La démocratie communale au Maroc au XIXème siècle

C’est peu connu, mais c’est peut-être dans l’empire chérifien que le modèle politique démocratique a sans doute été le plus pratiqué. Nos informations les plus précises découlent des rapports de missions d’espionnage, à la veille du protectorat.

Bled Makhzen et Bled Siba

A la suite de Charles de Foucauld, premier chrétien à sortir des grandes routes impériales, les analystes de la période précoloniale et coloniale ont partagé le Maroc en deux zones : le Bilād al-Makhzin et le Bilād as-Sība. On peut les traduire par « Pays du Gouvernement » et « Pays de la Dissidence ». Cette division tirée des témoignages marocains eux-mêmes, est bien évidemment simplificatrice.

Elle permet notamment aux puissances européennes de nier la « souveraineté » de l’empire chérifien. D’abord parce que le despotisme confiscatoire du « pays Makhzen » disqualifie le Maroc comme « Etat », régi par la Loi ; ensuite parce que l’anarchie et la licence du « pays Siba » dénie à ses habitants toute civilité ; enfin parce que l’incapacité du gouvernement à contrôler la majeure partie de son territoire lui enlève toute statut de « sujet » du droit international.

Cependant, l’école française de science politique éprouve une évidente fascination pour les organisations politiques républicaines… Il y aussi dans le romantisme européen, plus réactionnaire, un rejet de l’Etat moderne, centralisé et assimilateur et donc une vraie appétence pour les institutions traditionnelles.

Foucauld et Ségonzac au Pays Siba

Les explorateurs du Pays Dissident, comme Charles de Foucauld (1883) et René de Ségonzac (1905) nous ont livré un portrait somme toute assez flatteur du régime démocratique du Bled Siba.

Foucauld explore le Maroc pour le compte de l’armée française. Déguisé en juif algérien, il nous livre une description de politologue, presqu’hors du temps. Sa description du pays Makhzen est assez apocalyptique, par contraste, le « bled siba » apparait comme une oasis de bonheur et de prospérité.

Il indique que les relations avec le Sultan y sont purement diplomatiques, ce dernier constitue une autorité morale et spirituelle, mais il n’est en aucun cas le seigneur de la terre ou des peuples. Si bien qu’une grande confédération comme les Idā-ū-Blāl de l’Anti-Atlas n’a presque jamais entendu parler de lui.

De Ségonzac visite le pays Siba en 1905, au lendemain de la création de la Banque d’Etat du Maroc, organe financier de la colonisation, et à la veille de l’acte d’Algesiras, qui délègue aux Français la majorité actionnariale sur le Maroc : « En résumé le Maroc méridional […] forme un ilot à peu près indépendant. Son organisation politique est si complexe qu’au premier abord elle parait anarchique. »

« L’état démocratique » des « pays indépendants »

Foucauld traverse un pays affranchi de toute soumission au Makhzen depuis la chute de Moulay Slimane. Il est fasciné par la « démocratie absolue » : « parmi les pays indépendants […] du sud du Grand Atlas […] une seule unité : la tribu ; un seul état social : l’état démocratique » ou encore « ici, avec la liberté entière, la division à l’infini […] ; là, avec un peu plus d’ordre et d’unité, c’est toujours la démocratie absolue. »

De Ségonzac, partage une idéologie coloniale qui voit le Maroc comme un pays « en pleine désagrégation sociale », qui, bientôt, « ne sera plus qu’une mosaïque de groupements élémentaires ». Pour lui, son renouveau ne pourra passer que par la réorganisation autoritaire de la France. Son voyage est consécutif de de la crise financière qui agite le Makhzen, et qui tend à se muer depuis 1903 insurrection armée contre le Tartîb, la réforme fiscale du jeune Moulay ‘Abd Al-‘Azîz.

