[I-Empereur Xuanzong (712-756]
« Epitaphe du défunt Kül-Tēgin. Oh, Ciel si bleu ! il n’y a rien qui ne soit abrité par Toi ! Le Ciel et les humains sont liés entre-eux, et l’univers est homogène. Par son souffle il sépare le Yin et le Yang, et par ce moyen ils deviennent séparément souverains-maîtres. La souveraineté est donc en principe sa descendance.D’abord, elle s’est étendue victorieusement du Pays du Milieu, les steppes boréales sont venus rendre hommage à la cour et ont prié à Gan-zi-wen (palais impérial des Han) de garder Guang-lu. Conséquemment l’intimité de Nos bonnes relations date depuis bien longtemps à ce que Nous semble. Depuis que Notre auguste ancêtre (Gaozu, 618) a fondé son domaine impérial, et que le Grand Fondateur (Tai-Zong, 627) a étendu après Sa charge impériale, l’instruction littéraire a été conférée dans les 8 régions et les mérites militaires sont devenus accomplis par sa seule énergie. L’Azur change (les temps changent) et est donc variable. Les noms glorieux sont alternativement célébrés. A la fin l’on peut [le recevoir humblement ?] cultiver. Le tribut des frontières arrivait conséquemment. Nous étions liés avec vous comme un père avec son fils. Nous avons fait que les calamités du brigandage n’ont plus surgi, et qu’on pouvait rentrer dans leurs étuis les arcs et les flèches. Si Vous ne Nous inquiétez pas, Nous ne romprons pas Notre parole envers vous; et ne sera-ce pas ainsi la garantie que Nos frontières ne [seront plus inquiétées par des incursions ?]. Le Prince défunt, le Kül-Tēgin, était le second fils du Qaġan Qūtlūġ, et le frère cadet du Qaġan actuel Bilgē. Sa piété filiale et ses sentiments amicaux ont retenti jusque dans les pays lointains, et sa valeur était redoutée. Proviendrait-ce seulement des sentiments de fidélité envers son souverain, que son bisaïeul Iltimeš Beg avait multipliés et qu’il avait su mener lui-même à bonne fin ? Son aïeul Qūtlūġ Tēgin, traitait ses sujets avec une profonde humanité, et son fils [et petit-fils l’imitaient ?]. Pour cette raison il était capable de continuer à observer ses sentiments amicaux, et de Nous aider à accomplir Nos desseins. Au Nord il occupait le territoire des Hian-Lui ( ?) ; à l’Ouest il touchait aux plaines des Chu-yue (groupe de l’Ili-Talas), Il respectait [les augustes décrets ?] du Tengri et obtint la charge de faveur de « Prince sage » (Tu-khi) afin de nous favoriser dans notre possession de Tang. C’est pour ces raisons que Nous louons vos vrais mérites, et que Nous avons largement ouvert Nos faveurs et de Notre bonne foi, de sorte que Nos aspirations lointaines n’ont pas été confondues et que les vues bornées ont été soudainement dissipées. Je le dis et le redis : la douleur et la compassion remplissent Mon coeur de douleur; car le Tēgin était le frère cadet du Qaġan, et le Qaġan est comme Notre fils. Quand déjà les devoirs d’un fils envers son père consistent en une vénération sincère, l’amour entre frère ainé et frère cadet n’attirerait-il pas des bénédictions continues ? C’est entièrement pour Notre fils, que Nous sommes derechef mus par une affection profonde. Par conséquent Nous avons écrit exprès une épitaphe glorieuse pour le promulguer de loin, afin que les descendants de milliers d’âges puissent se reposer sous un soleil resplendissant. Une nouvelle élégie dit: Dans la région de Cha-sai, dans le pays de Ting-Ling (région du Baikal à l’époque Han ?)Des guerriers valeureux se sont élevés en masse contre vos anciens rois. Vous, Prince ! Avez su prospérer et porter votre splendeur dans [plusieurs pays. Vos voies ont été celles de l’obéissance, et Vous avez pris la résolution de vous rapprocher de Nous, le Tang ! Qui dit que pour un pareil homme une longue prospérité ne soit garantie ? La haute stèle, se dressant comme une montagne, fera descendre des bénédictions sans fin. Erigée dans la 20ème année de Kaiyuan (Xuanzong, 713-741) des Grands Tang, l’année cyclique étant Jin-chin, le 12ème mois Xin-zhou, de la nouvelle lune, le 7ème jour Ting-wi.
I-Est :
Quand le ciel bleu (kök tengrī) en haut et la sombre terre (yaġiz yir) en bas furent créés, entre les deux furent créés les fils des hommes (kīsī ōġlī).
[Histoire des premiers Kök-Türk : v. 550-640]
Au-dessus des fils des hommes s’élevèrent mes ancêtres Būmin Qaġan (551-552) et Istemī Qaġan. Après être devenus maîtres, ils gouvernèrent et fixèrent l’empire (Īl) et les institutions du peuple (būdun) türk.
Aux quatre coins du monde ils avaient beaucoup d’ennemis, mais faisant des expéditions avec des armées, ils asservirent et pacifièrent beaucoup de peuples aux quatre coins du monde; ils leur firent baisser la tête et ployer le genou ; ils les firent s’établir en avant (est) jusqu’à la forêt de Qadirqan, en arrière (ouest) jusqu’à la Porte de Fer (Temir Qapi). Si loin entre ces deux points extrêmes s’étendaient en souverains les Kök-Türk.
C’étaient de sages (bīlgē) Qaġan, c’étaient de vaillants (Alp) Qaġan ; tous leurs officiers (Būyurūq) étaient sages, étaient vaillants ; tous leurs nobles (beg-ler), leur peuple entier, étaient justes. C’est pourquoi ils pouvaient gouverner un si grand empire et, en gouvernant l’empire, donner des lois.
A leur tour, ils trépassèrent. Pleurant et se lamentant arrivèrent de l’avant, du côté du soleil levant, les puissants peuples du désert, les Tabġach (dynasties chinoises 350-620èTang), les Tüpüt (tibétains), les Apar (Avars ?) et Apūrim, les Qīrqiz, les Trois-Qūrīqan, les Trente-Tatar, les Qītay, les Tatabī, — tous ces peuples vinrent se lamenter et pleurer : si vaillants avaient été ces Qaġan.
