AΝTHOIΝE JEΝΚIΝSOΝ, Récit de Voyage, 1558-9 n-è

Frontière Turkman-Kharezm

 

Le 5 octobre , nous nous trouvâmes sur les bords d’un Golfe de la mer Caspienne (sic), où les eaux sont fort bonnes : ceux qui y tenaient la Douane pour le Roy des Turkman, prirent 4% de nos Marchandises, 1% de 7 choses différentes pour le Roy ; nous n’y demeurâmes qu’un jour, & partîmes après nous y être un peu rafraîchis: vous remarquerez que la rivière d’Oxus se rendait autrefois dans ce Golfe, mais que maintenant elle ne vient pas jusque-là ; qu’elle tombe dans une autre rivière nommée Arka ????, qui a son cours vers le Nord ; qu’elle passe sous terre l’espace de plus de 500 milles, qu’elle en ressort après, et  qu’elle se rend dans le lac de Kitay (Aral) Nous […] arrivâmes à un château nommé Selisure.

 

Kharezm occidental :

 

Sellizure le 7 du même mois.

 

Un Prince nommé Azim-Khan y réside, avec 3 de ses frères ; j’eus ordre de l’aller voir, & je lui présentai les Lettres de l’Empereur de Moscovie, avec un présent de 9 choses : il me reçut bien, & me fit manger en sa présence : on me régala d’un Cheval sauvage & de lait de Cavalle : il me renvoya querir une autre fois, & me fit diverses questions sur les Etats des Moscovites, et me donna après un passeport.

 

Le Château de Sellisure résidence du Khan, et fit une sur une haute montagne. La maison du Prince et bâtie de terre, le peuple est pauvre, et n’a point de Marchandise. Au Sud de ce Château c’est un bas pays, mais fort fertile, où il croit beaucoup de bons fruits, et entre-autres un qu’ils nomment Dynié (pastèque), fort gros & plein de suc ; les peuples le mangent à la fin du repas, & leur tient lieu de boisson ; ils en ont un autre nommé Kharbuz (melon), de la grosseur d’un gros concombre ; il est jaune & sucré, et outre cela une espèce de grain qu’ils appellent Jegur (sorgho), […] il vient par quelque grappe. Toute l’eau dont ils se servent dans le pays est tirée par canaux de la rivière ou de l’’Oxus, & ainsi par cette raison qu’elle ne se décharge plus dans la mer Caspienne et ce pays court risque d’être un jour désert, quand ces peuples auront achevé de ruiner par leurs canaux le cours de cette rivière.

 

Urgench

 

Le 14 du mois, nous partîmes de Sellisure, & nous arrivâmes le 16 à une ville appelée Urgench, où nous payâmes un impôt par tête, et autant pour celles de nos chevaux, que pour les nôtres : nous y demeurâmes un mois, le Prince du pays se nomme Aly-Sultan frère d’Azim-Khan dont je viens de parler : il revenait de la ville de Khorasan qu’il avait depuis peu conquise sur le Persan; car ils font continuellement la guerre avec le Roy de Perse : j’eus ordre de l’aller trouver, je lui présentai une lettre de l’Empereur de Moscovie , & il me donna un passeport.

 

Urgench est dans une plaine, elle a plus de 4 milles de circuit ; les murailles d’Urgench sont de terre, ses maisons aussi de terre & mal baties. j’y remarquai une grande rue couverte par en haut qui sert de marché, elle a été prise quatre fois en 7 ans qu’ont duré leurs guerres civile. Les Marchands y sont fort pauvres par cette raison, je ne trouvai à y vendre que 4 pièces de serge. Il y a fort peu de trafic à faire, l’on n’y trouve point d’autres Marchandises que celles qui viennent de Bokhar & de la Perse. Le pays qui est entre les bords de la mer Caspienne et cette Ville, est appelé le pays des Turkmans. Azim-Khan commande avec 5 de ses frères ; le plus puissant porte le nom de Khan ; mais cette supériorité n’est reconnue qu’au lieu où il fait sa résidence ; car chacun des autres veut être Souverain dans ses Etats, il ne songe qu’à détruire son voisin : ils viennent de différentes femmes, & ainsi ils n’ont point les sentiments que les autres ont pour leurs frères. Chacun de ses Sultans a 4 ou 5 femmes, avec plusieurs concubines et de jeunes garçons, & mènent une vie fort déréglée. Ces frères sont presque toujours en guerre, les vaincus se retirent à la campagne avec leur bétail, et vivent des pilleries qu’ils font sur les Caravanes ou sur les Marchands qu’ils attaquent au lieu où ils savent qu’ils doivent se fournir d’eau, continuant cette vie vagabonde jusqu’à ce qu’ils aient trouvé quelque occasion de rentrer dans leurs Etats. Le peuple n’a point de demeure arrêtée, & passe d’un lieu a un autre avec les troupeaux de Moutons, de hameaux, & de Chevaux. Leurs Moutons sont fort gros, avec des queues qui pèseront quelquefois 80 heures.

