Flavius Josephe, Guerre des Juifs, VII, 11, 1-2 : Les sicaires à Cyrène, v. 80 n-è

La fureur des sicaires s’attaqua aussi comme une épidémie aux villes de la Cyrénaïque, Jonathan, le plus scélérat des hommes, tisserand de son métier, se réfugia à Cyrène ; il persuada un assez grand nombre de pauvres gens de le suivre et les emmena au désert, leur promettant de leur montrer dis signes divins et des apparitions. Son entreprise et ses fourberies restèrent généralement ignorées ; cependant les Juifs les plus distingués de Cyrène dénoncèrent à Catullus, gouverneur de la Libye pentapolitaine, l’exode et les menées de Jonathas. Le gouverneur envoya des cavaliers et des fantassins et s’empara facilement de cette troupe désarmée. La plupart furent tués, d’autres pris vivants et amenés à Catullus. Quant a l’instigateur, Jonathan, il se sauva sur l’heure, mais fut pris après des recherches actives faites dans tout le pays. Conduit devant le gouverneur, il imagina un moyen d’échapper lui-même au supplice et de fournir ainsi à Catullus l’occasion de sévir injustement, car il prétendit faussement que les Juifs les plus riches lui avaient suggéré son dessein.

Catullus accueillit avec empressement ces calomnies et enfla considérablement l’affaire, en prenant un ton tragique pour se donner l’apparence d’avoir, lui aussi, triomphé d’une guerre juive. Qui pis est, non content d’ajouter foi aux mensonges des sicaires, il en fut encore l’inspirateur; c’est ainsi qu’il donna l’ordre à Jonathas de dénoncer un certain Juif, du nom d’Alexandre dont il était depuis longtemps l’ennemi et auquel il portait une haine ouverte ; il enveloppa dans ses accusations Bérénice, la femme d’Alexandre, les mit à mort tous deux et fit égorger après eux tous les Juifs connus par leur richesse, c’est-à-dire environ un millier d’hommes. Il croyait commettre ces crimes avec sécurité, parce qu’il confisquait leurs patrimoines au profit du fisc impérial.