Après cela leurs frères cadets devinrent Qaġan, et leurs fils devinrent Qaġan ; mais alors les frères cadets n’étaient point créés comme leurs frères aînés, les fils n étaient point créés comme leurs pères. Des Qaġan sans sagesse (Bīligsīz), des Qaġan lâches montèrent sur le trône ; leurs officiers étaient tous sans sagesse, étaient lâches. Et comme leurs nobles et leur peuple étaient iniques, et à cause de l’aménité et du charme du peuple Tabġach, et de son insinuation, et comme les partisans des frères cadets et les partisans des frères aînés tramaient des complots les uns contre les autres, et que ceux qui tenaient pour les nobles et ceux qui tenaient pour le peuple, suscitaient des querelles les uns contre les autres, le peuple türk amena la dissolution de son empire, qui était devenu son empire, et amena la ruine de son Qaġan, qui était devenu son Qaġan.
[Domination chinoise : v. 640-690]
Les fils des nobles devinrent esclaves (Qūl) du peuple Tabġach, leurs pures filles devinrent ses serves (Küng). Les nobles des Türk abandonnèrent leurs titres (ātīn) türk et, portant les titres Tabġach des dignitaires de Tabġach-ġī, ils se soumirent au Qaġan Tabġach et lui vouèrent pendant 50 ans leur travail et leur force. En avant, vers le soleil levant, ils firent des expéditions jusque chez le puissant (böklī) Qaġan ; en arrière, ils firent des expéditions jusqu’à la Porte de Fer ; mais au Qaġan Tabghach ils livrèrent leur empire (Īl) et leurs institutions (Törüs).
[Révolte des Türk]
Mais tout entier le menu peuple (qarā qamiġ būdun) türk parla ainsi : « J’ai été un peuple ayant son propre empire ; où est la gloire de mon empire ? A qui gagnerai-je un empire ? » — ainsi disaient-ils : « J’ai été un peuple qui avait son propre Qaġan ; où est mon Qaġan ? A quel Qaġan vouerai-je mon travail et ma force ? » — ainsi disaient-ils.
En parlant ainsi ils se firent les ennemis du Qaġan Tabġach. Après qu’ils furent devenus ses ennemis, ils reprirent de nouveau l’espoir de se constituer et de s’organiser. Mais comme tous ceux-ci ne pensaient plus à leur vouer leur travail et leur force, ils dirent : « Je veux tuer le peuple türk et le rendrai sans postérité », et ils partirent pour les anéantir.
[Election d’Ilteres Qaġan]
Mais le dieu (Tengri) des Türk en haut dans le ciel et les génies de la terre et de l’eau (Īduq yīrī sūbī) des Türk firent ainsi : pour que le peuple türk ne fût point anéanti, et pour qu’il redevint un peuple, ils élevèrent mon père (Aqanim) le Qaġan Īl-Teres et ma mère la Qatūn Īl-Bilgē, les tenant au sommet du ciel.
[Expéditions de Ilteres Qaġan, v. 680-690]
Mon père le Qaġan partit avec 27 hommes, et en apprenant le bruit qu’il sort et s’avance, ceux qui étaient dans les villes (Baliq), montèrent dans les montagnes, et ceux qui étaient sur les montagnes, descendirent, et après s’être réunis, ils furent 70 hommes. Comme le ciel leur donnait la force, l’armée de mon père était comme des loups, et ses ennemis comme des brebis.
Faisant des expéditions par devant (est) et par derrière (ouest) il rassembla (des gens) et les fit se soulever ; en tout ils furent 700 hommes. Après qu’ils furent devenus 700 hommes, il déposséda des peuples et déposa des Qaġan, il fit les peuples serves et esclaves ; il abolit les peuples et leurs institutions türk ; il régla les peuples d’après les institutions de nos ancêtres et les enflamma.
II y constitua les peuples Tölīs (Talas ?) et des Tardūš et leur donna un Yabġū et un Šad.
A droite (sud) le peuple Tabġach était ennemi, à gauche (nord) Baz Qaġan et le peuple des Neuf ōġuz étaient ennemis ; les Qīrqiz, les Qūrīqan, les Trente Tatar, les Qītay, les Tatabī, beaucoup étaient ennemis. Mon père le Qaġan […] tous ceux-ci ; il se mit 47 fois en campagne et lutta en 20 batailles ; comme le ciel lui était propice, il rendit sans empire (priva de leur indépendance) ceux qui avaient un empire (formaient un peuple indépendant), ceux qui avaient un Qaġan, il les rendit sans Qaġan ; il pacifia les ennemis et leur fit ployer le genou et baisser la tête.
Après avoir fait [tant de choses pour l’empire et pour] les institutions, mon père le Qaġan mourut. En tète (du cortège) de mon père le Qaġan, on fit mener le deuil à Baz Qaġan.
[Avènement de son oncle et expéditions, v. 690-711]
D’après l’usage, mon oncle paternel (achīm) le Qaġan monta sur le trône. Après être monté sur le trône, mon oncle le Qaġan gouverna bien le peuple türk, et le releva ; les pauvres il les rendit riches, ceux qui étaient en petit nombre, il les rendit nombreux.
Quand mon oncle paternel monta sur le trône, j’étais moi-même Šad du peuple Tardūš. De concert avec mon oncle le Qaġan, nous fimes des expéditions en avant (est) jusqu’au fleuve Vert (Yašil-üguz : le fleuve jaune ?) et la plaine de Šendūng (chine centrale), en arrière (ouest) nous fîmes des expéditions jusqu’à la Porte de Fer ; au-delà de Kögmen, nous fimes des expéditions jusqu’au pays des Qīrqiz.
En tout nous fîmes 35 expéditions et nous luttâmes dans 23 batailles. Ceux qui avaient un empire, nous les rendîmes sans empire ; ceux qui avaient un Qaġan, nous les rendîmes sans Qaġan ; nous leur fîmes ployer le genou et baisser la tête.
[Soumission des Türgesh]
Le Qaġan des Türges était de nos Türk, de mon peuple. Comme il était sans sagesse et parce qu’il tomba en faute à notre égard, leur Qaġan fut tué et tous ses officiers et nobles furent tués. Le peuple bien-aimé subit des peines.
