Saint Jacques Matamore, Compostelle et les Almoravides

 Comment un apôtre de Jésus, devenu tout à la fois évangélisateur de l’Ibérie, et protecteur des pèlerins s’est peu à peu mué en saint patron des croisés et symbole de la Reconquista ?

Pour répondre à ce mystère de l’histoire, il nous faut convoquer l’histoire des Espagnes, omeyyade et chrétienne. C’est dans la confrontation entre Andalousie et Castille, entre almoravides et croisés, que réside la clef de la mutation de St Jacques de Compostelle en Santiago Matamoros : le Tueur des Maures.

1 : Saint Jacques et les Omeyyades (IXè-XIè s.)

Lorsque débute l’histoire des Espagnes Médiévales, la péninsule est occupée par les maures (Amazighes) et une poignée d’arabes syro-égyptiens. Ils sont les clients des conquérants arabes de Kairouan. Au nord se trouvent quatre régions montagnardes qui jouissent d’une certaine autonomie (voir encadré). C’est au cœur des deux régions occidentales (asturo-cantabrie et Galice) que va se développer le culte du tombeau de St Jacques.

 

JACQUES FILS DE ZÉBÉDÉE ET COMPOSTELA :

Isidore de Séville, législateur de l’église d’Espagne wisigothique (puis Mozarabe), contemporain du prophète Muḥammad, est le premier à faire de l’apôtre St Jacques un évangélisateur des Espagnes :

« Jacques, fils de Zébédée […] prêcha l’Évangile en Hispanie, dans les régions occidentales, et diffusa la lumière de sa prédication aux confins de la Terre. » Il considère cependant que les restes des apôtres reposent en Achaia Marmarica, après son exécution par le Tétrarque Hérode, ce qui renvoit ou à la Cyrénaïque, ou à la région byzantine.

Du côté de Compostela, le « petit Compositus (cimetière) », les chercheurs y voient un sanctuaire païen, christianisé au Vème siècle par un martyrion, peut-être celui de l’hérésiarque Priscillien[1].

En 829, l’évêque d’Iria Flavia aurait découvert une pierre tombale gravée du nom de Sanctus Iacobus. Nous n’avons pourtant aucune attestation sûre de cet évènement avant le XIème siècle. Au début du IXème siècle, le roi des Asturies Alfonso II est en pleine campagne contre les Magnats de Galice, alliés des Omeyyades, il laisse dans la mémoire du jeune royaume des Asturies une marque de chasteté (car sans descendance), et de victorieuses razzias (fonsados) contre l’émirat de Cordoue.

A la fin du siècle, le royaume est malmené par les raids vikings, il parvient cependant à lancer une politique de « repoblacion » dans le bassin du Duero, (notamment Tuy, Astorga et Léon), évacués par les Andalous.

ALFONSO III ET LA RECONNAISSANCE DU SÉPULCRE

 

C’est peut être sous le long règne d’Alfonso III, de 866 à 910, que l’« inventio » du sépulcre apostolique fut reconnue par le « Roi de Léon ». On lui attribue un courrier daté de 906, il est destiné à la grande abbaye de St Martin de Tours, vénéré en Galice : « Sachez en toute certitude qu’il s’agit de l’Apôtre Jacques […] et dont nous possédons le sépulcre en un sarcophage de marbre dans la province de Galice, Guidé par la main du Tout-Puissant, comme l’indiquent beaucoup d’Histoires véridiques, son corps fut transporté jusqu’ici et y fut enterré. ».

Il est probable que l’auteur de la lettre avait en tête deux indices laissés par Isidore de Séville : les « confins de la terre » devaient probablement illustrer le cap de Galice : le finis terra, tandis qu’Achaia Marmarica devenait Arca Marmorica : un « sarcophage de marbre ».

La teneur du courrier du « roi galicien » montre que l’identité de Saint Jacques le Majeur est loin d’être assurée pour les chanoines Gaulois, et que le roi de Galice peine à les convaincre… avec des arguments assez vagues :

« Son tombeau n’a cessé de briller par toutes sortes de miracles […] constatés et que […] les clercs nous ont racontés. Car la façon dont il fut […] porté jusqu’ici et enterré […] nous en trouvons témoignage évident dans les lettres véridiques de nos prélats, l’Histoire de nos Pères et la parole de beaucoup de gens […] Mais […] lorsque vos clercs arriveront chez nous […] vous croirez sans hésiter ce que nous considérons comme vrai et juste ! ».

Un demi siècle plus tard, pourtant, la basilique de Compostelle est encore bien mal connue, aucune source latine ni arabe n’y fait allusion…

Ibn Hawqal, géographe pourtant bien informé, ignore presque tout ce qui se situe au nord du Duero, « le fleuve qui prend sa source à Zamora (sic) et qui se jette dans l’Océan ». C’est en effet par cette bourgade et par Léon que passe la « frontière septentrionale » « dans la province de Galice » ; car la « région habitée (cf : l’œcoumène) commence au détroit […] par Almeria en direction des Francs (Catalogne) revient par la province de Galice […] et par Ocsobona (Portugal) à l’Occident ».

