Tang Shu (999, p. 15) ; Ghurek de Samarqand et Tughshada de Bukhara ; Requête Sogdienne auprès des Tangs, 719 n-è

Requêtes présentées en 719 par Tugshâda de Bukhârâ, par Nârâyana du Kumêdh, et Ghurek de Samarqand

La septième année Kai-yuen, le deuxième mois, le roi du roy­aume de Ngan ; Tou-sa Po-ti envoya un ambassa­deur présenter une requête où il discutait les affaires en ces termes :

« Votre sujet Tu-sa po-ti dit : Votre sujet est l’esclave semblable aux herbes et au sol que foulent les pieds de vos chevaux sur un espace d’un million de li soumis au saint empereur qui, par la grâce du Ciel, commande à tout l’univers. Dans mon éloignement, je joins les mains, je me mets à deux genoux et j’adore les bienfaits et le prestige de Votre Majesté de la même manière que j’adorerais les dieux. Depuis que nous possédons le royaume de Ngan jusqu’à maintenant, les membres de ma famille se sont transmis le pouvoir royal sans interruption ; avec leurs armées ou autrement, tous ont d’un cœur sincère servi l’empire. Depuis ces der­nières années et jusqu’à maintenant, nous avons souffert chaque année des invasions et des ravages des brigands Ta-che et notre pays n’a plus joui du calme. Je demande humblement que la faveur impériale me fasse la faveur de me secourir dans ces difficultés ; en outre je prie qu’un décret donne l’ordre aux Tu-kiue-che(Turgesh ?) de venir à mon secours. Je me mettrai à la tête de mes soldats et de mes cavaliers, et, au rendez-vous convenu, nous écraserons de fond en comble les Ta-che.  Je demande humblement que la faveur impériale se conforme à ma prière. Maintenant, j’offre en présent 2 mulets de Perse, un tapis brodé de Fu-lin, 30 livres de parfum yu-kin,100 kin de che-mi naturel.Maintenant, après avoir fait ces offrandes, je demande humblement que la faveur impériale me donne un titre officiel du troisième rang. En outre, ma femme, la khatûn, présente deux grands tapis de Ço-pi et un tapis brodé qu’elle donne à l’impératrice. Si je reçois les bienfaits de la faveur impériale, je demande qu’on me fasse présent de selles, de brides, d’armes, de tuniques, de ceintures et qu’on donne à ma femme, la Khatûn, des vêtements et du fard.

Le même mois, le jour U-çen,le roi du royaume de Kiu-mi (Ku­mêdh = Karategin), Na-lo-yen (Nârâyana), adressa une requête à l’empe­reur en ces termes :

« Mon arrière grand-père, mon grand-père et mon père, mes oncles et mes frères aînés et cadets depuis longtemps et jusqu’à nos jours ont été sincèrement dévoués à votre grand empire. Maintenant les Ta-che sont venus faire des ravages. Le Tu-ho-to (Tokharestan) ainsi que le royaume de Ngan, le royaume de Che (Shâsh), et le royaume de Pa-han-na (Ferghânah) se sont tous soumis aux Ta-che. Dans mon royaume, tout ce qu’il y avait dans mes trésors et mes magasins, tous mes objets précieux et mes joyaux, ainsi que les richesses du peuplequi m’est soumis, ont été réquisitionnés par les Ta-che qui sont partis en les emportant. J’espère humblement que la bonté impériale fera en sorte que les Ta-che reçoivent l’ordre de renoncer aux taxes réquisitionnées dans mon royaume. Moi et les miens nous pour­rons alors pendant longtemps garder la porte occidentale de votre grand empire. Je prie humblement que votre éclat m’illumine ; tel est le vœu de votre sujet.

Le même mois, le jour keng-U,le roi de Kang, U-le-­kia , adressa une requête à l’empereur en ces termes :

« Votre sujet, U-le-kia, dit : Votre sujet est l’esclave sem­blable aux herbes et au sol que foulent les pieds de vos chevaux sur un espace d’un million de li soumis au saint empereur qui, par la grâce du Ciel, commande à tout l’univers.Les membres de ma famille, ainsi que les divers royaumes Hu depuis longtemps et jusqu’à maintenant ont été sincèrement dévoués à votre grand empire ; jamais ils ne se sont révoltés ni n’ont causé du dommage à votre grand empire ; nous avons été des pays qui avons agi en vue d’être utiles à votre grand empire. Voici maintenant 35 années que nous bataillons sans cesse contre les brigands Ta-che ; chaque année nous avons mis en campagne de grandes armées de soldats et de cavaliers sans avoir eu le bonheur que la bonté impériale envoie des soldats à notre secours. Il y a de cela 6 ans,le général en chef des Ta-che, I-mi Kiu-ti-po(Amîr Qutayba), à la tête d’une nombreuse armée, est venu ici ; il a combattu contre nous et nous avons fait essuyer une grande défaite à nos ennemis ; mais beaucoup de nos soldats aussi étaient morts ou avaient été blessés ; comme l’infanterie et la cavalerie des Ta-cheétaient extrêmement nombreuses et que nos forces ne pouvaient leur tenir tête, je suis rentré dans mes remparts pour m’y fortifier ; alors les Ta-cheont assiégé la ville ; ils ont placé contre les murs 300 balistes ; en 3 endroits ils ont creusé de grandes tranchées ; ils voulaient détruire notre ville et notre royaume. Je demande humblement que la bonté impériale, étant informée, envoie ici une certaine quantité de soldats chinois pour me secourir dans les difficultés. Quant à ces Ta-che, ils ne doivent être puissants que pendant un total de 100 années ; c’est cette année qu’est épuisé le total de ces années. Si des soldats chinois viennent ici, moi et les miens nous réussirons cer­tainement à détruire les Ta-che. Maintenant, j’offre en présent avec respect un excellent cheval, un chameau persan, 2 mulets. Si la bonté impériale me fait la faveur de m’accorder des cadeaux, je demande qu’on les remette à mon ambassadeur qui me les apportera et j’espère qu’on ne le pillera pas.