Pour que la terre et l’eau que nos ancêtres avaient eues en possession, ne fussent point sans maître, nous organisâmes le peuple peu nombreux et […] il y avait Bars-Beg. Nous lui donnâmes ici le titre de Qaġan, et nous lui donnâmes ma sœur cadette pour épouse. Mais lui-même tomba en faute. Leur Qaġan fut tué, et son peuple devint serves et esclaves.
[Soumission des Qīrqiz]
Pour que la terre et l’eau de Kögmen ne restassent pas sans maître, nous nous chargeâmes du petit peuple Qīrqiz ; nous y vînmes et luttâmes, mais nous leur rendîmes [leur indépendance]. En avant (est) au-delà de la forêt de Qadirqan, nous fîmes s’établir le peuple et nous l’organisâmes ; en arrière (ouest) jusqu’à Kengü-Tarman, nous fîmes s’établir le peuple türk et nous l’organisâmes), en ce temps, les esclaves étaient devenus propriétaires d’esclaves, les serves étaient devenues propriétaires de serves, le frère cadet ne connaissait pas son frère aîné, le fils ne connaissait pas son père.
[Crise du régime et mort du Qaġan]
Nous avions tant acquis et organisé ; c’était notre empire, nos institutions. Ecoutez, nobles et peuple des ōġuz türk ! Le Tengrī en haut ne les ayant pas écrasés, ni la terre en bas n’ayant éclaté, ô peuple türk, qui est-ce qui a ruiné […] ton empire et tes institutions ? Ô peuple türk, … repens-toi ! C’est toi-même qui t’es rendu coupable et qui t’es conduit en lâche contre ton Bīlgē Qaġan, qui grâce à ton obéissance t’avait rétabli, et contre ton bon peuple, qui avait joui de la liberté. D’où des hommes armés sont-ils venus pour te disperser et t’emmener ? D’où sont venus des lanciers pour t’entraîner ? Ô, peuple de la forêt sacrée d’Ötüken, tu es parti : quelques-uns des tiens allèrent en avant (est), d’autres des tiens allèrent en arrière (ouest), mais dans le pays où tu allas, bien que celui-là fut bon, ton sang y coula comme l’eau, et tes ossements furent entassés comme un mont ; les fils de ta noblesse devinrent esclaves, tes pures filles devinrent serves.
[Avènement de Kül-Tīgin et de Yolgi-Tīgin le Bīlgē Qaġan]
En raison de ta folie et de ta lâcheté, mon oncle trouva la mort. A la tête je fis mener le deuil au Qaġan des Qīrqiz.
Le ciel qui, pour que le nom et la réputation du peuple türk ne fussent pas perdus, avait élevé mon père le Qaġan et ma mère la Qatūn, le ciel qui leur avait donné l’empire, ce même ciel m’établit moi-même comme Qaġan, pour que le nom et la réputation du peuple türk ne fussent pas perdus. Je ne régnai pas sur un peuple brillant par sa richesse ; je régnai sur un peuple faible et lâche, qui au dedans était sans nourriture et au dehors était sans vêtements.
J’en ai parlé avec mon frère cadet Kül-Tīgin. Pour que le nom et la réputation du peuple acquis par notre père et notre oncle ne fussent pas perdus, j’ai passé, pour l’amour du peuple türk, la nuit sans dormir et le jour sans rester tranquille.
De concert avec mon frère cadet Kül-Tīgin et les deux šad j’ai travaillé à mort. En travaillant tant je n’ai pas rendu mécontents l’ensemble des peuples. [Quand] moi-même, [je fus devenu Qaġan] le peuple qui était allé en différents pays, revint mourant, à pied et nu.
[Expéditions en Mongolie et Gansu]
Pour rétablir le peuple j’ai fait 22 expéditions avec de grandes armées, à gauche (nord) (yīrġ) contre le peuple des ōġuz, vers l’est (ilg) contre les peuples Qītay et Tatabī, à droite (sud) (birg) contre les Tabġach, et j’ai lutté dans […]. Après, par la grâce du ciel, comme la fortune me suivait et que le destin m’était propice, j’ai ramené à la vie le peuple mourant, j’ai procuré au peuple nu des vêtements, j’ai rendu riche le peuple pauvre, nombreux le peuple qui était en petit nombre. Parmi ceux dont le peuple et le Qaġan se joignirent à moi, j’ai fait du bien. Beaucoup de peuples aux quatre coins du monde ont été pacifiés par moi et amenés à cesser les hostilités, beaucoup se sont soumis à moi.
Mon frère cadet Kül-Tīgin, qui m’a voué son travail et sa force, est mort à son tour après avoir tant fait pour les institutions.
[Kül-Tīgin, 711-730]
A la mort de mon père le Qaġan, mon frère cadet Kül-Tīgin [fut laissé à l’âge de] 7 ans. Par bonheur pour ma mère la Qatūn, qui ressemblait à (la déesse?) Ūmay, mon frère Kül-Tīgin lui tint lieu de mari. Voici ce qu’il fit, à l’âge de 26 ans, pour l’empire et le gouvernement de mon oncle le Qaġan : nous fîmes une expédition contre les Six Chūb et les Sōġdaq, et nous les dévastâmes.
[Victoire contre les Tang, v. 715]
Une armée de 5 Tümen (divisions) de Tabġach (et de ?) « Ong-Tūtūq » vint. Kül-Tīgin attaqua à pied. A main armée, il fit prisonnier les Ong-Tūtūq et procura la paix au Qaġan par la force des armes. Mais cette armée, nous l’anéantîmes là.
Dans sa 31ème année, nous luttâmes contre Chachā-Sengün (Cha-Tch’a-tchong-i, généralissîmes chinois 706-710). D’abord il monta le cheval gris Tadiq-Chūr et attaqua. Ce cheval fut tué là. En second lieu il monta le cheval gris Īšbarā-Yamatar et attaqua. Ce cheval fut tué là. En troisième lieu il monta Kedimlig, le cheval bai Yeginsilig-Beg, et attaqua. Dans son armure et son […] il atteignit de flèches plus de 100 […]. Son attaque est dans le souvenir de beaucoup d’entre vous, ô nobles türks. Mais cette armée nous l’anéantîmes là.