Pour la civilisation de l’Islam classique, non seulement la région transduerienne est inhabitable (« à part », selon Yaqūt, « par ses propres indigènes ».

Dans ces confins hispaniques obscurs, Ibn Hawqal confond même les asturiens aux « basques, qui sont les chrétiens de la Galice ».

« Léon est la résidence de leur souverain […] elle est assez éloignée du Dâr al-Islâm. […] Ces derniers sont plus sincères [que les Francs] mais moins dociles ; ils montrent plus d’énergie, de force et de courage, mais ne sont pas dénués de perfidie ! »

Voici une description standard d’un peuple primitif et non-civilisé : virilité et franchise.

ENCADRÉ : AU NORD D’AL-ANDALUS : LE ROYAUME « BARBARE » DES ASTURIES

Au départ, c’est Cordoue qui hérite de la légitimité du royaume Wisigoth de Tolède et contrôle même l’actuel golfe du Lion (Septimanie, Gothie ou Narbonnaise selon les sources). Au nord du pays, le long des Pyrénées et du Golfe de Gascogne, une multitude de petites entités politiques voient le jour. En échange d’une reconnaissance symbolique de suzeraineté, elles jouissent d’une entière indépendance à l’égard des garnisons musulmanes qui stationnent dans la Meseta de l’Espagne centrale.

Ces proto-Etats se répartissent en 5 groupes d’est en ouest :

Les Pyrénées orientales et centrales : Il s’agit de dizaines de petits comtés et évêchés qui deviendront la « Marche d’Espagne » puis la Catalogne  et l’Aragon. Comme la Narbonnaise dont ils dépendent, ils sont fortement romanisés et christianisés, avant d’être soumis aux carolingiens, au VIIIème siècle. Pour les sources arabes, ils sont les « Francs », tout simplement.

-Les vallées vascones : Ces régions inhospitalières sont peuplées de basques insoumis et païens. Ils sont réprouvés aussi bien par les francs que par les musulmans et mozarabes d’Espagne. Parfois, comme à Roncevaux, Omeyyades et Carolingiens s’associent contre ces « infidèles ».Une de ces petites tribus prend le contrôle, à l’aube du IXème siècle, d’une garnison maure promise à un grand avenir : Castilla. (Qastiliya fut tout d’abord le nom d’un petit castrum mauro-romain du sud de la Tunisie, avant d’être le nom d’une caserne berbère du pays Basque…)

Les monts asturo-cantabriques : On y parle un dialecte roman. Ils abritent en 717 la rébellion du Goth Pelayo contre les conquérants maures, un embryon d’Etat promis à un grand avenir. Ils mènent dès lors une active guérilla contre les miliciens berbères du Qaid Munuza et obtiennent leur autonomie, sous la conduite du roi Alfonso Ier. Peu après, ce « royaume des Asturies » adopte le rite mozarabe de l’Espagne Omeyyade.

La Galice : Voici une vieille province romaine autonome, théoriquement elle dépend du royaume des Asturies. En fait, elle possède une identité forte et un dialecte roman original. Son promontoire septentrional est occupé depuis le VIème siècle par des Brittons, qui fuient les invasions anglo-saxonnes de Grande Bretagne. La Galice est surtout la seule région du nord de l’Espagne à abriter deux métropoles épiscopales : Luco (Lugo, aujourd’hui en Espagne) et Bracara (Braga, aujourd’hui au Portugal) (Les deux régions cantabriques et asturiennes n’ont même pas de siège épiscopal secondaire) ; à tel point que, dans les sources arabes, Cantabres et Asturiens sont aussi appelés Galiciens.

Ces quatre « pays » ont en commun une structure sociale de petits propriétaires terriens, une dominante de l’élevage, et un tissu social relativement égalitaire. Cependant, une aristocratie d’infazones, ou magnats, y pratique le servage dans ses exploitations (villas).  Elle fonde aussi des bourgades agricoles et des églises. Le droit d’aînesse pousse des paysans à coloniser les Marches omeyyades de Tolède[2], Saragosse[3] et Badajoz[4].

LE DICTATEUR AL-MANṢŪR À L’ASSAUT DU NORD

Cependant, aux yeux du califat Omeyyade, le « royaume des Galiciens » est un vassal chrétien bien trop irrévérencieux. Les armées omeyyades ne tardent pas à y rétablir l’ordre.

 

Entre  977 et 1002, le dictateur Al-Manṣūr, au nom du dernier calife omeyyade Hišām II, entreprend des raids dans le bassin du Duero, le pays basque et la Catalogne[5]. Après avoir conquis Léon et Astorga,  « Al Manṣūr dirigea contre cette ville l’expédition estivale qui quitta Cordoue le samedi [03/07/997] et qui était sa 48è campagne. », selon les mots de l’historien maghrébin Ibn ‘Iḏārī (1312), 3 siècles plus tard.

