balawi, Al-Musayab b Jun, Jabala b ‘Amr as-Sa‘îdi, Ziyad b al-Harith, Qais ibn Bashar b Muslama, Zuhayr b Qays, ‘Abd ar-Rahman b Sukhr, ‘Amr b Aut et ‘Uqba b Nafi al-Fihri.

-On y comptait encore 600 hommes de la tribu Juhayna, 300 de la tribu Aslam, avec Hamza b ‘Amr al-Aslami et Salama b al-Aqra’

-800 de la tribu Muzayna

-400 Sulaym

-500 fournis par les tribus ad-Dîl, Sumra et Ghaffar ;

-700 par les Ghatafan, ‘Ashaja et Fazara,

-400 de la famille de Ka‘ab b ‘Amr : ceux-ci furent les derniers qui vinrent se joindre à ‘Uthmân, au camp d’al-Jurf, situé à 3 milles de Médine.

 

Nous donnerons ici, sur l’autorité d’Az-Zuhri, le récit suivant que lui avait fait Rabi‘a b ‘Abbad, de la tribu ad-Dîl :

« A notre arrivée, ‘Abd Allah (b. Sa‘ad) envoya en avant des éclaireurs et des corps avancés, et moi-même j’accompagnais les éclaireurs aussi souvent que cela me fut possible ; et, par Allah ! nous voilà arrivés sous Tripoli, et nous trouvâmes pie les Grecs l’avaient mis en état de défense pour nous résister. ‘Abd Allah y mit le siège ; mais ensuite, ne voulant pas se laisser détourner du but qu’il avait en vue, il donna l’ordre de décamper.

Pendant que nous faisions nos préparatifs, nous aperçûmes des vaisseaux qui venaient d’aborder la côte ; aussitôt nous courûmes sus, et nous jetâmes à l’eau ceux qui s’y trouvaient. Ils firent quelque résistance, mais ensuite ils demandèrent grâce, et nous leur liâmes les mains derrière le dos ; ils étaient au nombre de 400. ‘Abd Allah vint alors nous joindre, et il leur trancha la tête. Nous prîmes ce qui était dans les vaisseaux, et cela fut notre premier butin.

‘Abd Allah marcha alors sur Gabes et y mit le siège, mais les compagnons du prophète lui conseillèrent d’y renoncer, pour ne pas être détourné de son projet contre la province d’Ifriqiya ; il se remit donc en route. et envoya dans toutes les directions des détachements qui lui ramenèrent des bœufs, des moutons et du fourrage. »

« Leur prince se nommait Jirjîz, et son autorité s’étendait depuis Tripoli jusqu’à Tanger ; il gouvernait au nom de Hirqal. Quand il eut avis de l’approche de l’armée musulmane, il rassembla des troupes et se disposa à combattre : le nombre de ses soldais montait à 120 000.

 

Nous marchâmes à sa rencontre pendant qu’il faisait ses préparatifs, et nous passâmes quelques jours en pourparlers. Nous l’invitâmes à embrasser l’Islam, mais il fit le fier et répondit avec hauteur qu’il n’y accéderait jamais. Nous lui fîmes alors la proposition de payer un tribut annuel ; mais il répondit : «

Si vous me demandiez un seul dirhem, je ne le donnerais pas ! »

Nous nous apprêtâmes donc à le combattre, après l’avoir averti.

‘Abd Allah b Sa‘ad disposa son armée en aile droite, aile gauche et centre ; le Commandeur des Romains en fit autant, et la rencontre eut lieu dans une plaine étendue nommée Bakouba, laquelle est éloignée du siège du gouvernement grec, Subaytula, d’un jour et une nuit de marche ; elle est située à la même distance de Qartajina. Qartajina est une vaste cité renfermant des édifices très élevés ; ses murs sont de marbre blanc, et il y a des colonnes et des marbres de couleurs variées en quantité immense.