Ensuite les Yir-Bayirqū et les Ūlug-Īrken devinrent ennemis. Nous les dispersâmes et les détruisîmes près du lac de Türgī-Yarġūn. Les Ūlug-Īrken prirent la fuite avec très peu d’hommes.
[Soumission des Qīrqiz, v. 720]
Dans la 36ème année de Kül-Tīgin, nous fîmes une expédition contre les Qīrqiz. En traversant la neige qui avait la hauteur de nos lances, nous montâmes les montagnes boisées du Kögmen, et fondîmes en vainqueurs sur le peuple des Qīrqiz, et nous luttâmes contre leur Qaġan dans la forêt au-delà. Kül-Tīgin attaqua, monté [sur l’étalon blanc] Bayirqūn ; il atteignit d’une flèche un homme, il transperça 2 hommes dans la rencontre. Dans cette attaque, il éreinta . . . l’étalon blanc Bayirqūn. Nous tuâmes le Qaġan des Qīrqiz et asservîmes leur peuple.
[Soumission des Türgesh et de la Sogdiane, v. 720]
Durant la même année nous marchâmes contre les Türges en montant les montagnes boisées dAltūn (Altaï ?) et en passant le fleuve Ertis. Nous fondîmes en vainqueurs sur le peuple des Türges. L’armée du Qaġan des Türges arriva à Bōlchū comme le feu et la tempête, et nous luttâmes. Kül-Tīgin attaqua, monté sur le cheval gris Bašġū [….]. Pénétrant de nouveau, les officiers du Qaġan des Türges firent là un petit nombre de prisonniers. Nous tuâmes leur Qaġan et asservîmes leur peuple. Beaucoup parmi les Qarā-Türges s’en retournèrent. […]
Pour organiser le peuple Sōġdaq, je fis une expédition jusqu’à la Porte de Fer en passant la « rivière des Perles » (Yinchü Ūġuz : Zer-Afšan ?).
Après cela, le peuple Qarā-Türges commença les hostilités et se porta sur Kengeres. Notre armée et ses chevaux n’avaient ni station ni provisions, et c’étaient des gens lâches […] c’étaient des hommes braves qui nous avaient attaqués. Découragés dans ces circonstances, nous détachâmes Kül-Tīgin avec un petit nombre de ses gens. Il livra une grande bataille. Monté sur son cheval blanc Alp-Šalchī, il attaqua. Là il tua et asservit le peuple Qarā-Türges. En retournant […]
I Nord :
il lutta contre […] et contre les Qōšū-Tūtūq, il tua beaucoup de leurs hommes ; ils livrèrent leurs maisons et leur biens […] en grand nombre.
[Batailles contre les Qarlūq, v. 721 et 725]
Kül-Tīgin ayant 37 ans, le peuple des Qarlūq devint un vaillant ennemi jouissant de la liberté. Nous luttâmes près de la sainte source du Tamaġ. Kül-Tīgin n’avait que 30 ans quand cette bataille eut lieu. Monté sur son cheval blanc Alp-Šalchī, il attaqua. Il transperça 2 hommes dans la rencontre. Nous tuâmes et asservîmes les Qarlūq. Une petite partie du peuple resta ennemie, et nous luttâmes à Qarā-Köl (lac Noir). Kül-Tīgin avait alors 41 ans. Monté sur son cheval blanc Alp-Šalchī, il attaqua.
Il fit prisonnier peu d’Elteber, et le petit peuple fut anéanti là.
Quand l’empire de mon oncle le Qaġan fut épuisé et que le peuple fut (divisé ?), nous luttâmes contre le peuple des Īzgil. Monté sur son cheval blanc Alp-Šalchī, Kül-Tīgin attaqua. Ce cheval s’abattit là, mais le peuple des Īzgil fut tué.
[Bataille contre les Neuf-Oġuz]
Le peuple des Neuf-ōġuz était mon propre peuple. Comme il y avait bouleversement au ciel et sur la terre, ils devinrent ennemis. En un an nous luttâmes 5 fois.
D’abord nous luttâmes près de la ville de Tōġū. Monté sur le cheval blanc Azman, Kül-Tīgin attaqua. Il transperça 6 hommes ; dans la mêlée des armées il sabra un 7ème homme.
La seconde fois nous luttâmes contre les Ediz à Qūšli-Ġaq. Monté sur son cheval brun Az-yaghiz, Kül-Tīgin attaqua. I1 transperça un homme, en en venant aux mains il abattit 9 hommes. Le peuple Ediz fut tué là.
La troisième fois nous luttâmes contre les ōġuz à Bū […]. Monté sur le cheval blanc Azman, Kül-Tīgin attaqua et perça ; nous vainquîmes leur armée et asservîmes leur peuple.
La quatrième fois nous luttâmes près de la source du Chūš (Suyab ?). Le peuple türk tombait de fatigue et se démoralisait. Kül-Tīgin laissa donc échapper leur armée qui était arrivé avant nous. Mais en en venant aux mains pendant les funérailles de Tōngā-Tīgin (un seigneur du même nom a été exécuté à Beijing/Bešbaliq en 714), nous tuâmes un homme de la race des Tōngrā (nommé) Alp-Aġū et 10 hommes (les chinois nomment un clan Ouigour Thong-lo).
La cinquième fois nous luttâmes contre les ōġuz à Ezgentī-Qada. Monté sur son Az-Yaġiz, Kül-Tīgin attaqua. Il transperça 2 hommes [….]. Cette armée [fut tuée] là.
[Attaque des Oġuz sur le camp impériale mort de Kül Tīgin, v. 730]
Après avoir hiverné dans la forteresse d’Amġa-Qūrġan, nous mîmes en marche, au printemps, l’armée vers les ōġuz. Sous les ordres du beg Kül-Tīgin nous nous avançâmes. Mais les ōġuz ennemis assaillirent l’ōrdū (le camp). Monté sur son cheval blanc Ögsiz (l’orphelin), Kül-Tīgin transperça 9 hommes, et ne livra pas l’ōrdū. Pour ma mère la Qatūn, suivie de mes belles-mères, mes sœurs, mes brus et mes femmes, toutes celles d’entre elles qui auraient survécu, seraient devenues esclaves, celles d’entre vous qui auraient trouvé la mort, seraient restées gisantes à la Yūrt ou sur le chemin.