Du côté roman, l’expédition du maître de Cordoue ne nous est rapportée que par des sources tardives, comme le fameux « Livre de Calixte », un siècle et demi après l’évènement. L’épisode s’y inscrit à la suite du récit fictif des conquêtes de Charlemagne dans la péninsule :

« Alors que le pays de Galice avait connu une longue période de paix après la mort de Charles le Grand, un certain sarrasin, Almanzor de Cordoba, se leva, aiguillé par le démon, et déclara qu’il voulait s’approprier la terre de Galice, dont Charles avait jadis dépouillé ses ancêtres, et la soumettre à la foi sarrasine. »

On apprend de notre source arabe qu’au cours de la montée vers Braga, « la capitale de la Galice, il fut rejoint par un grand nombre de comtes [chrétiens] qui reconnaissaient son autorité, et qui se présentèrent avec leurs guerriers et en grande pompe, pour se joindre aux musulmans et ensuite engager les hostilités de leur côté. »

« Ils allèrent camper devant l’orgueilleuse ville de Saint-Jacques […] tous les habitants l’avaient abandonnée, et les musulmans s’emparèrent de tout le butin qu’ils y trouvèrent et en abattirent les constructions, les murailles et l’église, si bien qu’il n’en resta plus trace ! »

Selon le pseudo-Calixte : « Il détruisit outrageusement toute la basilique de l’Apôtre, s’emparant des manuscrits, des tables d’argent et des cloches. Les Sarrasins […] allaient jusqu’à satisfaire leurs besoins naturels sur l’autel de l’Apôtre. C’est pourquoi certains d’entre eux, touchés par la vengeance divine, subirent une forte dissentrie ! »

Un détail cependant montrer le respect du général pour un des apôtres du Messie, dans l’Histoire de l’Andalousie : « Cependant des gardes placés par Al-Manṣūr firent respecter le tombeau du Saint et empêchèrent qu’on n’y fit aucun dommage ! »

Le Livre de Calixte donne une explication miraculeuse de cet acte admirable :

« Almanzor […] fut atteint de cécité, sur le conseil d’un de ses prisonniers, un prêtre de la basilique, il implora alors l’aide du Dieu des Chrétiens […] Quinze jours plus tard, lorsqu’il eut tout rendu en double, il recouvra sa santé et quitta le pays du Bienheureux Jacques. Il promit de ne plus jamais revenir en ce pays à des fins de pillage et proclama très fort que le Dieu des Chrétiens était le plus grand et que Saint Jacques était un grand homme ![6] »

La seule chose de sûre c’est que le royaume de Galice a conservé la mémoire d’un raid d’Al-Manṣūr en 997, les détails des auteurs latins et arabes convergent, mais ils ne démontrent qu’une seule chose, à l’aube du XIème siècle, il n’y a à Compostelle que des ruines (et la tombe du saint !) et on s’est évertué par la suite à donner un sens à cet abandon…

Il ne reste, autour de l’an Mil, plus aucune principauté du nord de l’Espagne qui ne paie tribut à Cordoue, et pourtant, c’est le début de l’effondrement du califat Omeyyade d’Occident.

L’EFFONDREMENT DU CALIFAT ET LA DYNASTIE DE NAVARRE

Les entités hispaniques chrétiennes semblaient vouées à disparaître. C’est pourtant à cette date que commence l’Histoire de l’Espagne moderne, et celle du sanctuaire de St Jacques.

Peu à peu, les cités du bassin du Duero sont repeuplées par les Galiciens et Asturiens. Une société de roturiers aisés, chevaliers-paysans (caballeros villanos), et piétons (peones), se développe au nord de l’Espagne. C’est un univers égalitaire de fermier armés, prêts à en découdre avec les Maures Andalous.

Durant les années 1030, le califat omeyyade s’effondre et les gouverneurs des Taifas(de l’arabe Ṭā’ifa) prennent leur indépendance.

Le seigneur basque Sanche III de Navarre commence à réunir à lui toutes les Espagnes chrétiennes. Par les armes, les alliances matrimoniales et l’hommage, il parvient à se faire acclamer Roi de Léon et « Empereur des Hispaniens ».

Cette dynastie, à l’instar des normands en Angleterre après 1066, vise à éliminer dans ses royaumes toute aristocratie indépendante (magnats, infanzones) et à devenir la suzeraine directe d’un domaine considérable[7]. Cepenant, ce royaume domanial n’est pas accepté par l’aristocratie galicienne. Profitant de l’affaiblissement des Taifas, les rois Navarre perçoivent le tribut (paria) des royaumes musulmans comme Tolède, Valence, Saragosse, Santarem, et Badajoz.