Son approche est racialiste et berbérophile  (et donc arabophobe) ; son analyse est aussi plus journalistique et dynamique. Dans « cette révolution, que des observateurs mal avertis appellent l’anarchie marocaine », il voit la « race berbère » revenir simplement à son organisation « ancestrale » et « atavique » : le « régime démocratique ».

Démocratie et monarchie

Foucauld introduit son analyse politique ainsi : « chaque groupe se gouverne à part comme bon lui semble, au moyen d’une assemblée où chaque famille est représentée, Jamā‘a en arabe, Anfaliz en tamazight. »

Souvent, on a affaire à des régimes qui rappellent celui de l’Athènes de Périclès : « l’assemblée garde entre ses mains la puissance souveraine et confie le pouvoir exécutif à un šayḫ (amġar) qu’elle élit ». On apprend des multiples exemples qu’il décrit que la logique est censitaire, les familles riches sont plus à même de défendre économiquement et diplomatiquement leur cité, et, a contrario, ont plus d’intérêt à la conservation du bien public.

Il existe toutefois des « nuances » dans le « régime démocratique » dont le modèle absolu est celui du Moyen-Atlas et du Rif.

Dans l’analyse de Ségonzac, l’unité politique de la Jamā‘a est la fraction de tribu, et souvent le Šayḫ y est autoritaire, le pouvoir décisionnaire tribal appartient à l’Anfaliz des Šyūḫ de chacun des clans. En général, chez Foucauld, l’Amġar n’a que peu de pouvoir, autre que de mener les citoyens à la guerre. Parfois cependant, il a un véritable pouvoir exécutif, comme dans les Etats contemporains.

Soit l’équilibre socio-politique amène à changer régulièrement de Šayḫ et de famille, soit le Stratège, parfois, finit pas devenir viager, puis héréditaire. Car, explique-t-il, souvent, la commune « laisse ce titre longtemps dans la même maison ».

Car si la règle, dans le Bled Siba, est la démocratie, comme en Grèce ancienne, il existe des exceptions à ce régime. On passe ainsi, selon le modèle aristotélicien, de la démocratie à la monarchie…

De Ségonzac, lui aussi observe la variété des types et des régimes communaux : « on y trouve toutes les formes de groupements depuis les petites communes indépendantes de l’Anti-Atlas jusqu’aux grands caïdats héréditaires du Houz. »

Les gouvernements « despotiques » de la nomenclature de Foucauld sont des monarchies comme le Qā’idat de Mezgīṭā (Draa) ou de Taznaḫt ou les Etats-Zawiya « héréditaires » comme le Tazeroualt du Sous. Mais Foucauld explique que « l’autorité de ces šyūḫ n’est pas lourde pour leurs sujets ; parents plus ou moins proches […] force leur est de ménager ces alliés naturels ».

Les sujets de ces despotes ne sont tenus que de  « -payer une légère redevance, -les suivre [à] la guerre, -ne pas trop se battre, ni se voler entre eux »

Ségonzac donne ainsi l’exemple de la dynastie héréditaire : « le titre d’amġar est ainsi devenu viager, et même héréditaire, comme, par exemple, dans la puissante tribu des Zenaga. »

Le régime républicain ou les ‘Aīt Arba‘īn’

Ségonzac explique en détail ce système politique, quoique « rudimentaire ».

« Que l’agglomération soit un Duwār [cercle de tentes], un Qṣar [village fortifié] […], un Agadīr, une Tiġremt[village autour d’un ou plusieurs greniers fortifiés] elle est administrée par un conseil, qui prend le nom de Jamā‘a, d’Anfaliz (berbère) […] et qui est formé par la réunion de tous les notables, šiyūḫ ou isemġūren, sous la direction de l’un d’entre eux, élu chaque année, et appelé šayḫ al-‘am ou amġar. »

Irapporte le nom qu’on donne dans les montagnes du Sous à la « république » « démocratique » : les « Aīt Arba‘īn », « les Quarante ».