Si Kül-Tīgin n’avait été, un grand nombre d’entre vous auraient trouvé la mort. Mais mon frère Kül-Tīgin périt.
[Funérailles impériales et délégations]
Moi-même je me désolai : Bien que mon œil vît, ce fut comme s’il ne voyait pas ; bien que mon esprit fût conscient, ce fut comme s’il eût perdu conscience. Moi-même je me désolai. Le ciel dispose du temps, mais les nombreux fils des hommes sont nés mortels. Je me désolai tellement : pendant que les larmes tombent de mon œil et le gémissement sort abondammen de mon cœur. Je me désolai de nouveau, je me désolai profondément. Je me désolai en disant : Les yeux et les sourcils des deux šad et de mes cadets, de mes princes, de mes nobles et de mon peuple se gâteront.
Pleurant et se lamentant vinrent d’abord les peuples Qītay-Tatabī (représentés par) Ūdar-Sengün. De la part du Qaġan Tabġach vint Īsiyī Līkeng (Liu-Hiang). Il apporta des objets précieux d’un Tümen (10 000) et une infinité d’or (altūn) et d’argent (Kümuš). De la part du Qaġan du Tüpüt vint Bölen. De la part des peuples qui habitent en arrière, au soleil couchant, les Sōġd, les Berchek-er(?) et les Būqaraq-Ūlis (Būḫāra), vinrent Neng-Sengün et ōġul-Tarqan (?). De la part de mon (beau) fils aimé, le Qaġan des Türges), vinrent Maqarach le Tamġachī (garde des sceaux ?), et le sage Tamġachī des ōġuz. De la part du Qaġan des Qīrqiz vinrent (les ?) Tardūš et Īnanchū-chūr.
Pour élever l’édifice et travailler la pierre aux inscriptions, ornée de travaux de sculpture, vint le chīqan du Qaġan chinois, Chang-Sengün (Chang-Kiu-i titré Kin-‘u-tsiang-kiun ?)
I-Sud
[Proclamation impériale]
Moi qui ressemble au ciel, Bīlgē Qaġan des Türk, venu du ciel, à l’heure qu’il est, je suis monté sur le trône. Ecoutez jusqu’au bout ce que je vous mande, vous qui venez après moi, mes cadets, mes princes, et tous ensemble. membres de ma race, ainsi que toi mon peuple ; à droite, vous nobles šadapīt ; à gauche, vous nobles et officiers (būyuruq) Tarqat, vous nobles et peuple des Trente-[Tatar], […] et des Neuf-ōġuz ! Ecoutez bien ce que je vous mande, prêtez l’oreille attentivement!
En avant vers le soleil levant, à droite au midi, en arrière vers le soleil couchant, à gauche au minuit – en dedans de ce (cercle) il y a beaucoup de peuples qui me sont soumis, dans cette étendue il y a beaucoup de peuples que j’ai organisés. Pendant que le Qaġan des Türks habite la forêt d’Ötüken sans cette gloire ni cette civilisation, le peuple n’a aucun chagrin. En avant, j’ai fait des expéditions jusqu’à la plaine de Šendūng (Chine centrale). mais je n’ai nullement touché au Talūy (?) ; à droite j’ai fait des expéditions jusqu’aux Neuf-Ersin, mais je n’ai nullement touché au Tūpūt (Tibet) : en arrière j’ai fait des expéditions au delà de la livière des Perles, jusqu’à la Porte de Fer ; à gauche j’ai fait des expéditions jusqu’au pays des Yir-Bayirqū. Jusqu’à tant de pays j’ai conduit.
Dans la forêt d’Ötüken ils n’avaient pas de ??? suzerain : le centre d’où se gouvernait l’empire, c’était la forêt d’Ötüken. Habitant ce pays j’entrai en relations avec le peuple Tabġach (chinois).
[Recommandation à éviter les chinois et à se garder de la civilisation]
L’appel du peuple Tabġach, qui nous donne sans peine tant d’or, d’argent, d’Īsigtī ( ?) , de soie (qūtay ?), était doux, ses richesses étaient molles. En s’insinuant par leur doux appel et leurs richesses molles, ils firent approcher d’eux le peuple lointain. Après qu’ils (les Türk) se furent établis dans leur voisinage, ils répandirent parmi eux leur civilisation et leur savoir (Ayiġ-Bīlig). Le bon homme sage, le bon homme vaillant, ils ne le renvoyaient pas. Si un homme tombait en faute, ils ne s’avançaient pas jusqu’à … de sa race et de son peuple. En se laissant vaincre par leur doux appel et leurs richesses molles, beaucoup des tiens, ô peuple türk ! sont morts.
Comme une partie des tiens, ô peuple türk, considérant qu’à droite n’était pas la sombre forêt, disait: « Je veux m’établir dans la plaine », les gens policés excitèrent la partie du peuple türk, qui parlait ainsi. « Celui qui est au loin donne de mauvais trésors, celui qui est près donne de bons trésors » — en parlant ainsi il les excitaient. Comme des gens ignorants acceptèrent cette invitation et s’approchèrent, beaucoup des tiens sont morts.
« Si tu vas dans ce pays-là, ô peuple türk !, tu mourras. Mais si, demeurant dans le pays d’Ötüken. tu envoies des caravanes et des convois, et si tu restes dans la forêt d’Ötüken où il n’y a ni richesse ni chagrin, tu continueras à conserver un empire éternel, ô peuple türk ! et tu te rassasieras davantage ; quand tu as faim, tu ne peux pas te rassasier, mais quand tu t’es une fois rassasié. tu ne peux pas avoir faim ! »
Mais sans accepter les recommandations de ton Qaġan, qui grâce à ceux des tiens qui étaient là, t’avait relevé, tu allas dans tous pays et beaucoup des tiens y sont perdus ou fatigués. Mais de ceux qui restèrent en ce pays-là, un grand nombre encore ont émigré en différents pays à la vie ou à la mort.