Fernando Sanchez[8], roi de Castille à son accession, réunit presque tous les domaines de son père (sauf la Navarre et l’Aragon). Parias et revenus seigneuriaux lui permettent de subventionner à la fois la société des « vecinos » libres, d’attirer le commerce maure et mozarabe dans des « villas francas » et d’acheter ou d’écraser l’antique Nobilitasmontagnarde. Mais par-dessus tout, le plus important reste de s’assurer, par d’importantes donations, le soutien des églises, et de la première d’entre elles : l’Eglise Romaine de la Réforme.

LE PÈLERINAGE AU DÉBUT DU XIÈME SIÈCLE

Durant le demi-siècle de formation du royaume de Castille-Léon (1015-1065), le pèlerinage redouble d’importance dans l’Occident latin. Le Sépulcre de l’Apôtre Jacques devient alors une ressource primordiale.

En effet, l’approche franque du pèlerinage a changé de nature, et ce pour deux raisons :

-A la fin du Xème siècle, le sacrement de confession et de pénitence fait son apparition au sein d’une Eglise qui tente de diriger le comportement des laïcs. Le pèlerinage, qui n’était jusque-là qu’une démarche érémitique de mortification du corps et de vivification de l’âme devient un des moyens les plus aisés d’obtenir la rémission de ses pêchés. Des foules de laïcs tentent alors de visiter Rome et Jerusalem.

-Cependant, au XIème siècle, la route de Jérusalem est conquise par les turbulents envahisseurs Turkmènes tandis que l’Italie est agitée par de violents conflits entre troupes impériales et milices pontificales.

La voie de Compostelle parait ainsi le plus sûr moyen de réaliser une pénitence efficace, sous la protection d’un pouvoir Léonais centralisé…

 

Le sanctuaire de Santiago de Compostela, évangélisateur des Espagnes, permet ainsi aux « rois galiciens » de rivaliser à l’échelle franque au pèlerinage espagnol traditionnel de l’« l’Eglise des Corbeaux » du cap d’Algarve[9]. A-Idrīsī, géographe sicilien du XIIème siècle nous livre une description du plus grand sanctuaire chrétien de l’Espagne musulmane. Il s’agit de l’église qui abrite encore aujourd’hui les reliques de Sao Vicente, martyr de Saragosse :

« Cette église […] possède des terres, les âmes pieuses ayant la coutume de lui en donner, et des présents apportés par les chrétiens qui s’y rendent en pèlerinage. » Il ajoute que « l’’église […] possède de grands trésors et des revenus fort considérables qui proviennent pour la plupart de terres qui lui ont été léguées dans différentes parties du Gharb. Ils servent aux besoins de l’église […] et des étrangers (pérégrins = pélerins) qui viennent la visiter […] en grand nombre. »

 2 : Du pèlerinage à la Croisade : St Jacques Matamore et le Jihād Almoravide (XIè-XIIIè s.)

Entre 1085 et 1130, les Almoravides du Maghreb affrontent les croisés Francs en Espagne. Les Amazighes rêvent à un retour du Jihād tandis que les Romans se pressent à la « guerre sainte ». Pèlerinages et pillages enrichissent l’église de Compostelle qui devient le symbole de la lutte chrétienne autour de l’ordre de Santiago Matamoros : le Tueur de Maures.

 LA RÉFORME DE L’ÉGLISE ET L’ESSOR DE COMPOSTELLE, SOUS LES NAVARRE.

 Au XIème siècle, la papauté, portée par le réseau monastique de Cluny et par des pontifes ambitieux comme Grégoire VII parvient à accroître son autorité face aux pouvoirs temporels.

L’Eglise, tout en prenant son autonomie (notamment dans la désignation des évêques et le partage des dîmes), se fédère et s’unifie. La nouvelle institution appelle les princes et seigneurs féodaux à signer des « paix » et des « Trêves de Dieu », à protéger le clergé, ses biens et ses fermiers sous peine d’excommunication. Elle tente en cela de calmer l’anarchie féodale et de contraindre les bandes de chevaliers qui sévissent à travers l’Europe, et malmènent les populations.

 De son côté, la chevalerie comment à changer de nature, elle se ferme aux nouveaux arrivants, s’agrège à la noblesse et sacralise ses rites de passage.

Lors du partage de l’héritage du Roi Fernando Sanchez en 1065, la Galice échoue à Garcia Fernandez et le Léon à son frère Alfonso VI. Suite à une rapide guerre civile  (1067-1073), ce dernier reste seul maître à bord. A Compostelle, un nouvel évêque issu de l’aristocratie locale, Diego Pelaez est nommé à l’évêché d’Iria Flavia. Achevant le projet politique de Garcia, il lance un vaste programme architectural et commande la première basilique romane du petit royaume.

Les papes réformateurs, prompts à dépouiller les seigneurs laïcs des biens d’églises, accordent à Diego Pelaez une immédiateté pontificale : les évêques d’Iria Flavia ne relèveront plus que de l’église romaine.

