Ps-Sébéos, 612 : L'Arménie, terrain de bataille entre Heraclius et Khosrow, v. 675 n-è

[En 612, Heraclius l’Ancien, gouverneur d’Egypte et d’Afrique renverse Phokas, inrtronise son fils Heraclius, qui part assiéger Césarée de Cappadoce, les généraux persans Shahen et Khoream contre attaquent à travers l’Araxe puis l’Euphrate, puis se retirent à nouveau derrière le Taurus]

Cependant l’empereur Héraclius mit à la tête de son armée un prêtre nommé Philippique ; c’était ce même Philippique qui, gendre de l’empereur Maurice, avait longtemps commandé les armées et remporté mainte victoire, mais qui, un beau jour, encore du vivant de l’empereur Maurice, s’était imaginé de se faire raser les cheveux, de revêtir la prêtrise et de servir dans la milice de l’église.

Héraclius, usant de contrainte à son égard, le nomma général et l’envoya dans les régions de l’Orient avec des troupes nombreuses. Il se dirigea vers Césarée de Cappadoce, entra en Arménie, dans la province d’Ararat et vint camper dans la plaine qui entoure la ville de Valarapat (Vagharshapat ?). Mais aussitôt arriva un ordre du roi [de Perse], apporté en toute hâte par des courriers rapides, et enjoignant à ses troupes de marcher sur les Romains et de détruire leur armée jusqu’au dernier homme.

Les Perses se mirent donc en route, pénétrèrent à marches forcées dans la province d’Ararat et vinrent camper sur les bords de l’Araxe. Leur intention était d’engager le combat dès le lendemain. Or, au même moment, Philippe levait le camp pendant la nuit, se dirigeait vers le canton de Nig, et, passant derrière la montagne d’Aragak, il rentrait sur le territoire romainà travers les cantons de Shirak et de Vanand, non loin de la ville de Karin (Erzerum).

Les Perses étaient harassés d’avoir fait une route longue et aussi précipitée; beaucoup d’hommes étaient morts en chemin; beaucoup d’autres, par suite de la perte de leurs chevaux, étaient obligés d’aller à pied. Ils ne purent donc se mettre rapidement à la poursuite des Grecs; ils prirent quelques jours de repos, puis, marchant à petites journées, ils passèrent dans l’Asorestan et regagnèrent leur ancien camp. De là ils se répandirent à droite et à gauche, dévastèrent et conquirent toute la région.

[Bataille d’Antioche, soumission de la Palestine]