[Sur le monument]
Par la grâce du ciel et parce que j’avais la fortune avec moi, je suis moi-même devenu Qaġan. Après être devenu Qaġan, j’ai élevé le peuple de rien et pauvre, le peuple pauvre je l’ai rendu riche, le peuple peu nombreux je l’ai rendu nombreux. Pour tirer profit de mon allocution, écoutez ceci, vous nobles et peuple türk !
Comment tu as rassemblé le peuple türk et gouverné l’empire, je l’ai inscrit ici. Comment tu as failli et t’es divisé, je l’ai inscrit ici. Tout ce que j’ai à dire, je l’ai inscrit sur la pierre éternelle. En la regardant, sachez, ô peuple et nobles türk, les nobles qui ont obéi au trône, vous tomberez en faute. C’est moi qui [. . . la pierre éternelle?].
De chez le Qaġan des Chinois j’ai fait venir des sculpteurs et je (leur) ai (fait) sculpter. On n’a pas rejeté mon invitation, mais on a envoyé les sculpteurs intérieurs (c.-à-d. attachés à la maison) du Qaġan. Je leur ai fait ériger à part l’édifice (le temple, la salle), et tailler à part les sculptures à l’intérieur et à l’extérieur, et je leur ai fait tailler la pierre. Le message que j’ai sur le cœur je l’ai fait inscrire […] jusqu’à [vos fils bien-aimés] et vos descendants(?) en le voyant, sachez ceci : j’ai fait tailler la pierre éternelle.
Parce que ce lieu est désert (?), et parce que […](?) est dans d’âpres (?) lieux, j’ai fait tailler cette pierre dans un âpre (?) lieu, et je l’ai chargée d’inscriptions.
En la voyant, sachez ceci! Cette pierre, j’ai […]. En ce qui concerne celui qui a tracé cette inscription, c’est son cousin (atī), Yōliġ-Tīgin.
I, Nord-Est
Kül-Tīgin trépassa dans l’année du mouton, le 27ème jour. Au 9ème mois, le 37ème jour, nous fîmes les funérailles. Sa salle, sa statue et sa pierre à inscriptions, nous les avons inaugurés, en grand nombre, dans l’année du singe, au 7ème mois, le 37ème jour. A sa mort Kül-Tīgin avait 47 ans […]. Les Tōyġun et les Eltebers firent venir tant de sculpteurs.
I, Sud-Est
En ce qui concerne celui qui a écrit toute cette inscription, c’est moi, Yōliġ-Tīgin, cousin (?) de Kül-Tīgin, qui l’ai écrite.
Demeurant ici pendant 20 jours, moi Yōliġ-Tīgin j’ai écrit ces nombreux signes sur cette pierre. En faisant du bien parmi vos fidèles princes et Toyġūn vous les avez rétablis. (Maintenant) vous êtes morts. Au ciel comme parmi les vivants vous êtes.
I, Sud-Ouest
[ … ] l’or, l’argent, les richesses (aġīš ?), les biens, [les quatre maisons et les chevaux?] de Kül-Tīgin ….[…] mon seigneur le Tīgin en haut [au] ciel [. . . .j. Moi Yolig-Tīgin, j’ai écrit sur la pierre.
I, Ouest
— — mon frère cadet Kül-Tīgin [est mort . . …]. Parce qu’il m’a voué son travail et ses forces, moi Bīlgē (sage) Qaġan des Türk, [j’ai été] assis à(?) . . . en veillant mon frère cadet Kül-Tīgin [ — — ].
Īnanchū Apā Yarġan-Tarqan […]
II, Est
Moi, qui ressemble au ciel et qui suis institué par le ciel, Bilgē (sage) Qaġan des Türk, je vous mande :
[A la mort de ?] mon père, Bilgē (sage) Qaġan des Türk, […] les vaillants nobles et le peuple des Neuf-ōġuz […] ciel des Türks […] je suis devenu Qaġan de […].
A mon avènement, les nobles (beg-ler) et le peuple (būdun) des Türk, qui s’étaient désolés comme s’ils allaient mourir, changèrent et se réjouirent, et rassurés levèrent les yeux. Après être moi-même monté sur le trône, j’ai donné tant de lois importantes (āġir-törüg) [parmi les peuples] des 4 coins (būlung).
[Expéditions contre les 710-712 : Expéditions contre les Tangut (Gansu), les Sogdiens etc…]
Dans ma 27ème année, je fis une expédition contre les Tangūt. Je dévastai le peuple des Tangūt, et j’y pris leurs fils, leurs gens, leurs chevaux (yīlqīs) et leurs biens (barim).
Dans ma 28ème année, je fis une expédition contre les Six-Ch[ūb (et les ?) Sōġdaq, et j’y dévastai le peuple. Une armée de 5 Tümen (50 000) Ong-tutuq (et de ?) Tabġach vint. Je luttai près du mont sacré (Īduq-Bašdā), et j’y anéantis cette armée.
Dans ma 29ème année, il y avait un peuple de ma race au nom sacré (Īduq-at) de Basmil. Comme ils n’envoyaient pas de caravanes (tribut), je fis une expédition.
[715-720 : expéditions contre les Chinois, les Kirghiz, les Türgesh]
Dans ma 32ème année, je fis une expédition (tapā) contre les Tabġach (les Chinois). J’y luttai contre Chachā-Sengün et une armée de 8 Tümen (80 000) ; j’y tuai son armée.
Dans ma 36ème année, le peuple des Chīk avec les Qīrqiz devinrent ennemis. En passant le Kem (Iénisséi) je fis une expédition contre les Chīk ; je luttai à Örpen et je vainquis leur armée [et asservis le] petit (az) [peuple…].
Dans ma 37ème année, je fis une expédition contre les Qīrqiz. En traversant la neige qui avait la hauteur de nos lances, je marchai en montant les montagnes boisées du Kögmen et fondis en vainqueur sur le peuple des Qīrqiz; je luttai contre leur Qaġan dans la forêt au-delà, et je tuai leur Qaġan et asservis leur peuple.
Durant la même année, je marchai contre les Türges en passant les montagnes boisées d’Altūn et le fleuve Ertiš (Irtych). Je fondis [en vainqueur sur le peuple des Türges]. L’armée du Qaġan des Türges arriva comme le feu et la tempête, et nous luttâmes à Bōlchū ; j’y tuai leur Qaġan, leur Yabġū et leur Šad, et j’asservis leur peuple.