[…]

Mais Ibn az-Zubayr n’avait pas vu Ibn Sa‘ad au nombre des combattants, et ayant demandé où il était, on lui répondit que depuis plusieurs jours, il ne sortait plus de sa tente.

Comme Ibn az-Zubayr n’avait pas encore en d’entrevue avec lui, il alla le trouver, et, après l’avoir salué, il lui communiqua les instructions de ‘Uthmân, et demanda le motif qui le retenait loin du combat. Ibn-Sa‘ad lui répondit :

« Le Commandeur romain a fait faire cette proclamation en langues romane et arabe par la voix d’un Hérault. « Romains et musulmans ! quiconque tuera Abd Allah ibn Saad aura ma fille en mariage avec 100 000 dn. »_Or sa fille était d’une beauté merveilleuse, et elle l’accompagnait à cheval au combat, habillée des étoffes les plus riches, et portant sur sa tête un parasol en plumes de paon_ Et il ne t’est pas caché, continua Ibn Saad, que la plupart de ceux qui m’accompagnent ont été nouvellement convertis à l’Islam ; ainsi je dois craindre que l’offre de Jirjîz ne les porte à me tuer ; voilà la raison de mon absence du combat. 

-Chasse cette crainte de ton âme, répondit Ibn az-Zubayr, et fais proclamer dans ton armée, et de sorte que les Romains puissent l’entendre : 

« Musulmans et Romains !Quiconque tuera le prince Djirdjîz aura sa fille et 100 000 dn. Cette proclamation vaudra bien l’autre. »

[…]

Le commandeur des Romains était à cheval, et encourageait ses troupes ; il avait avec lui la croix et portait un diadème sur sa tête, vu son rang élevé.

[…]

Le reste se sauva dans la ville, et les musulmans pillèrent le camp ennemi, et firent prisonnière la fille du Commandeur. On l’amena à Ibn Saad qui lui demanda ce qu’était devenu son père.

« Il est mort, répondit-elle.

-Savez-vous, dit-il, qui l’a tué ?

Je le reconnaîtrais si je le voyais, fut la réponse. »

[…] On fit alors venir Ibn az-Zubayr, et comme elle le reconnut pour être celui qui avait tué son père, Ibn-Saad lui dit :

« Qui t’a empêché de nous en informer, afin que nous pussions te donner ce que nous avons promis ?

-Puisse Dieu te disposer au bien ! lui répondit Ibn ez-Zobeir ; ce n’est pas pour obtenir ce que tu as promis que je l’ai tué, mais bien pour plaire à celui qui sait ce que j’ai fait, et m’en donnera une récompense plus excellente que celle que tu m’as destinée, et je n’ai pas besoin d’une autre. »

Ibn Saad lui fit alors cadeau de la fille du prince, et l’on dit qu’elle devint sa concubine.

 

Les musulmans prirent ensuite position contre la ville, et après un blocus rigoureux. Dieu les en rendit maîtres. Ils y firent beaucoup de prisonniers, et s’emparèrent de leurs richesses dont la majeure partie consistait en or et en argent. Ibn Saad réunit le butin en masse, et en fit le partage après en avoir prélevé le quint. La portion de chaque cavalier fit de 3000 dn, et celle de chaque Piéton de 1000.

Ibn Saad suivit ce conseil, et quand le Commandeur des Romains entendit la proclamation, son cœur fut rempli de crainte et celui de notre général en fut délivré.

 

L’armée resta 15 mois dans la province d’Ifriqiya, et elle ne perdit que quelques hommes. Ibn Saad, en partant de Sobeitela, y laissa un nommé Djenaha comme gouverneur à la place de Djirdjîz. — Ensuite eurent lieu l’assassinat d’Othman et les contestations entre Ali et Moawia.

 

[Quand l’autorité de ce dernier fut solidement établie, il confia le gouvernement de la province d’Ifriqiya à Moawia ibn Khodeidj.]