Alfonso VI se plie à cette exigence, car son ambition s’accorde avec celle de Rome : il espère se faire reconnaître une mission royale et divine au service de l’Eglise romaine et, avec elle, il tente de soumettre l’aristocratie militaire à la « Paix ».

Peu après la rupture de Rome avec les chrétiens d’orient (1054), Alfonso VI adopte officiellement le rite romain, au détriment du rite goth et mozarabe, en vigueur dans les Taifas. Parallèlement, le pèlerinage de pénitence connait son plus grand essor, vers Rome, Jerusalem et, de plus en plus, vers Compostelle.

Si bien que rapidement St Jacques est érigé en saint patron des marins, des pèlerins et des captifs.

A la même époque, les Normands s’emparent de la Sicile islamique, signe que, désormais, l’essor du monde Franc se fera au détriment de l’Occident Musulman.

1085 : LA PRISE DE TOLÈDE ET LA RÉFORME ALMORAVIDE

 

En 1085, Alfonso VI, sûr de sa toute puissance, annexe le royaume de Tolède. Il s’empare de ce fait de l’antique capitale des Espagnes, et de sa primature ecclésiastique.

 

Le roi de Léon hérite donc par la force de la légitimité historique sur la péninsule. Il institue un régime directement inspiré du système islamique. Il permet aux musulmans, aux juifs et aux mozarabes d’y prospérer, en échange d’une capitation de reconnaissance. Pourtant, il els soumet tous à la primauté de l’église romane, nommant à la tête de son église un franc de Bourgogne, fidèle clunisois, Bernard de Tolède.

Terrrorisé par cette subite offensive, les cités-Etats andalouses appellent à eux la nouvelle puissance islamique au Maghreb : l’émirat des Almoravides.

L’Occident Musulman étaient à l’époque en quête d’un renouveau civilisationnel face à une anarchie tribale qui fait symétrie à l’anarchie féodale et chevaleresque de l’Occident latin…

Le mouvement Almoravide, inspiré par le saint homme ‘Abd Allah b. Yā’sīn, va imposer la paix de Dieu à tout le Maghreb berbérophone, menacé par l’invasion arabe hilalienne. Ils proclament un retour au vieux concept de la guerre sacrée, le Jihād, dans le cadre du Ribāṭ, le couvent-forteresse de frontière.

Ces  « gens du Ribāṭ », Al-Murābiṭūn, composés de tribus sahariennes Sanhājā-Lamtūnā sont alors sous les ordres de l’émir Yūsuf b. Tashfīn.

Ils viennent de fonder à Marrakech et sont avides d’en découdre face à l’expansion franque en Méditerranée[10].

Yūsuf b. Tašfīn répond favorablement aux suppliques des Andalous et débarque en Espagne, en 1086, alors Alfonso VI réprime une révolte en Galice. La contre-offensive est fulgurante, pendant 30 ans, les Maghrébins et surtout les sahariens Lemtounas vont reprendre tous les territoires perdus depuis l’avènement d’Alfonso VI. Le rêve de nouveau Jihad reprend.

Face au déferlement maghrébin, les royaumes chrétiens d’Espagne appellent à eux la chevalerie franque. Alfonso VI en profite pour se débarrasser de l’évêché autonome de Compostelle, et confie son église au mouvement clunisois qui favorise, à l’instar des almoravides, la venue de combattants pour la guerre sainte.

L’ABBAYE DE CLUNY ET LA CROISADE

Le pape Urbain II convoque finalement une expédition militaire franque pour repousser les Almoravides. Deux aristocrates francs, cadets du Duché capétien de Bourgogne, Raymond et Henri, se pressent au secours du Christ…

Ils ne sont pas les seuls. Dans cette atmosphère apocalyptique, où se forge le concept de croisade, les chevaliers francs se pressent en Espagne. Parmi eux le fameux as-Sayyid : el-Cid. C’est l’aventurier le plus connu, il tiendra la cité de Valence et son royaume à la demande de ses citoyens musulmans et au nom du Roi de Tolède (dont dépendait la région à l’époque romaine).

Henri de Bourgogne est nommé comte de Portugal, la partie sud de la Galice, à charge pour lui de contenir les andalous des royaumes de Santarem, Badajoz et Merida. Il épouse Teresa, une fille bâtarde du roi Alfonso VI. Son oncle Raymond, fait prince de Galice, épouse Urraca, héritière légitime du royaume de Léon, elle lui donne un fils : le futur Alfonso VII.

L’influence, en Espagne, de Cluny et de la Bourgogne et est désormais sans borne. Un autre membre de la famille princière, Hugues Ier, s’y est notamment retiré en 1079…

Urbain II contribue encore à renforcer le prestige de Santiago de Compostela, en faisant de la basilique une cathédrale, en 1095, année de son appel au premier pèlerinage armé : la « première Croisade ». Mais il n’oublie pas, non plus que son successeur Pascal II, d’appeler aussi à visiter le sépulcre de l’Apôtre Espagnol, et de soutenir l’effort de guerre contre l’assaut des Maghrébins. Mêlé à la sacralisation de la chevalerie, le pèlerinage se mue en guerre sainte, sous le patronage de l’Apôtre de Galice.