« L’élection du šayḫ al-‘am est […] accompagnée dans certaines régions […] d’une […] investiture symbolique, qui consiste à ceindre la tête de l’élu d’un énorme turban, une Rzā. »

Il ajoute à la description de Foucauld un élément intéressant, en plus de l’Amġar, « la Jamā‘a élit aussi un Mzrag (porteur de lance) », qui correspond à une sorte d’officier de police. « Ces deux personnages, […] sont chargés, l’un de faire exécuter toutes les décisions prises par la Jamā‘a, l’autre de surveiller cette exécution. »

Le Mzrag se charge aussi de surveiller le bon déroulement du Sūq hebdomadaire, qui est « la place publique d’une tribu », son agora. « Le marché est une institution sacrée […] un terrain neutre ; s’il est pillé, ce sera le fait d’une tribu ennemie. […] Les Berbères ont bien trop d’instinct commercial pour mêler leurs intérêts économiques et leurs intérêts politiques. »

« La Jamā‘ade la fraction est chargée des affaires intérieures : elle rend la justice, et fait la police ; le šayḫ al-‘am est chargé de la première de ces fonctions, l’autre incombe au Mzrag»

« La justice est rendue parle šayḫ al-‘am » et parfois délégué à la Jamā‘a, « conformément à l’Izref, […] la coutume berbère » qui est « une dérogation à la Loi Coranique ». « Le šayḫ peut quelquefois être remplacé par un arbitre, par un šarīf, par un étranger de marque. ».

Ségonzac explique qu’on a le moins possible recours aux Qāḍī-s et aux ‘Adūl, diplômés des Madrasa de Šrā‘ et de Fiqh (droit islamique), car ils sont rares et chers. Par contre on pratique abondamment le Diyā, le « prix du sang », fixé par les différentes coutumes (‘adāt) des différentes communautés.

La diplomatie de la ḍbīḥa

Foucauld distingue trois types de cités : « la tribu, le village et le district » (regroupement de villages).

Selon Foucauld, un rapport principal unit ces cités : « le vasselage » ou ḍbīḥa. Il s’agit en réalité de relations de clientélisme entre un patron individuel (Marabout, Qā’id) ou collectif (Zawiya, « tribu plus puissante ») que l’auteur appelle « suzerain ». Cette relation diplomatique correspond parfaitement à celle qui unit le Conseil de Coopération du Golfe à l’OTAN… Le client paie à son patron une reconnaissance régulière, un impôt, qui, en échange, s’engage à la défendre contre d’autres agresseurs.

C’est cette relation qui unit les cités juives (mllaḥ) à des protecteurs personnels ou tribaux,  qui soumet certains villages à certaines fractions nomades, et même certaines tribus à d’autres. C’est aussi cette relation qui fédère les tribus du Moyen-Atlas autour de la Zawiya Aḥanṣal ou qui unit ponctuellement le Sultan, lors de ses Maḥalla(expéditions militaires), aux cités du pays indépendants. Seuls les Qṣar-Etats du Todgha ne semblent avoir de « ḍbīḥa sur [‘alāpersonne » (ils ne sont soumis à personne).

Cette relation clientéliste repose sur une cérémonie très codifiée, le fait de sacrifier un animal sur le seuil de la personne ou de la collectivité qui se charge de la protection. En général, les vassaux sont des villages et des districts, les suzerains sont des tribus et confédérations de tribus de culture nomade. Parfois le clientélisme est complexe, ainsi les Ayt ‘Aṭṭa prêtent un hommage spirituel à la Zawiya Nāṣiriya de Tamgrūt, parallèlement, ils sont les suzerains temporel des villes du district local de Fazwaṭā qui eux-même ont une ḍbīḥa spirituelle et partiellement temporelle « sur » la Zawiya.