 

Chevaux sauvages et faucons

 

Ils ont grand nombre de Chevaux sauvages, que les Tartares prennent souvent avec leurs Faucons de la manière suivantes. Ces Faucons sont dressé à s’abattre sur les tètes de ces betes, ils les battent de leurs ailes, et les combattent en forte que le chasseur a le temps de les joindre, il les tue à coups de flèches ou d’épée. Il n’y a point d’herbe dans tout le pays ; mais de certains arbrisseaux dont le bétail se nourrit devient fort gras. Ces Tartares n’ont ni or ni argent ; ils troquent de leur bétail contre les choses qui leur sont nécessaires ; ils ne connaissent point l’usage du pain, mais sont grands carnassiers, ils aiment principalement la chair de Cheval ; leur boisson est de lait aigre de Cavalle, dont ils boivent souvent aussi bien que les Tartares Nogaïs. Depuis le lieu où nous débarquâmes à ce second Golfe, nous ne trouvâmes point d’autre eau que de l’eau de puits.

 

Urgench-Amu-Kat

 

Le 26 Novembre nous partîmes d’Urgench ; & après avoir fait 100 mil le long de la rivière d’Oxus, nous traversâmes une autre rivière nommée Ardock ??, où nous payâmes quelques petits droits. Ardock est une gran qui est dans detiuierc soit rapide qui vient de l’Oxus ; et après avoir couru 1000 m. vers le Nord, se cache sous terre, & 500 m. après elle reparait en tombe deux rives dans le lac de Kitay.

Le 7 Décembre nous arrivâmes a un Château restauré ; nommé Kaït, qui appartient à Sultan Saraïnet ; il n’y eut que la crainte du Prince d’Urgench qui l’empêcha de voler notre Caravane, il se contenta de nous obliger à lui faire un présent, nous lui donnâmes une peau de vache de Russie pour chaque Chameau, & d’autres petits presens à ses Officiers.

 

Traversée du désert et les pillards (Kazaks ?):

 

La nuit du 10, comme nous eûmes posé nos gardes, nous prîmes 4 Cavaliers qui nous avouèrent qu’il y avait quantité de voleurs dans ce pays. Nous les liâmes, & les envoyâmes au Sultan de Kayt qui vint aussitôt avec 300 hommes, auquel ils contestèrent qu’ils étaient de la troupe d’un Prince bannie, qui nous attendait à 3 journées de là avec 40 hommes pour nous voler. Le Sultan nous donna 80 hommes avec un Capitaine pour nous escorter, on mena avec lui nos 4 prisonniers. Cette escorte consuma une grande partie de nos vivres ; &et le 3è jour au matin ils se détachèrent de la Caravane, pour aller, ce disaient-ils, reconnaître le désert : nous les vîmes revenir 4 heures après à toute bride, et nous dirent qu’ils avoient vue l’eftrac de quantité de Chevaux, nous demandant ce que nous leur voulions donner pour nous tirer du danger où nous étions. Nous n’en pûmes pas convenir, et ils s’en retournèrent vers le Prince, qui assurément était d’intelligence avec les voleurs que nous dévions trouver.