L’argent afflue et le pèlerinage devient le premier moyen de financement de la guerre. Ainsi les dons des voyageurs sont distribués au roi et à ses hommes pour mener la guerre sainte, par le truchement de ventes déguisées de terres.

Le roi fait aussi d’importantes donations à la cathédrale de Saint Jacques, y constituant une principauté presqu’autonome, en échange de quoi l’Eglise soutient l’arrivée massive de guerriers francs.

Autour des années 1110, tous les acteurs de cette aventure disparaissent : les deux bourguignons Raymond de Galice et Henri de Portugal ; mais aussi les deux rois rivaux, Yūsuf b. Tašfīn et Alfonso VI, puis le nouvel héritier de la couronne, le petit Sancho, fils de l’andalouse Zayda.

Urraca de Galice est sommée de se remarier avec le seul prince espagnol encore en vie, Alfonso Ier d’Aragon, mais les manœuvres du clan bourguignon et de Cluny lui permettront de le répudier.

Finalement, en 1118, Tašfīn b. ‘Ali, petit fils de Yūsuf b. Tašfīn, échoue à repousser « francs » et « galiciens » au-delà du Duero, et à reprendre Tolède. Il doit évacuer la rive droite du Tage, et, même si le statut islamique de Valence est assuré, Saragosse, antique capitale de la province romaine de Tarraconaise, est annexée par le roi Alfonso Ier d’Aragon, cousin d’Alfonso VI.

Bientôt un pape, Calixte II, issu de la famille rivale des comtes de Bourgogne et lui-même frère de l’ordre de Cluny, va révolutionner le statut de St Jacques de Compostelle.

GELMIREZ ET CALIXTE II AUX ORIGINES DU DOMAINE DE SANTIAGO

Les Etats chrétiens d’Espagne s’enfoncent dans la guerre civile, ce qui accorde aux Almoravides, déconfis en Aragon, un précieux répit. C’est durant cette période anarchique que Santiago de Compostela devient une métropole ecclésiastique.

 

L’évêque de Compostelle devient, sous le pape bourguignon Calixte II (1119-1124), un Archevêque. Il commande donc à une province, à de nombreux évêques. Le puissant détenteur de la chaire est Diego Gelmirez, un fils de caballero local. Associé à un magnat galicien, Pedro Froilaz de Traba, il cherche à restaurer l’indépendance de la Galice et à protéger le jeune roi Alfonso VII Raimundez contre son rival et cousin Alfonso de Portugal. Gelmirez et Traba doivent aussi protéger l’infant de sa propre mère, Urraca, qui entend régner seule et s’allie avec son ex-mari, le nouveau roi de Saragosse.

Conséquemment, pendant le premier tiers du XIIème siècle, la Galice est, de fait, une principauté indépendante, aux mains du domaine de Saint Jacques et de son chapitre cathédral. Le soutien du pape bourguignon Calixte II, dans le contexte de la poursuite de la réforme de l’église, est décisif.

Alors que les Espagnes chrétiennes sont agitées par une violente guerre civile, l’armée de la guerre sainte de « ceux qui portent la croix » est désormais sous le contrôle direct de l’église réformée :

« Nous croyons », affirme Calixte II en 1123, « que nul n’ignore de quelles calamités, de combien de morts de fils de Dieu l’Eglise des Espagnes est affligée continument par l’oppression des païens. […] A tous ceux qui militent avec constance dans cette expédition, nous accordons […] la même rémission des pêchés qu’aux défenseurs de l’église orientale. […] Nous avons pris soin de déléguer à notre très cher frère Oldégaire, archevêque de Tarragona, le soin d’être auprès de [l’armée]. »

C’est cette même année que le pape réformateur clunisien réunit le premier concile œcuménique d’Occident, au Latran, pour définir les règles de l’Eglise romaine unifiée et promouvoir la croisade. Il va notamment reconnaître les ordres militaires des Templiers et des Hospitaliers

Gelmirez également, au nom de l’église et de l’enfant roi Alfonso VII, réunit un synode à Santiago, « il […] loua et recommanda l’expédition contre les Maures pour réduire et confondre leur paganisme, exalter et édifier le christianisme, et tous ceux qui participeraient à cette expédition, après avoir fait pénitence, il accorda par l’autorité de Dieu […] et de tous les saints, l’absolution plénière […] afin qu’ils participent plus volontiers et plus dévotement à l’expédition [….] pour […] la rémission de leurs pêchers.