Les étrangers résidents permanents ont leur propre statut, qui repose aussi sur la ḍbīḥa, qu’il offre « sur » un personnage influent qui lui fournit un garant, le Zeṭṭaṭ, qui le représente en justice. L’étranger de passage a droit à l’Hospitalité, qu’il « réclame par la formule traditionnelle : « ḍīf Allah ! », selon Ségonzac. Il reçoit alors une allocation d’hospitalité obligatoire : la Mūna. Sa charge est répartie, en fonction de la qualité de l’hôte, par l’autorité exécutive (le šayḫ) aux différentes familles ; selon un système de roulement.

Des relations instables

Hors de la cité, il n’y a plus de règle : « le pillage n’est permis qu’avec les étrangers ». Ce qui revient, pour Foucauld, à une « licence complète. »

Car malgré la ḍbīḥa, les « relations internationales » sont sommaires : il n’y a ni concert, ni société, ni organisation des nations. Foucauld décrit des « guerres […] continuelles, […] entre [villages ou districts] sédentaires : les contestations au sujet des eaux […] ; entre [tribus] nomades, le pillage injuste de vassaux [sédentaires] que l’honneur commande de venger ; entre sédentaires et nomades, la cupidité de ceux-ci, qui les porte à attaquer les premiers pour les dépouiller. »

Ségonzac, adepte d’une lecture progressiste des formes d’organisation politique déplore

que les tribus (taqbīlt) « berbères » ne se soient pas  « encore élevées à la notion de patrie […] pas agrégées en nation », c’est-à-dire en confédération permanente. Car l’actualité de 1905 parait moins statique que l’ordre immémorial des mémoires de Foucauld : «  Les confédérations politiques se dissolvent, les tribus se divisent, les confréries religieuses se multiplient. »

Il considère le foyer (Kanūn) ou la maison (Tigemmīn) comme la première brique de l’organisation, son regroupement clanique, la fraction est appelé khums (cinquième), IḫṣFaḫd…. Il ne voit les tribus que comme des « unité géographique » car « les fractions […] sont imbues de particularisme ». Pour lui, la race influe sur le politique et « le Berbère est férocement égoïste hors de sa famille. » Il décrit l’alliance de ces clans familiaux du Laff ou de l’Ameqqām comme une forme de parti politique au sein d’une tribu.

Il existe cependant une règle internationale intangible : sous le patronage d’une confédération ou d’une grande Zawiya, on organise annuellement un festival patronal, qui favorise une grande foire : le Mūsim : cet évènement est sacro-saint, protégé par le Ḥurm du saint-patron : nul ne peut y porter la violence sans risquer le courroux des cieux.

De la confédération à la fraction :

Selon Foucauld, ces entités politiques indépendantes « n’ont d’autres relations que les guerres et les alliances qu’elles font momentanément entre elles ». Il nous les décrit donc exactement comme des puissances souveraines, établissant entre elles des relations diplomatiques ou militaires : des confédérations, comme l’OTAN ou l’Union Européenne. Mais les liens restent flexibles, « tantôt un groupe s’en détache, tantôt un autre s’y joint. »

Pour Ségonzac, les relations intertribales sont basées avant tout sur l’alliance défensive ou offensive « en sorte que cette région apparait au géographe comme une mosaïque infiniment compliquée, et le sociologue n’y distingue qu’une poussière d’hommes incapable d’ordre ou de cohésion. »

Sans entrer dans la nuance de son prédécesseur, il décrit l’« assemblée supérieure, où figurent les šyūḫ al-‘am et les Mzārg de toutes les fractions », qui est celle des tribus élargies ou confédérations (Ayt ‘Aṭṭa) et des districts démocratiquement fédérés (Ayt Seddrāt). L’Assemblée « désigne un amġar afella, un chef suprême » éligible et annuel.

« La Jamā‘a de la tribu règle les affaires extérieures. Elle ne se réunit que pour décider de la guerre ou de la paix, des alliances (laff) à nouer, des protections à accorder (ḍbīḥa). Elle décrète les préparatifs d’armements à faire. » Ces « ordres sont transmis à la fraction par le šayḫ al-‘am ; l’exécution en est surveillée par le Mzrag. Le manquant est puni d’une forte amende, et, au besoin, de la confiscation de ses biens et de la prison. »

Conclusion : le Dahir berbère à double tranchant : autonomie ou francisation ?