 

Divination des Khoja

 

Cependant, quelques Tartares de notre troupe qui passaient pour Saints à cause qu’ils avaient été à la Mecque, firent arrêter la Caravane, se mirent en prière, et en ??? à deviner si nous ferions une mauvaise rencontre ; la divination se fit de la sorte, ils tuèrent un Mouton, en ôtèrent les os, les tirent bouillir, puis brûler ; ils mêlèrent de là cendre de ces os avec du sang du Mouton, et en écrivirent quelques caractères avec cérémonies et plusieurs paroles : le jugement fut , que nous serions attaquez, mais que nous viendrions à bout de nos ennemis ; pour moi, je n’avais aucune créance à cette forte de divination ; mais le matin 15 Décembre nous découvrîmes de loin quantité de gens de Cheval ; nous étions bien 40 en état de combattre : nous fîmes nos prières, Tartares, Persans, Chrétiens, chacun à notre mode, et nous jurâmes de ne nous point abandonner.

 

Accrochage

 

Ils étaient 37 Cavaliers, et à leur tête ce Prince banni ; ils nous crièrent que nous nous rendissions, et nous commençâmes à tirer, l’escarmouche dura depuis le matin jusqu’à 2 heures de midi. Ils étaient mieux armez que nous, & se servaient plus adroitement de leurs flèches ; mais j’avois fur eux l’avantage de 4 arquebuses, avec lesquelles je leur tuai du monde. Nous traitâmes enfin une ti ??e & nous nous campâmes sur une éminence, faisant un retranchement de nos Chameaux & de nos Marchandises. Ils firent la même chose, se retranchant aussi à la portée d’un arc ; mais avec cet avantage qu’ils nous avaient coupé le chemin et l’eau donc nous avions grand besoin. Sur la minuit, un de ces gens s’avança, demanda à parler au Borna ?? ou Capitaine de la Caravane ; il répondit que si le Prince lui promettait sur sa Loi de ne lui point faire de tort, il enverrait deux des siens pour traiter avec lui : Le Prince fit serment avec tous ceux de sa troupe à haute voix, en sorte que nous ne pûmes entendre.

 

Tractations

 

Nous envoyâmes un de la Caravane qui passait pour un Saint ; le Prince, dit son Envoyé, veut que vous autres qui êtes la plupart Bu ?armans ???, c’est à dire circoncis, lui remettiez entre les mains les Cafres ou Infidèles qui font dans votre troupe avec leurs Marchandises, ce faisant, il vous laissera aller en liberté autrement il vous traitera comme ces Infidèles. Le Capitaine de la Caravane répondit qu’il n’avait point de ces Cafres ou Infidèles dans la troupe ; et que quand il en aurait , il périrait plutôt que de les remettre entre ses mains et qu’au réveil verrait bien quand il serait jour, qu’il n’appréhendait pas ; et cependant, sans avoir égard à leur jurement, ils exécutèrent notre Envoyé, criant Ohio ??, qui est parmi eux un cri de victoire. Nous appréhendions fort que cet Envoyé nous découvrit ; mais il ne le fit pas et garda la même fidélité pour toute la troupe, n’ayant point dit combien nous avions perdu d’hommes dans cette escarmouche. Le matin, on escarmoucha de nouveau ; on traita une seconde fois, les gens de notre Caravane, étant las d’exposer si souvent leur vie et nous demeurâmes d’accord de donner à ces voleurs le présent de 9 choses chacun, et un Chameau pour le porter, et ils se retirèrent de notre coté.

 

Eléments du voyage au désert

 

Nous continuâmes notre chemin , & arrivâmes sur la nuit au bord de la rivière Oxus ; ce nous fut un grand rafraîchissement, car il y avait 3 jours que nous n’avions trouvé d’eau ; nous y demeurâmes un jour entier, & y fîmes bonne chère des Chameaux & Chevaux qui avaient été tués : nous quittâmes après le grand chemin qui allait le long de la rivière, pour éviter la rencontre des voleurs, & traversâmes le désert, où en 3 jours de temps nous ne trouvâmes qu’un puits, dont l’eau était fort salée, & fûmes obligez de tuer de nos Chevaux et de nos Chameaux pour vivre une nuit que nous étions dans ce désert. Des voleurs enlevèrent de nos gens qui s’étaient écarté de la Caravane, on en prit aussitôt l’alarme ; et quoi que la nuit fut fort obscure, on chargea, & partit à minuit, nous marchâmes jusqu’à ce que l’on eut gagné l’Oxus, où nous prîmes quelque repos après nous être fortifiez le long de ses rives.