« Il ne faut pas oublier », nous raconte la chronique de Compostelle, « que l’état de l’archevêché de la ville, qui était auparavant à Mérida (sic), une ville en territoire sarrazin, a été transféré à la ville et la basilique de Saint-Jacques par le pape Calixtinus, d’heureuse mémoire, étant donné l’amour et l’honneur de l’Apôtre. Pour ce faire, il a ordonné et confirmé Diego […] comme l’archevêque d’abord si le siège apostolique de Compostelle. Diego lui-même avait été l’évêque de Saint-Jacques. »

Il s’agit donc de concurrencer la hiérarchie mozarabe par une hiérarchie romane, papale, et clunisienne.

« Après [l’expédition d’Almanzor], il n’y eut plus personne pendant longtemps qui osât porter la guerre dans le pays du Bienheureux Jacques. Que ceux qui inquiéteraient encore son pays sachent qu’ils seront damnés pour l’éternité. Que ceux qui le protègent contre la puissance des païens recevront la récompense éternelle. »

Voici comment le pape Calixte annonce le lien entre protection des pèlerins, guerre sainte et défense du sépulcre, à l’image de l’ordre de St Jean ou de celui du Temple, dont les prémices, déjà, se font sentir à son époque.

Les partisans de Calixte et de Gelmirez rassemblent tous les miracles rapportés par des pélerins et des guerriers sur la protection qu’apporte l’apôtre à ces derniers, ce faisant, il institutionnalise le patronage de Santiago.

Santiago est devenu une destination universelle du pèlerinage catholique romain. Chaque année, des milliers de voyageurs affluent à la Porta dos Francos. Ils déversent sur la cathédrale des sommes énormes.

Gelmirez (m. 1149) et son jeune protégé Alfonso VII lancent alors le chantier d’une nouvelle basilique romane (l’actuelle).

LA « RECONQUISTA » ET L’EMPIRE D’ALFONSO VII

 

Alfonso VII « l’Empereur », galicien de cœur et de raison va renforcer la centralité et l’autonomie de Santiago comme destination de pèlerinage et comme figure patronale pour les voyageurs et les croisés.

Al-Idrīsī, géographe sicilien contemporain d’Alfonso VII est le premier auteur arabo-musulman à avoir une claire connaissance de la ville sainte de Compostelle :

« Les chrétiens y viennent de toutes parts […] elle peut même être comparée au St Sépulcre (Qumāma), sous le rapport de la beauté et de la grandeur des constructions, comme aussi sous celui des richesses qu’elle renferme, produit de libéralités et d’aumônes. On y remarque quantité de croix d’or et d’argent enrichies de […] au nombre de plus de 300 […]. On y compte environ 200 colonnes recouvertes d’ornements en or et en argent. Cette église est desservie par 100 prêtres, sans compter les serviteurs et les subalternes. […] Il existe, tant auprès que loin de l’église, des bourgs qui par leur étendue peuvent être comparés à des villes, où l’on fait beaucoup de commerce et dont la population est immense. »

Cette richesse et cette multitude de desservants, de résidents et de pèlerins semble avoir profité du règne de paix d’Alphonse VII l’Empereur qui, en parallèle, a mis au pas les armées de croisées, et reçu le secours des ordres Syriens, Hospitaliers et Templiers.

Au début du XIVème siècle, l’historien Ibn ‘Idārī décrit la vénération des chrétiens pour Compostelle en ces termes : « C’est le plus important sanctuaire chrétien tant de l’Espagne que des régions adjacentes de la Grande Terre (l’Europe). L’église de cette ville est pour eux ce qu’est la Ka’ba pour nous ; ils l’invoquent dans leurs serments et s’y rendent en pèlerinage des pays les plus éloignés, de Rome et de par-delà. »

Avec l’arrivée au pouvoir d’Alfonso VII l’Empereur, fils de Raymond de Bourgogne et d’Urraca, on voit apparaître, dans le transept nord de la basilique de Compostelle, une figure de Saint Jacques à cheval, épée au dehors, chargeant les maures : Santiago Matamoros.

Le roi léonais règne à Tolède, capitale historique des Espagnes, il reçoit l’hommage lige du comte de Barcelone, devenu roi d’Aragon et de Saragosse mais aussi du Duc de Gascogne. Il compte aussi parmi ses affidés le puissant maître de Toulouse qui n’est autre que le comte de Tripoli du Liban et le protecteur temporel de l’ordre des Hospitaliers. A son appel, les ordres militaires du Levant viennent renforcer l’armature militaire de la croisade espagnole.

Alfonso VII peut organiser la défense de son « empire », tenir en respect le turbulent Portugal et faire valoir sa « reconquista » comme LE pèlerinage armé.

En plus des ressources abondantes tirées du pèlerinage, et de l’aide de ses vassaux, l’Espagne chrétienne profite des généreuses contributions (Parias) des Taifas andalous (Seville, Jaen, Cordoue, Almeria, Grenade, Murcia, Algarve…).

Ces richesses considérables permettent à « l’empereur » de lancer un chantier de rénovation et d’élargissement de la cathédrale de Saint Jacques.  Parallèlement, il dote l’archevêché, et son ordre, d’abondantes seigneuries foncières, en récompense des services rendus.