Entre 1912 et 1933, le Bled Siba est confronté à la conquête française. Elle poursuit le but officiel de restaurer la souveraineté de l’Etat makhzenien sur l’ensemble de « son » territoire. Et, de fait, elle livre l’ensemble des villages, districts, fractions, laff et tribus à l’empire des Qā’id-s. Le bassin du Draa subit notamment, dès 1917, les assauts du Qā’id des Glawā, qui supplée à l’armée française et se constitue une principauté soumise à un despotisme sans bornes.

Fragmentées, désunies, les communes politiques des montagnes et des oasis parviennent néanmoins à se fédérer ponctuellement pour repousser l’envahisseur. Les Aīt ‘Aṭṭā du Saghro ou les tribus vassales de la Zawia Aḥanṣal dans le Moyen-Atlas en sont les exemples les plus connus, à côté de la fameuse « république du Rif ». Vaincu, le « pays indépendant » sombre fatalement sous la suzeraineté franco-makhzenienne tandis que les terres passent sous le contrôle du ministère de l’intérieur.

Pourtant, dès 1914, le pouvoir colonial ordonne au Sultan de préserver le pouvoir judiciaire des Jamā‘āt et des šyūḫ al-‘am, afin de faciliter la soumission politique des Etats du Siba. Finalement, en 1930, la Résidence transmet au Sultan un Dahir répondant officiellement aux requêtes des communes pacifiées ou en voie de se rendre.

Il s’agit premièrement d’éviter l’immixtion des nouveaux Qā’id dans la justice communale (art. 1). Ensuite, le décret institue des tribunaux coutumiers pour la justice civile et commerciale appliquant « dans les cas, la coutume locale » (art. 2), il crée aussi des tribunaux coutumiers de seconde instance pour interjeter appel des décisions pénales des Amġar-s (art. 3) et des tribunaux de première instance (art. 4).

Cependant, il n’échappe pas aux membres du pays Siba que l’intérêt du Dahir dépasse la préservation (toute relative) de leur indépendance. Il vise surtout à soumettre le pays berbère à la juridiction française : l’article 6 passe les sujets marocains « de coutume berbère » (art. 1) sous la compétence criminelle des tribunaux français. Il s’agissait de prévenir les guerres intercommunales, mais aussi de retirer des individus au pouvoir de la Jamā‘a en matière criminelle et surtout de pouvoir réprimer dans l’œuf toute dissidence. Finalement l’article 7 place tout ressortissant européen sous le ressort des tribunaux français en cas de conflit immobilier, ce qui ouvre la possibilité d’une large déprédation coloniale.

Evidemment, une certaine contestation citadine voit dans cet acte pragmatique un complot visant à « désislamiser » les berbères et à abolir le šrā‘ (là où il n’était de toute façon presque jamais appliqué). Il y avait effectivement dans certains cercles du pouvoir colonial le projet d’européaniser (voire, pour certains, de christianiser) les Imaziġen. Mais le ressort principal du projet reste bel et bien de placer les « tribus de coutume berbère » sous administration coloniale directe, comme en Algérie ou en Afrique Occidentale. Et ce n’est pas par hasard qu’il devient le premier point de crispation contre le protectorat, le véritable déclencheur du mouvement indépendantiste urbain.

Par conséquent, les berbères sont pris en otage entre la volonté de garder un peu d’autonomie et d’éviter le despotisme makhzénien et la pression de la nouvelle élite arabophone, persuadée que toute collaboration ferait le jeu des chrétiens.

Mais c’est finalement l’intégration économique et politique qui favorisera la trahison des élites de l’ex-Bled Siba, et conduira le pays dissident à devenir le « Maroc inutile », une région pauvre, désarmée face aux déprédations et abandonnée par les pouvoirs publics successifs jusqu’à nos jours.