 

Bukhara

 

Le 23 Décembre, nous arrivâmes à la ville de Boghar, située dans la Bachtriane pays le plus bas de tous ces quartiers ; elle est fermée d’une haute muraille de terre, & divisée en trois quartiers. Le Roy avec sa Cour en occupe deux ; le troisième est pour les Marchands & étrangers ; dans ce troisième, chaque art ou marchandise a un département particulier : la ville est fort grande, leurs maisons sont baties pour la plupart de terre ; mais les batimens publics, les Temples, par exemple, & leurs monumens sont fort superbes, fort dorez par dedans ; mais surtout, les bains qui sont les plus beaux du monde; la description en serait trop longue pour l’insérer ici.

 

Shahri-Anhar et vers

 

Il y a une petite rivière qui court au milieu de cette Ville, mais l’eau en est fort malsaine ; car il vient ordinairement des vers d’une aulne de long aux jambes de ceux qui en usent ; ce qui arrive principalement aux étrangers. Ce vers se forme entre la chaire et la peau, est roullé en plusieurs cercles. Les Chirurgiens du pays ont une grande adresse à le tirer ; car s’il rompait en le tirant, la partie ou se trouve le reste du vers devient ifiortc ou gangrainée ; c’est pourquoi on le tire petit à petit chaque jour la longueur d’un pouce.

 

Pouvoir des religieux

 

Cependant, il ne leur est point permis de boire du vin ni d’autre boisson forte ; on punit fermement ceux dans la main desquels il l’en trouve ; cette sévérité vient de celui qui est chef de la Religion, dont l’authorité est si grande, qu’il dépose quelquefois le Prince, comme il deposa celuy qui regnait de notre temps : il avait fait le même à son prédecesseur qu’il avait anairuié de nuit dans sa chambre ; ce Prince aimait fort les Chretiens.

 

Bukhara contre les chiites

 

Boghara était sujette autrefois au Persan, & fait maintenant une Province ou Royaume séparée ; ces peuples sont continuellement en guerre auec les Persans ; une des raisons de cette guerre, est que les Persans ne veulent pas coupcr les moustaches de leurs barbes, comme font les Tartares, qui croyent que c’est vn grand crime d’en user autrement, et appellent par cette raison les Persans infideles, quoy qu’ils s’accordent avec eux dans tous les autres points de la Religion Mahometane.

 

Etat Shaybanide

 

Le Roy de Boghar n’a point de plus grand revenu que celuy qu’il tire de cette Ville, où toutes les Marchandises qui se vendent lui payent le dixième ; outre que quand il a affaire d’argent , il prend par force des Marchandises dans les boutiques, comme il fit pour me payer 19 pieces d’étoffe d’Angleterre qu’il me devait. Ils ont de la monnoye d’argent et de cuivre, leur monnoye d’argent vaut environ 12 s. ; celle de cuivre est appellee Pole, et il en faut 120 pour faire 12 sols ; cette monnaie de cuivre y est plus ordinaire que celle d’argent , elle change de prix selon le caprice du Prince : de mon temps , elle haussa & baissa deux fois en un meme mois : ce desordre, le droit du dixième que tire le Prince, et les frequens changemens qui arrivent dans le pays , où un meme Prince ne reigne gueres plus de 2 ans, est cause de sa pauvreté et de sa ruine.

 

Rencontre du Khan

Le 26, j’eus ordre de me prefenter devant luy avec mes lettres de l’Empereur de Moscovie ; il me reccut bien, me fit manger en la présence , et me fie diverses questions sur les Etats de l’Europe : principalement sur les Moscovites, et voulut que je tirasse au blanc de l’harquebuze dont il tira lui-meme quelques coups : il partit enfin sans me payer ce qu’il me devait, se contentant d’en laiffer l’ordre, qui fut fort mal exécuté : je fus obligé de prendre des nippes & des marchandifes en payement. Ce n’est pas que je ne luy doive cette louange, d’auoir envoyé 100 hommes dans le désert pour prendre les voleurs dont j’ai parlé : ce qui fut execute, & on luy en amena 4 en vie ; il me les fit voir , & les fit pendre aux portes de son Palais pourvu plus grand exemple.