Alfonso VII, derrière son saint patron galicien, est confronté en 1150 au nouveau Jihād des armées almohades de ‘Abd al-Mū’min.

 

L’ORDRE DE SANTIAGO MATAMOROS

Parallèlement, à Léon, l’Hospice consacré à l’hébergement des pèlerins francs se dote d’une milice de chevaliers francs. Cette organisation militaire, chargée initialement de protéger les pèlerins se place naturellement sous l’autorité de Saint Jacques, patron des voyageurs et des croisés.

Mais c’est sous son fils, Fernando II, roi de Léon et Galice qu’est finalement décidée la création d’un ordre espagnol similaire à ceux de Terre Sainte : l’ordre de Santiago.

Cette structure, mêlant discipline du couvent et idéologie chevaleresque est une copie exacte du concept  almoravide et almohade de Ribāṭ. Cependant, c’est le Roi de Léon qui en nomme le Grand Maître, sur avis du Pape.

L’ordre de Santiago Matamoros (tueur de maures) est alors installé, de concert avec les Hospitaliers et les Templiers, sur des centaines de milliers d’hectares de bonnes terres de culture et de pâtures, aux limites de l’Andalousie des Taifas. A charge aux ordres croisés de conquérir ces territoires[11]. Et, de fait ils profitent de l’anarchie qui sévit du côté musulman avec l’effondrement Almoravide, avant de subir les offensives almohades de ‘Abd al-Mū’min et de Ya‘qūb al-Manṣūr.

Le successeur de Fernando II, Alfonso IX, récupèrera la légitimité historique des Espagnes en acquérant Tolède par mariage et en écrasant les Almohades en 1212.

Combattant derrière l’étendard de Santiago, destiné à devenir le seul lieu de pèlerinage de l’Eglise Romaine après la perte de Jerusalem, il accueillera aussi juifs et musulmans persécutés par les almohades, et dirigera 70% d’une péninsule ibérique profondément liée à la papauté.

Cette Espagne romane unifiée sera cependant marquée, dans son architecture et ses coutumes, par la civilisation de l’Espagne islamique et mozarabe.

Son fils Ferdinand III parachèvera à partir de 1230 ce grand empire. Il récolterra le fruit mûr de l’effondrement almohade des années 1230, s’emparant sans presque combattre de tout le bassin du Guadalquivir (Wādī-l-Kabīr)[12].

Alors que dans le reste de l’Europe catholique romaine, on expulsera les juifs, qu’on massacrera hérétiques et lépreux, ceux qui désormais porteront le nom de Castillans protégeront les musulmans Mudéjar et les juifs ladinos et mêleront irrémédiablement leur destin à la culture islamique.

Et pourtant, c’est Saint Jacques Matamoros qui leur aura offert la péninsule…



[1] Il fut exécuté par l’empereur Maxime en 384 et comptait un larges soutiens en Galice et dans la région de Tours, deux zones où le culte de St Martin était aussi très implanté.

[2] C’est la province romaine de Carthagène

[3] Ancienne Caesar-Augusta, Saraqusta en arabe, c’est la province romaine de Tarraconaise

[4] C’est la province romaine de Lusitanie, dont la capitale préislamique était Mérida (Augusta Emerita).

[5] Cette soudaine expansion de l’Espagne Musulmane est contemporaine de l’expansion fulgurante, en Orient, de l’empire byzantin de la dynastie macédonienne (en Syrie du Nord et dans les Balkans), sous la férule de Basile II.

[6] Voici la teneur de sa prière selon le Livre de Calixte : ‘Ô Dieu des chrétiens, Dieu de Jacques, Dieu de Marie, Dieu de Pierre, Dieu de Martin […] si tu me rends ma santé, je renoncerais à Mahomet mon Dieu, et je ne viendrai plus piller le pays du grand Saint Jacques. Ô Jacques, grand homme, si tu rends la santé à mes entrailles et à mes yeux, je te restituerais tout ce que j’ai pris dans Ta maison !’

[7] A cette époque le roi capétien des Francs ne contrôle que quelques fermes autour de Paris

[8] « fils de Sanche »

[9] Al-Gharb (al-Andalus), la région marocaine atlantique est appelée ‘Algarve do Sul’ en Portugais…

[10] Rappelons qu’en orient, dans le concert de catastrophes de ce XIème siècle, les Turkmens seljoukides ont non seulement écrasé l’empire byzantin en 1071, mais également soumis le Calife Abbasside en 1055 et conquis la Syrie-Palestine

[11] Merida dans l’Estremadur léonais, Tomar et Idanha entre le Portugal _indépendant de facto_ et Badajoz et dans la région du Haut-Tage, à Uclès en amont de Tolède.

[12] Sauf Grenade et la Sierra Nevada qui devient leur vassal pour 250 ans, la région des détroits qui tombe aux mains des mérinides de Fès, et l’Algarve (al-Gharb), conquise par Portugais trois décennies plus tard