[713-720 : Expéditions contre Urumqi, les Qarlûq et les Neuf Oghuz]
Dans ma 30ème année, je fis une expédition contre Bis-Baliq. Je luttai 6 fois [….] je tuai beaucoup de leurs troupes. En se disant : « Quelles gens est-ce qui sont là-dedans ? », [….] auraient été perdus […] vinrent (les) appeler (?). Grâce à eux, Bis-Baliq échappa.
Dans ma 31ème année, le peuple des Qarlūq devint un vaillant ennemi, vivant en liberté sans inquiétudes. Je luttai près de la sainte source (?) du Tamaġ. Je tuai le peuple des Qarlūq et je l’asservis là.
Dans ma [37ème ?] année (?) [. . .] le peuple entier(?) des Qarlūq [se réunit . . . je les] tuai.
Les Neuf-ōġuz étaient mon propre peuple. Comme il y avait bouleversement au ciel et sur la terre et que la jalousie leur avait remué la bile, ils devinrent nos ennemis.
En un an je luttai 4 fois.
D’abord je luttai près de la ville de Tōġū. Après avoir passé à la nage la rivière Tōġlā (Tola), leur armée […].
La seconde fois, je luttai près d’Ūrġū et vainquis leur armée.
[La troisième fois] je luttai [près de la source du Chūch ?]. Le peuple türk tombait de fatigue et se démoralisait. Je laissai donc échapper leur armée, qui nous avait devancés en (nous) dispersant ; mais beaucoup d’entre eux s’y réunirent pour y trouver la mort. En en venant aux mains pendant les funérailles de Tōngā-Tīgin, j’abattis là un homme de la race des Tōngrā, nommé Yīlpaġū (?).
La quatrième fois, je luttai à Ezgendī Qadaz. J’y vainquis et défis leur armée.
[Attaque des Oghuz]
[Dans ma … année] quand j’eus hiverné à Amġī Qūrġan, il y eut gelée suivie de famine. Au printemps, j’entrai en campagne contre les ōġuz. La première armée s’était mise en marche, la seconde (?) armée était à la maison. Trois armées ōġuz vinrent nous attaquer. En disant : « ils sont devenus sans chevaux et faibles !», ils vinrent nous prendre. L’une de leurs armées envahissantes alla en pillant les maisons et les bâtiments ; une autre (?) vint luttant.
Nous étions peu nombreux et nous étions faibles, mais l’ennemi (?) ōġ[uz] comme [… le ciel] nous donna force, je les y vainquis et les dispersai. Par la grâce du ciel et comme je travaillais, le peuple türk travaillait aussi?]. Si au commencement je n’avais pas tant travaillé (exécuté), de concert avec mon frère cadet, le peuple türk aurait été mort, aurait été perdu.
Ô nobles et peuple türk, songez-y et sachez! Le peuple ōġuz […] Pour ne pas envoyer (abandonner) [….] j’entrai en campagne et dévastai leurs maisons et leurs bâtiments.
[716-17 : Fuite des Oghuz en Chine]
Le peuple [ōġuz] s’allia avec les Neuf-Tatar, et ils vinrent. Près d’Aġū, je livrai deux grandes batailles ; je dévastai leur armée et j’asservis là leur peuple. Après avoir tant exécuté [ ] par la grâce du ciel […]
Dans ma 33ème année le Qaġan qui avait relevé […] la force [. . .] tomba en faute. Ni le ciel en haut ni les saints génies de la terre et de l’eau ni le bonheur de […] le Qaġan ne lui étaient en aide. Le peuple des Neuf-ōġuz abandonna sa terre et son eau, et alla vers Tabġach (la Chine). Les Tabġach […] ils arrivèrent dans ce pays. En comptant les relever […] le peuple [. . .] faillit [. . .] au sud, dans le Tabġach, leur nom et leur réputation furent perdus, dans ce pays ils devinrent mes esclaves.
Parce que moi-même j’étais devenu Qaġan, je ne faisais pas […] le peuple türk ; [voilà combien] j’ai exécuté au profit des institutions […] se réunissant […] j’y luttai et je vainquis leur armée. Quelques-uns rentrèrent et redevinrent un peuple, d’autres moururent. Puis je marchai en aval de la Selengā ; et j’y dévastai leurs maisons et leurs bâtiments en réprimant leurs pillages (?). […] échappèrent dans les montagnes. Les Ūyġur-Elteber [fuirent?] par centaines vers l’est […].
Le peuple türk avait faim. Je le relevai en prenant ces troupeaux de chevaux.
Dans ma 34ème année, les ōġuz fuirent et entrèrent au Tabġach. Fâché, je me mis en marche […]; j’y pris leurs fils et leurs gens(?). Deux peuples d’Elteber […].
[Expéditions contre les Tatabî, les Qarlûq, le Tarim, les Qitay et victoire contre la Chine, v. 722-725]
Le peuple Tatabī était soumis au Qaġan Tabġach. Vu qu’il ne venait pas de bonnes nouvelles ni de bonnes demandes (?) de la part des envoyés, j’y fis une expédition en été ; j’y dévastai le peuple et pris leurs troupeaux de chevaux
[…] l’armée de […] vint, après s’être rassemblée. Ils firent (ou nous fîmes?) halte dans la forêt de Qadirqan […] s’établirent dans leur terre et leur eau. En disant :
« Marche vers le sud, contre le peuple Qarluq ! »
J’envoyai le Tūdun Yamatar, et il alla. […] les Ilteber Qarluq furent anéantis ; son (leurs?) frère(s) cadet(s) […] leurs (ses?) caravanes ne se hâtèrent pas. En disant : « Je veux les réclamer ! (?)», je me mis en marche. Par crainte il(s?) s’enfui(ren)t avec (par?) deux ou trois hommes (?). Mais le menu peuple (Qarā Būdun) [s’exalta?] en disant : « Mon Qaġan est arrivé ! ». […] je donnai à […] des chevaux (?). La cavalerie peu nombreuse […]
Sud-Est
[…] en marchant avec l’armée en amont je traversai, en 7 jours et nuits, le désert aride, et arrivé à Chōraq . . . […] jusqu’à […] Kechin (Kucha, dans le Tarim) […].