 

Commerce de Bukhara

 

Il vient a Boghar beaucoup de Marchands tous les ans, des Indes, de Moscovie, de Perse, et de Balkh ; mais ils y apportent fort peu de Marchandises, & y demeurent quelquefois 2 ans pour les vendre ; si bien qu’il n’y a pas grand fondement à faire sur ce commerce. Les Indiens y apportent des toiles de cotton blanches, dont les Tartares font des turbans ; leurs habits sont aussi faits de cette etoffe decras. Ils n’y apportent ny or, ny argent, ny pierres precieuses,ny épiceries, leur retour est de soie travaillée, de peaux de vache de Russie, d’esclaves et de chevaux : j’offris à ces Indiens, entre lesquels il y en avait des rives du Gange & du Golphe de Bégale, des Kreffcz & des draps, mais ils n’en firent aucun cas. Les Persans y apportent du craska, des draps de laine, des toiles, des etoffes de soye, et de l’argomac ; je connus qu’ils se fournissoient de drap par la voye d’Alep ; les Moscovites y portent des peaux de Russie, des peaux de Mouton, des brides, des selles, des plats de bois, & en rapportent des étoffes de laine, du craska, mais en petite quantité. En temps de paix, que le commerce auec le Catay est ouuert, on leur apporte du musc, de la rhubarbe, du satin, du damas.

 

Kashgar et Kazak vs Tashkent

 

Il y avait 3 ans, me disaient-ils, que 2 Princes Tartares qui sont fur le chemin du Catay étaient en guerre ; les pays de ces Princes se nomment Tashkcnt & Kashgar, ceux de Tashkent avaient aussi guerre avec les Qassaq qui sont Mahometans, & ils appellent les Roys ces peuples qui ont guerre auec le Prince de Kashgar ; les Roys sont Payens & Idolâtres. Ces deux Nations barbares font fort nombreuses, n’ont point de Villes nii avaient tellement barré les chemins des villes de Tashkent et de Kashgar, que les Caravannes ne pouvaient aller au Catay : quand le chemin est libre, c’eft vn voyage de 9 mois. J’ai crû qu’il était plus à propos de vous informer de bouche de ce que j’ai appris du Catay, que de le mettre ici, en ayant ayant eu une information fort ample dans le temps de tout un hiver, que je demeurai à Boghar.

 

Départ précipité et conquête du prince de Samarqand

 

L’avis que j’eus que le Roy avait été défait, et que la ville était sur le point de faire allégeance, m’obligea à en partir. La Perse étant alors en guerre je fus obligé à m’en retourner par la mer Caspienne. Je partis de Boghar le 8 Mars 1559 auec une Caravanne de 60 Chameaux, bien nous en pris : car 10 jours après le Roy de Samarcand assiégea Boghar avec une puissante armée, cependant que son Prince était allé faire la guerre à un autre de ses parens. Il est extraordinaire qu’un Prince dure 3 ans entier tant les révolutions y sont frequentes.

 

D’Urgench à la Caspienne

 

Le 15 de Mars nous arrivâmes à Urgench, après avoir évité une troupe de 400 voleurs qui nous attendaient, et qui étaient du même pays que ceux que nous avions rencontré la premiere fois, comme nous l’aprîmes de 4 espions qu’ils avaient été envoyés : I’eílois xhargc delà conduite de deux Ambassadeurs que le Prince de Boghar 5r ccluy de Balk enuoyoïcntà l’Empereur deMolcouie. Le Roy d’Urgench y en envoya aussi 2 autres, auec la réponse aux lettres que je lui avais apporté de la part du Moscovite. Je leur promis qu’ils seraient bien reçus, avec tout cela ils ne venaient qu avec crainte à cause qu’il y avait longtemps que les Tartares n’avoient point envoyé d’Ambassadeurs en ce pays-là. Nous partîmes le 4 Avril d’Urgench, et arrivâmes le 10 sur les bords de la Mer Caspienne, ou nous trouvâmes notre barque sans ancre, sans ???, sans voiles. Nous avions porté du chanvre, nous en fîmes un cable, notre toile de coton nous ferait à fane des voiles.