Sud
[…] le premier jour, je tuai la cavalerie Tabġach (qui comptait) 1 Tümen (10 000) et 7 000 hommes ; le deuxième jour, je tuai quantité de leur infanterie. […] j’ai fait des expéditions […] fois.
Dans ma 38ème année, en hiver, je me mis en marche contre les Qītay [ dans ma 39ème an]née, au printemps, je me mis en marche contre les Tatabī […] je tuai [ et je pris?] leurs fils, leurs gens(?), leurs troupeaux de chevaux, leurs biens […] j’anéantis leurs gens(?) [je] lutt[ai ]. Ayant tué leurs hommes braves, j’en fis faire les cérémonies funèbres (?).
Dans ma 50ème année, le peuple des Tatabī […] en Qītay […] à la montagne de […] une armée de 4 Tümen (40 000 hommes), conduits par Qū-Sengün, arriva. Près de la montagne de Tönkes, je les attaquai et les battis. Je [tuai] 3 Tümen (30 000) hommes, d[ix mille hommes se sauvèrent? — — — ] les Tatabī [ ] tuèrent (?). Mon fils aîné étant mort de maladie, je fis mener le deuil (?) à Qū-Sengün.
[Proclamation et construction de la stelle]
Pendant 29 ans j’ai été Šad, pendant 29 ans j’ai été Qaġan et j’ai gouverné l’empire. [Pendant?] 31 [ans…] j’ai procuré tant de bien à mes Türk, à mon peuple.
Après avoir tant fait [mon père le Qaġan] est mort dans l’année du chien, au 10ème mois, le 36ème jour. Dans l’année du porc, au 5ème mois, le 37ème jour, je fis faire les funérailles.
…[…] Līsün Taj-Sengün vint chez moi à la tête de 500 hommes. Ils apportèrent une infinité de parfums, de […], d’or et d’argent. Ils apportèrent du musc (yūġ yipariġ ?) pour les funérailles et le placèrent, et ils apportèrent du bois de sandal (chīndan) […]. Tous ces peuples se coupèrent les cheveux et se tailladèrent les oreilles [et les joues ?]; ils apportèrent leurs bons chevaux particuliers, leurs zibelines (kis) noires et leurs écureuils (teyeng) bleus sans nombre, et en déposèrent une grande quantité.
Moi qui ressemble au ciel et qui suis institué par le ciel (Tengrīteg Tengri Yeretmiš), Bīlgē (sage) Qaġan des Türk, voici ce que je vous mande : A l’avènement de mon père Bīlgē Qaġan des Türk, les illustres nobles des Türks, en arrière (ouest), les nobles des Tardūš, précédés par Kül-Chūr, suivi des nobles Šedepīt, en avant (est) les nobles des Töles, précédés par Apā-Tarqan, suivi des nobles Šedepīt […] Taman-Tarqan et Tōnyūquq Būylābaġā-Tarqan, suivis des officiers […] officiers précédés par Sebeg-Kül-Īrkiz, suivi des officiers, tous ces illustres nobles [rendirent] hommage (?) à mon père le Qaġan [ ] il … ses nobles et son peuple türk […] nobles et peuple türk […]. A moi-même autant de […].
Nord
Autant de peuples aux quatre coins [mon père] le Qaġan et mon oncle le Qaġan après leur avènement [avaient organisés et constitués, autant de] peuples [aux quatre coins] j’ai moi-même organisés et constitués après mon avènement par la grâce du ciel . […].
Au Qaġan des Türges j’ai donné ma fille avec grands honneurs, et j’ai donné à mon fils avec grands honneurs la fille [du Qaġan des] Tür[ges], et j’ai donné avec grands [honneurs ]. Je leur ai fait baisser la tête et ployer les genoux. Par la grâce du ciel en haut et de la terre en bas [j’ai conduit] mon peuple, qui n’en avait rien vu avec les yeux ni entendu avec les oreilles, en avant, vers le soleil levant, à droite, [vers le midi,] en arrière [vers le soleil couchant, à gauche, vers le minuit […]. J’ai procuré à mes Türk, à mon peuple [de la part des Tabġach ?] leur [or rouge ?], leur argent blanc, leurs pièces de soie (?), leur graine d’Isigtī (?), leurs chevaux particuliers et étalons, leurs zibelines noires et leurs écureuils bleus, et je l’ai arrangé. J’ai rendu [mon peuple ?] sans inquiétude. Le ciel en haut (?) […] puissant […] les nobles(?) et le peuple, […] relevez-les, ne les faites pas souffrir, ne les tourmentez pas […] les nobles türk, mon peuple türk […] de la part de ton Qaġan, ces nobles […] peuple türk, […] tu verras […], tu […]ras à ta maison, tu seras sans inquiétude […].
Puis, de chez le Qaġan des Tabġach j’ai fait venir beaucoup de sculpteurs. Il n’a pas rejeté mon invitation, mais il a envoyé des sculpteurs de son intérieur. Avec leur aide j’ai érigé à part l’édifice (le temple), [j’ai fait tailler] à part les sculptures à l’intérieur et à l’extérieur, [et j’ai fait tailler la pierre. Le message que j’ai sur le cœur] jusqu’à vos fils bien-aimés et vos descendants (?), en le voyant, sachez ceci: la pierre éternelle […]
Ouest
[Fronton au-dessus de l’épitaphe chinoise]
[…] quand [Mon père ? …]
Bīlgē Qaġan [qui a régné]
sur [les Türks, étant mort ?],
l’été reviendra, quand du ciel en haut
le pont sera […], je le pleurerai [encore ?],
et que, sur la montagne, le cerf (?)
Fuira. De mon père [le Qaġan]
Sa pierre, moi-même le Qaġan [qui l’ai ?…].
[…]
Sud-Ouest
[…] c’est moi Yōliġ-Tīgin qui ai écrit l’inscription du Qaġan. Tout cela, l’édifice, les sculptures, les peintures [ . . .]. C’est moi Yōliġ-Tīgin, cousin du Qaġan, qui, demeurant ici pendant un mois et quatre jours, ai écrit et fait sculpter.